Québec: les grévistes de Vidéotron en péril! -

Depuis le mois de mai 2002, près de 2200 travailleurs et travailleuses sont lock-outés par Vidéotron, une entreprise de télécommunications québécoise. À la source du conflit, il y a le transfert planifié de 664 emplois (ce qui implique la perte nette de 300 emplois supplémentaires) vers une autre compagnie de communications, Entourage Solutions. Les prolos déplacés perdraient plus de 30% de leurs salaires et tout leur fonds de pension. Ce projet de transfert fait suite aux pressions que le fonds de pension gouvernemental provincial, la Caisse de dépôt et placement (un actionnaire majeur) exerce dans le but de couper 30 millions de dépenses annuellement.

Incroyablement, le syndicat a réagi en faisant du lobby auprès de la Caisse et du gouvernement comme s'ils étaient neutres dans cette affaire. La FTQ a même applaudi la nomination de l'ancien Premier ministre Lucien Bouchard comme négociateur patronal. Bouchard est un administrateur de la Caisse et un avocat patronal véreux qui se fait un honneur d'avoir imposé une coupure de 20% du salaire des travailleurs et des travailleuses du secteur public en 1982. Pendant ce temps, la FTQ permet à des membres de d'autres syndicats qui lui sont affiliés de remplacer (scaber) leurs camarades lock-outés! Le bruit court maintenant qu'une entente est imminente. Il paraît qu'une vingtaine d'items séparent toujours les parties mais, même si le syndicat refuse toujours d'informer ses propres membres des détails de la négociation, Mario Ciaburri, le vice-président du syndicat a indiqué que les grévistes peuvent s'attendre à une semaine de travail plus longue de 2.5 heures et à une perte de salaire significative. Rien n'a transpiré sur le sort des neufs ouvriers congédiés pendant le conflit. Certains de ces travailleurs avaient décidé de faire du sabotage industriel pour ranimer la lutte. Pas étonnant qu'ils aient pris ce risque lorsqu'on considère qu'à tous les jours du lock-out, ils voyaient leur propre syndicat aider les jaunes à franchir les piquets de grève.

Ce conflit n'est malheureusement qu'un jalon de plus dans l'histoire scandaleuse du sabotage syndicale des luttes ouvrières. Il contribue à la confirmation claire que la critique des syndicats n'est pas une position académique et sectaire mais bien une question de vie et de mort pour notre classe.

Dernière heure!

Au moment d'aller sous presse, les travailleurs et les travailleuses de Vidéotron viennent de voter le retour au travail. Tel que prévu ici, les reculs acceptés sont considérables. Même si le transfert d'emplois à Entourage Solutions est annulé, au moins 270 personnes ont perdu leur emploi. La semaine de travail est passée de 35 à 37,5 heures. En tenant compte de cette augmentation du temps de travail, les salaires réels vont diminuer de 12,7 à 17,5%. Les vacances, les congés de maladie et les congés fériés ont aussi été coupés. Il n'y a pas encore de nouvelles sur le protocole de retour au travail et donc nous ignorons le sort des neuf camarades congédiés. Voilà ce qui arrive lorsqu'un syndicat convainc ses membres que l'État et le négociateur patronal sont des alliés, lorsque le syndicat fournit les jaunes pour briser la grève et lorsque le syndicat enferme les prolos dans des luttes isolées. Une fois encore, nous avons vu les grévistes vendus par leur syndicat. Une fois encore, nous avons vu les groupes gauchistes prêts à colporter la salade des bureaucrates et embrigader les prolos dans la voie de garage du syndicalisme. Les travailleurs et les travailleuses doivent lutter en tant que classe et non s'engager dans le cul-de-sac syndicaliste. Notre critique des syndicats ne découle en rien d'une forme d'ultra-gauchisme mais est le résultat de l'analyse concrète qui nous amène à constater que le syndicalisme est devenue un rouage reconnu de l'appareil administratif de l'État bourgeois. Les camarades de Vidéotron ne sont que les plus récentes victimes de la mystification syndicale.