Le United States Workers' Voice réitère ses calumnies

Un groupe de militants autrefois associé au Bureau International pour le Parti Révolutionnaire (BIPR) a décidé de reprendre sa propre voie. Il n'y a absolument rien de mal à cela. Cependant, ils republient dans les pages de leur publication certaines de leurs déclarations hostiles antérieures concernant le BIPR. Des éléments de clarification nous semblent utiles pour ceux et celles qui ont pu lire ces polémiques. La dernière attaque contre le BIPR est la reprise d'un article paru dans Internationalist Notes (vol.3, no.3, quatrième trimestre 2001). Ils ont repris un article vieux de deux ans, l'ont orné d'une nouvelle introduction et l'ont republié comme s'il s'agissait d'une nouveauté.

Ils prétendent que le BIPR et le Courant Communiste International (CCI) cherchent tous les deux à 'diriger la société par le biais de leurs fiefs politiques'. Nous avons écrit à de nombreuses reprises dans notre presse et notre correspondance que le BIPR est pour le parti révolutionnaire mais qu'il ne prétend pas l'être et que de toute façon ce n'est pas la tâche du parti révolutionnaire de "diriger la société". Une lecture en diagonale des pages de l'Internationalist Communist (IC) (la revue centrale du BIPR) devrait vous convaincre que le maintien de fiefs politiques n'est pas la mission du BIPR.

La prétention de cet article est que nous dénigrons le travail d'agitation et de propagande alors que nous ne faisions que critiquer l'expression 'agit-prop', un reliquat de leur passé à l'intérieur d'un groupe stalinien pro-albanais. L'agit-prop est une expression qui était fort prisée lors des pires périodes de contre-révolution stalinienne. On ne peut être surpris que des communistes de gauche puissent s'y objecter.

Ces camarades croient avoir bien saisi l'état d'esprit de la classe ouvrière. Ils croient qu'ils sont en train de combler le fossé entre la conscience des révolutionnaires et celle de la classe ouvrière. Ils écrivent: "Ce genre 'd'homogénéisation' ne construit pas le parti d'acier de et dans la classe ouvrière mais plutôt un cercle de dogmatiques qui se targuent de leur 'séparation de la classe ouvrière', une séparation qui, de par leur manque de lien avec les prolétaires, ils transforment en vertu, rejetant la responsabilité de tous les problèmes sur les 'conditions objectives'. Cet isolement des travailleurs, pour l'essentiel de leur fait, crée une formation pré-parti contaminée par la maladie de l'élitisme et de la hiérarchie et un système de classement par préférence où certains camarades sont ridiculisés tandis que d'autres sont au-dessus de tout."

En voilà une trouvaille! Ils ont imaginé qu'eux seuls devaient faire face à la critique; qu'un BIPR "léniniste et bordiguiste" les critiquait sans fondement. Au contraire, tous les camarades peuvent être critiqués. La tâche du BIPR est de regrouper les révolutionnaires à l'échelle internationale; pas la "construction du parti". Tant que les prolétaires ne se sont pas réappropriés leur identité de classe et qu'ils ne luttent pas contre leurs exploiteurs sur leur propre terrain, il ne peut être question de la construction du parti révolutionnaire. Parler d'un parti d'acier est prématuré. C'est la tâche du prolétariat révolutionnaire organisé en tant que classe de construire un tel parti. Une poignée de révolutionnaires ne peut pas créer un tel parti par sa seule activité. Si des militants ne peuvent fonctionner dans une organisation en accomplissant les tâches organisationnelles les plus élémentaires, même en tant que sympathisants, ils ne peuvent espérer construire une organisation, encore moins une organisation révolutionnaire.

La conscience des révolutionnaires et la conscience de la grande majorité de la classe ouvrière sont séparées par un large fossé. Cette séparation n'est pas de notre fait. Elle est le résultat de décennies de contre-révolution. Elle est le résultat de l'idéologie capitaliste se déguisant en émancipation. Elle est le résultat du stalinisme, de la social-démocratie, du trotskisme et même du hoxhaïsme. La provenance d'un groupe stalinien pro-albanais n'est pas un insigne d'honneur donnant des passe-droits.

Une des caractéristiques du marais gauchiste est la conviction que les conditions objectives peuvent être surmontées par la volonté collective d'une petite organisation plutôt que par le mouvement des prolétaires vers la conscience révolutionnaire. Le Programme de Transition de Trotski de 1938 en est un bon exemple. Il cristallisa des années d'erreurs issues de la faillite de la perspective révolutionnaire, une faillite qui amena un ancien révolutionnaire à ignorer la réalité matérielle de la situation contre-révolutionnaire. Les conditions objectives sont que les prolétaires doivent atteindre leur conscience par leur propre activité et par leur réflexion sur cette activité. Les révolutionnaires ne peuvent le faire à leur place. Ils ne peuvent, dans la mesure de leur capacité matérielle, que mettre de l'avant la perspective révolutionnaire aussi clairement que possible, dans l'espoir que si leur analyse est suffisamment nette et claire elle puisse trouver une résonance dans les couches les plus conscientes de la classe.

Une des déformations les plus frappantes faites par le USWV est à propos de l'article de l'IC #20, 'The Way Forward for IBRP Sympathizers in the US', lorsqu'ils prétendent que le but de l'article était de "démolir les mouvements des années 60 et 70 et leurs expériences utiles parce que ces mouvements n'étaient pas assez révolutionnaires."

Il n'y a rien de plus simple que de démolir les mouvements des années 60 et 70, mais ce n'était pas le but et l'intention de l'article. Nos missionnaires de la lutte de masse oublient que l'idée centrale de l'article était que les mouvements réformistes de cette période ont échoué parce que les forces au travail dans la société capitaliste étaient en voie de les rendre obsolètes. Avec la fin de l'expansion ayant suivie la Deuxième Guerre mondiale, vint une période où la bourgeoisie ne pouvait plus se permettre de jouer la maîtresse bienveillante et fut forcée d'exploiter la classe ouvrière avec plus de rigueur. Avec l'effondrement des Accords Bretton-Woods et la fin de l'étalon-or, le capitalisme effectua un tournant. Fini le patron bienveillant prêt à des concessions pour amadouer et diviser les ouvriers. Aux États-Unis, le début de cette période fut marqué par le déclin du salaire réel. Les mouvements et les groupes qui poussaient à la réforme furent écartés pour ouvrir la voie aux nouveaux impératifs du capital. Dans leurs écrits, le USWV ignore commodément les politiques bourgeoises et la composition de classe petite-bourgeoise de ces mouvements. Plutôt que de les évaluer à la lumière de la réalité matérielle historique, le USWV s'y accroche comme si leurs perspectives étaient simplement malavisées et non pas bourgeoises, nationalistes et réactionnaires.

Voici une autre perle de sagesse du USWV: "Une plate-forme révolutionnaire et le programme du parti révolutionnaire n'est pas un texte biblique, un document talmudique, un Saint Graal à être présenté par des grand-prêtres à un troupeau de moutons appelé le prolétariat." C'est parfaitement vrai. Cependant, il aurait été préférable que ces camarades appliquent leurs dires à leur propre pratique. C'est leur propre tactique d'intervenir dans toutes les 'luttes' au niveau microscopique où elles se situent, de traiter tous les mouvements contestataires comme étant des actions ouvrières, qui revient à prêcher et à faire du prosélytisme auprès de la classe. "Aux masses!", fut le cri des bolcheviks suite à l'incapacité de la Révolution de s'étendre ailleurs qu'en Russie. Les bolcheviks avaient au moins une bonne raison de lancer ce slogan. Ils travaillaient dans une période où le déclenchement de la révolution était encore une possibilité. Le USWV travaille plutôt sur la base d'une tradition politique encrassée. Un processus d'évolution politique vers des positions révolutionnaires doit s'effectuer avant que les travailleurs et les travailleuses commencent à mener leurs luttes comme des prolétaires plutôt que comme des citoyens et des citoyennes dans les mouvements identitaires petit-bourgeois.

Dans le dernier paragraphe de leur article ils font une homélie du genre maoïste avant d'introduire ce qu'ils présentent comme leur thèse centrale: "Si on ne se préoccupe pas de labourer le terreau prolétarien existant et de semer les graines révolutionnaires dans la classe ouvrière aujourd'hui, la récolte ne nous rapportera que des fruits pourris."

Cela décrit ouvertement leur vision du rapport des révolutionnaires à la classe révolutionnaire. Les prolétaires n'existent que pour être éduqués par la politique révolutionnaire du USWV. Malgré leurs prétentions anti-hiérarchiques et libertaires, il n'y a rien de plus élitiste que leur idée qu'ils sont des apôtres portant la semence de la révolution à la classe ouvrière. Alors, "si l'émancipation de la classe ouvrière peut être et doit être le fait de la classe ouvrière elle-même", ces camarades ont mieux à faire que de labourer le terreau ouvrier. Ceux qui pensent que le rôle des prolos révolutionnaires est d'agir comme des apôtres auprès du prolétariat ont enraciné dans leur conscience le c

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