Les loups, les porcs et les sales chiens de la vieille société...

L’Humanité et la guerre

Tout au long de l’année dernière, plusieurs activités et célébrations ont marqué le centenaire du quotidien français l’Humanité, journal fondé le 18 avril 1904 par le dirigeant socialiste Jean Jaurès, et associé depuis des décennies au Parti "communiste" français. Le stalinisme de ce parti a fait en sorte qu’il y a longtemps que cette publication abuse de son titre, comme le parti le fait de son nom. L’humanité et le communisme ont depuis fort longtemps disparu des ses colonnes. Cependant, il est de bon ton dans le milieu douillet de la "gauche unitaire" de considérer de tels propos comme sectaires et nuisibles à "l’avancement de la cause". Fort bien! Que penser alors de ce qui suit? Jaurès écrivait que: "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage." Or, les dizaines de milliers de personnes participant à la plus récente grande fête de ce journal se virent remettre à l’entrée un programme officiel très révélateur. En effet, le programme était inséré dans un sac de plastic publicitaire de la puissante société d’armement Dassault; le commanditaire officiel de la fête! Mieux, à l’intérieur de ce programme, on pouvait trouver une pub d’une pleine page en provenance d’une autre compagnie d’assassins, la firme EADS. En bas de page, il y avait des reproductions de tous ses "produits", en fait, des armes qui servent à massacrer des pans entiers de l’humanité un peu partout sur la planète. On pouvait y admirer son hélicoptère de combat Eurocopter, son avion de combat Eurofighter, son système d’espionnage Gladio, son missile Meteor et son Airbus 400, si utile pour le transport de troupes lors des interventions militaires de l’impérialisme français en Afrique. Est-ce de l’abus d’en conclure que le stalinisme porte en son programme (dans tous les sens du mot...) la guerre comme la nuée porte l’orage? Inutile de nous répondre.

Travailler vient d’un mot latin pour torturer...

Très loin de la "société des loisirs" tant annoncée dans les années 70, les travailleurs et les travailleuses des États-Unis doivent consacrer de plus en plus de temps à gagner leur croûte. Une récente étude de l’OCDE révèle que le prolo américain moyen doit travailler 20% d’heures de plus qu’il ne devait le faire en 1970. La cause est très simple: suite au déclin constant des conditions de travail et de salaire ces dernières décennies, les salariés doivent accomplir beaucoup plus d’heures et prendre leur retraite nettement plus tard (ou jamais...). C’est une importante indication de la chute de la qualité de vie de la classe ouvrière sous le capitalisme en crise et un signe des temps éloquent.

Perdre sa vie à la gagner

Selon les chiffres de l’Organisation internationale du Travail, trois fois plus d’êtres humains meurent d’accidents ou de maladies liées au travail à chaque année que dans toutes les guerres en cours. De plus, les chiffres ont presque doublé dans les dernières années et dépassent maintenant les deux millions de victimes. Face à des pertes en vies ouvrières aussi massives, il me vient à l’esprit les arguments des "bonnes âmes frileuses" qui questionnent la réalité de la lutte des classes ou encore les propos de "camarades rrrévolutionnaires" qui nient l’existence même de la classe ouvrière. Il n’y a pas de pires aveugles que ceux et celles qui ne veulent pas voir...

À qui profite le mur?

S’il y a un symbole dramatique contemporain du conflit israélo-palestinien, c’est bien le mur de ciment et de barbelés que construit l’État d’Israël pour annexer encore davantage d’espace dans les territoires occupés. Cette future enceinte est considérée avec raison comme la réalisation bétonnée de la politique d’apartheid israélienne et constitue un obstacle matériel de plus à l’unité éventuelle des prolétariats d’Israël et de Palestine. Or, si les "progressistes" de partout sur la planète ont condamné cette initiative de l’État sioniste, quelques-uns de ses complices restent dans l’ombre, mais leur contribution est tout aussi coupable et sûrement encore plus hypocrite. En effet, nous savons maintenant que la construction du mur a constitué une affaire en or pour les capitalistes et les hommes politiques palestiniens. Vous avez bien lu! Les capacités de production de ciment israélien étant insuffisantes pour soutenir une construction qui atteindra sûrement quelques centaines de kilomètres, des hauts dirigeants de l’Autorité palestinienne, au vu et au su de feu Arafat, décidèrent d’en profiter tout bonnement. Le ciment vendu à Israël provenait d’un "pays-frère", l’Égypte. Il était en théorie destiné à la reconstruction de logements palestiniens détruits par les Israéliens et donc acheté à un prix de faveur de 22 dollars la tonne. Les capitalistes palestiniens l’ont revendu à Israël pour une marge de profits de 12 à 15 dollars la tonne; une bonne affaire... Parmi les bénéficiaires de cette manne, on retrouve la Qandelle Tarifi Company for Cement appartenant à Jamal Tarifi, le ministre palestinien des Affaires publiques; la Tarifi Company appartenant à un frère du ministre et la Société générale des services commerciaux palestiniens, une société parapublique dirigé par Mohammed Rashid, le trésorier d’Arafat! L’hypocrisie de la classe dominante palestinienne est sans borne (littéralement). Non seulement l’Autorité palestinienne a-t-elle fait arrêter quelques pauvres palestiniens qui travaillaient comme manœuvres sur ce mur, mais il s’avère maintenant que d’autres compagnies palestiniennes font discrètement de bonnes affaires en livrant du ciment non seulement pour le mur, mais aussi pour les nouvelles colonies sionistes. C’est le cas notamment de la Al-Quds Cement Company, propriété du nouveau Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei! De part et d’autre du mur, les capitalistes font manifestement de bonnes affaires et maintiennent des rapports "fructueux" entre-eux. Pendant ce temps, leurs politiciens fomentent la haine, la suspicion et la division entre les prolétaires. Les appels à la nation ne sont qu’appels de sirènes pour nous faire perdre le cap de la lutte sociale. Contre Israël et la Palestine! Pour la lutte des classes! Pour l’union des prolétaires de tous les pays!

Des mensonges toujours plus intéressants...

Suite à la disparition de 3 millions d’emplois industriels depuis 2001, les conseillers du président Bush innovent dans les méthodes de falsifications des statistiques sur l’état réel de l’économie américaine. Après avoir éliminé les chômeurs découragés des registres de sans-emploi, l’État décida ensuite que les trois millions de membres des forces armées seraient dorénavant inclus dans le calcul de la proportion des travailleurs actifs; ce qui a eu pour effet de baisser artificiellement le taux de chômage. Mais cela n’a pas suffit à masquer les vrais chiffres des emplois perdus, surtout les emplois industriels. Aussi, le journal américain Internationalism rapporte que dans un récent rapport économique, le Président Bush a suggéré une méthode fort rapide et très originale de "créer" des emplois industriels. Il suggère tout simplement de reclasser les centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses des chaînes de fast-food, de la catégorie d’employés de services à celle d’employés industriels. La prétendue "logique" de l’affaire considère que ces prolos assemblent un produit bien plus qu’ils ne le servent. Bien sûr, cette nouvelle classification gonflera artificiellement le nombre des emplois industriels. Mais, cela ne changera rien au fait que les anciens emplois industriels mieux rémunérés d’antan sont de plus en plus remplacés par des emplois au salaire minimum. Tout ceci, n’est qu’un nouvel exemple de la bourgeoisie qui applique le vieux dicton qui parle "des mensonges, des maudits mensonges et des statistiques..."

Le vaccin a plus de 200 ans

En 1798, Edward Jenner inventa le premier vaccin, celui contre la variole. Puis, en 1885, Louis Pasteur sauva Joseph Meister grâce à son vaccin contre la rage. 120 ans plus tard, des milliers enfants meurent faute de vaccins chaque jour. Selon le Fonds mondial pour le vaccin, "plus de trente millions d’enfants ne sont toujours pas vaccinés dans la première année de vie, et dans l’état actuel des choses, près de trois millions vont mourir d’une maladie qui aurait pu être évitée. Quelques 8000 vies pourraient être sauvées chaque jour, dont celles de 5000 enfants." Selon, Jacques-François Martin, le président du Fonds, 100 millions de dollars, (une fraction de la fortune d’un seul milliardaire) suffiraient à mettre fin à cet holocauste quotidien.

Le massacre continuel des mineurs chinois

Le 14 février dernier, une nouvelle charrette de 214 mineurs fut immolée à l’autel du profit suite à une explosion à la houillère Sunjiawan, dans le Nord-Est de la Chine. De nombreux autres travailleurs furent gravement blessés. Cet "accident" n’est que la plus récente tuerie de mineurs, dans une séquence meurtrière qui en dit long sur le prétendu caractère socialiste de la Chine. Ainsi, au mois d’octobre 2004, une catastrophe minière tua 148 prolos, tandis qu’en novembre de la même année, une explosion dans une autre mine de charbon en décima 166. Enfin, le lendemain même de l’accident du 14, 28 autres mineurs périrent à leur tour. L’État chinois admet qu’en 2004, 6207 travailleurs trouvèrent la mort dans ses mines de charbon. Mais certains organismes, tel le China Labor Watch, estiment que 20 000 mineurs sont tués à chaque année! Ce n’est qu’une partie du coût en êtres humains que les capitalistes d’État chinois sont prêts à sacrifier au service d’une expansion économique explosive, carburant à 70% avec de l’énergie produite par le charbon. En Amérique du Nord, les tueurs ont des complices idéologiques: les partis néo-staliniens que sont le Parti "communiste" du Canada et du Québec ainsi que le "Communist" Party USA, qui prétendent tous que la Chine construit le socialisme... L’argument, bien sûr, se fonde sur la proportion d’entreprises nationalisées par l’État chinois. C’est sur cette base qu’ils saluaient naguère les régimes répressifs de Staline et de Brejnev et qu’ils approuvent toujours les délires grotesques des patrons de la Corée du Nord. En fait, l’idée d’identifier le socialisme à des nationalisations, qui n’est pas que le fait des staliniens mais aussi à la base de plusieurs des fausses conceptions du Trotskisme, avaient déjà été réfutées par Friedrich Engels, dans son œuvre l’Anti-Dühring, en 1878. Il nous mettait alors en garde en analysant que

la transformation en propriété d’État ne supprime (pas) la qualité de capital des forces productives - et plus loin, il concluait que - L’État moderne, quelle qu’en soit la forme, est une machine essentiellement capitaliste: l’État des capitalistes*, le capitaliste collectif* en idée. Plus il fait passer des forces productives dans sa propriété, et plus il devient capitaliste collectif en fait, plus il exploite de citoyens. Les ouvriers restent des salariés, des prolétaires. Le rapport capitaliste n’est pas supprimé, au contraire il est poussé à son comble. (1)

Avec 20 000 mineurs assassinés à chaque année, est-ce que les stals et les trots ne pensent pas que le rapport capitaliste est poussé à son comble? La pratique de l’État "socialiste" chinois a entièrement confirmé les écrits d’Engels. Le capitalisme d’État chinois-le capitaliste collectif- a démontré sa nature essentiellement capitaliste. En Chine comme ailleurs, la tâche de renverser l’État bourgeois demeure entière et urgente.

Carnage-2!

Dans l’édition de mai 2004 de Notes Internationalistes, c’est sous ce titre que nous évoquions la mort de plus d’une centaine d’ouvriers, brûlés vifs au Nigeria, après que leurs patrons les aient cadenassés dans l’usine. Or, quelques mois plus tard, le dimanche 1er août, l’appât du gain se marqua de nouveau au fer rouge dans la chair humaine. Ce jour-là, ce sont plus de 450 personnes qui périrent brûlées ou asphyxiées dans un centre commercial d’Asunción, la capitale du Paraguay. Un incendie s’étant déclaré dans le centre, les propriétaires firent barrer les grilles pour éviter que dans la cohue, des clients soient tentés d’emporter quelques articles sans payer. Mieux, les gardes tirèrent à coups de revolvers sur la foule en panique qui tentait désespérément de se frayer une issue! Des centaines de vies encore gaspillées pour des profits... En Chine, au Paraguay ou au Nigeria, comme nous l’écrivions en mai dernier, "qu’elle tue lentement, subtilement, ou dans l’horreur et la douleur, la classe dirigeante est coupable; c’est la tortionnaire de l’humanité."

Libérez-nous...

La radio, la télé n’arrête pas de "plugger" leur toune. La contestation a enfin trouvé un véhicule acceptable sur lequel tous nos "artistes" peuvent danser dans les chics galas où ils s’auto-congratulent. Et les boss syndicaux ont finalement découvert une chanson qui ne date pas des années 70, pour mettre sur la sono lors des manifs, afin d’être sûrs que l’on ne scande pas nos propres slogans. Ils les attendaient ces jeunes musiciens "engagés" qui ont de l’allure...une gauche responsable et nationale! Beurk! Les p’tits péquistes minables qui tonnent contre "les casseurs" ont les connaît bien. Xénophobes, homophobes, suceux de flics et de juges, et obsédés par la moindre manifestation de la langue anglaise, j’en ai plein mon casque de ces patriotards! Chaque fois qu’ils gueulent "Libérez-nous des libéraux!", je hurle, libérez-nous...

...de Loco Locass!!!

Victor

(1) Anti-Dühring, Éditions Sociales, Paris, p. 318, 1950.