Commencer à tirer un bilan…

Face à une attaque de grande ampleur

Les vagues de licenciements annoncés depuis l’automne dans le secteur privé (particulièrement dans le secteur des nouvelles technologies sensé, il y a peu encore, être la preuve de l’existence d’une nouvelle société sans ouvriers et patrons, en bref sans classes) se sont prolongées par une attaque de grande ampleur de l’État patron contre ses employés: licenciements de précaires, coupes dans les crédits, le tout couronné par l’attaque contre le régime de retraites des fonctionnaires dans un premier temps, des régimes spéciaux et du régime général bientôt. Tout cela assorti de manœuvres de division sur les conditions de travail et les statuts, bien connu des travailleurs (fonctionnaire de divers type, CDD, précaire, intérimaire, vacataire, régie ou assistance technique, on trouve de tout dans un même service, pour un même travail).

La riposte

C’est dans ces conditions que se sont mobilisés tout d’abord les travailleurs de l’Éducation Nationale. Longtemps isolés, ils ont étés rejoints par d’autres travailleurs, touchés par la réforme du système de retraite. L’ampleur de l’attaque, la détermination de l’ensemble de classe dirigeante (patronat, gouvernement, opposition, tous d’accord, aux détails près, pour une réforme) impliquaient une riposte d’envergure, une unité de la classe. C’est bien ce qu’ont compris tous les travailleurs impliqués dans la lutte, qui ont pris en main l’extension, la généralisation à d’autres secteurs. Pourtant, les Confédérations ont désorganisé le mouvement en proposant des initiatives toujours lointaines, des divisions entre les différents syndicats, entre les différentes corporations. Dans les secteurs les plus combatifs, la poursuite de la grève le 14 mai a été brisée pour promouvoir le "temps fort" du 3 juin, 3 semaines plus tard! Le 4 juin, ils ont tenté de recommencer et mis en avant le 10 juin. Cette technique, consistant à allumer des contre-feux leur fait bien mériter le nom de Pompier Social qu’ils ont gagné dans d’autres conflits majeurs. Dernier coup bas, l’accord des syndicats sur le dos des ATOS, des personnes les moins qualifiés. Les autres catégories, marginales, divisées, seront de toute façon décentralisées petit à petit.

... Pour une reprise de la lutte par les travailleurs!

Dans leur lutte, les travailleurs n’ont pas d’alliés. Les partis politiques de gauche, aujourd’hui dans l’opposition essaient de se refaire une virginité en envoyant quelques délégations de technocrates dans nos manifestations. Ils aimeraient faire oublier leur politique au gouvernement, quand ils appliquaient les décrets Balladur, se mettaient d’accord entre gouvernants européens à Barcelone pour aggraver nos conditions de retraite, supprimaient des emplois là où ils le pouvaient. Les syndicats ont montré leur capacité de nuisance, contre le mouvement ou à l’intérieur, pour le dévier de ses objectifs.

Mais, en luttant, nous avons montré que nous existons: oui, la lutte des classes existe toujours de part et d’autre, les patrons et leur Etat ne sont pas seul à agir. Nous aussi sommes capable de nous unir pour nous défendre. Notre combat n’est pas de préserver l’Etat providence des années 60, disparu à jamais, mais simplement nos conditions de travail, notre niveau de vie, attaqué par nos patrons. Notre force est notre union, contre les divisions de statut, d’emploi, de race. Les patrons, leur gouvernement accélèrent les attaques contre nous, tous les travailleurs, les prolétaires, avec la baisse des retraites, la décentralisation, ou avec les suppressions d’emploi, les licenciements, les privatisations, la précarisations, les changements de statuts, mais aussi avec leurs CDD, CES, PARE, RMA, les sigles sont infinis qui traduisent les attaques contre une partie de notre classe, c’est à dire en définitive contre nous tous.

Il est donc urgent de nous organiser, en dehors et contre toute logique de négociation, contre toute logique syndicale, pour nous défendre, en tant que classe, unie face aux attaques, aujourd’hui contre l’enseignement et contre nos retraites, demain contre tous, contre le salaire indirect, contre la Sécu.

Bilan & Perspectives, 10 juin 2003