Les États-Unis préparent le "changement de régime" en Irak

Il est clair que la bourgeoisie américaine est déterminée à porter la guerre et la mort partout sur la planète. À mesure que les forces armées américaines plantent leurs aigles sur des territoires nouvellement conquis pour la pénétration du capital US, les autres puissances impérialistes ont de la difficulté à résister alors même qu'elles voient le capitalisme américain leur voler la mise. Cette position de force gagnée par les USA dans le sillage des attaques du 11 septembre est la réponse de l'impérialisme US à un monde qui lui échappe de plus en plus. Si le capital US avait encore le tonus économique qu'il avait pendant le repartage du monde qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, il ne serait pas alarmé par une 'fourmi' terroriste comme Al-Qaeda au point de cibler une bonne soixantaine de pays. Dans le Golfe Persique, l'obstacle principal aux ambitions américaines est maintenant l'Irak. Il fut un temps où les intérêts de l'impérialisme américain commandaient de soutenir et d'armer le régime de Bagdad. Aujourd'hui, la bourgeoisie américaine ressent le besoin d'éliminer le régime du parti Baas et le remplacer par un protectorat sous son contrôle militaire. Si les USA n'éliminent pas le gouvernement du parti Baas en Irak, le capital US n'aura jamais suffisamment de liberté de mouvement dans la région du Golfe Persique.

Lorsque la bourgeoisie américaine décidera du prétexte final pour déclencher la guerre elle se servira probablement des inspecteurs d'armes de l'ONU. Présentement, le régime Baas doit permettre une totale liberté de mouvement sur tout le territoire aux équipes d'inspections d'armes. Dans le cas peu probable où l'Irak permette le retour des inspecteurs dans le pays, les équipes d'inspection américaines feront tout pour provoquer le gouvernement irakien de façon à ce qu'on puisse l'accuser d'obstruction et paver la voie à la guerre. Si l'Irak refuse l'entrée aux inspecteurs, le prétexte est aussi trouvé. Une tactique semblable, l'imposition d'une série d'alternatives que l'ennemi ne peut accepter ni refuser sert bien la bourgeoisie comme l'a démontré l'accord de Rambouillet qui servit de prétexte à écraser ce qui reste de l'ex-Yougoslavie.

Non seulement le renversement de l'Irak est déjà décidé mais les USA sont aussi en voie de décider qui dirigera le gouvernement qu'ils mettront en place. Ce gouvernement en attente comprendra le 'groupe des quatre', réunissant le Parti démocratique du Kurdistan, l'Union patriotique du Kurdistan, le principal groupe d'opposition chiite, de même que le soi-disant Accord national irakien et l'organisation des anciens officiers militaires du régime Baas lui-même (les préférés de la CIA). Le soutien américain à ce 'groupe des quatre' représente un renversement de politique des USA qui les éloignent du Congrès national irakien qu'ils avaient eux-mêmes crée et financé mais qui s'avère un véhicule insuffisant pour la tâche en cours. Cette fin de l'appui à une vague coalition de partis politiques d'opposition au profit de quatre groupes de brutes armées marque une rupture avec la politique d'endiguement antérieure en faveur d'une politique militaire plus agressive. Ironiquement, les groupes favorisés par les USA pour diriger l'Irak après cette prochaine étape de la 'guerre contre le terrorisme' sont tous des contrebandiers, des gangsters et des terroristes.

L'effort américain en vue d'isoler l'Irak a échoué. Les failles dans le régime de sanctions se sont approfondies au fil des ans alors que les alliés des USA tout autant que leurs rivaux ont tout fait pour les contourner. Le nouveau régime de sanctions tente de placer tous les revenus pétroliers du pays sous contrôle de l'ONU tout en permettant l'entrée de plus de produits de consommation. Les nouveaux règlements devraient permettre à une puissance comme la Russie d'accéder à environ 750 millions en contrats maintenant débloqués. L'Irak doit environ 8 milliards à la Russie. On estime la valeur des liens économiques entre l'Irak et la Russie à 40 milliards. Les pétrolières russes LUKoil et Zarubezhneft et la compagnie française TotalFinaElf ont toutes des intérêts majeurs en Irak. L'Irak travaille présentement à rouvrir son oléoduc en direction du port de Ceyhan en Turquie tout en construisant un nouvel oléoduc vers la Jordanie et un autre à travers la Syrie et la Jordanie. D'autres pays tels la Chine, l'Inde, l'Indonésie et le Vietnam ont tous des intérêts en Irak. On s'accorde pour dire que ce pays possède la deuxième plus grande réserve de pétrole prouvée au monde quoiqu'il y en ait potentiellement encore le double car les deux dernières décennies de guerre et de privations ont effectivement stoppé toute exploration.

La position stratégique de l'Irak dans le Golfe Persique et la proximité des débouchés de gaz et de pétrole d'Asie Centrale en font une région cruciale pour l'impérialisme US. La révision de l'ancien régime de sanctions n'a fait que donner plus de force aux appels à l'intérieur du gouvernement US à abattre le régime irakien. Mais même à l'intérieur de la bourgeoisie américaine il y a des divergences sur le calendrier d'opérations du 'changement de régime'. En mai, l'état-major conseillait vivement l'administration de ne pas attaquer. Selon le Washington Post, le général Tommy Franks croyait qu'une invasion nécessiterait au moins 200 000 troupes et que les pertes seraient probablement lourdes. L'administration a alors réajusté son plan pour une guerre commençant en 2003 plutôt qu'en août dernier.

Un autre obstacle à la tentative US de renverser le régime Baas est la réticence de ses 'alliés' comme la France et l'Allemagne. Les récentes tournées diplomatiques de Bush II à travers les centres européens avaient pour but de contourner ces réticences. Même le gouvernement britannique a exprimé une certaine mollesse à soutenir les USA dans encore un autre conflit. Pendant ce temps, la bourgeoisie russe, bien que prostrée devant la puissance US, s'oppose toujours à toute frappe militaire contre l'Irak. À date les man

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