Affluenza? Une nouvelle maladie

Un fils de riche qui a tué quatre personnes et qui en a paralysé une autre à vie en juin dernier, ne fera pas une seule journée de prison pour son crime. Ethan Couch, âgé de 16 ans, conduisait son véhicule à toute vitesse, avec un taux d’alcool plus de trois fois au-dessus de la limite légale, lorsque la collision eut lieu. Il venait de voler de la bière dans un Walmart. Le procureur Richard Alpert de Tarrant County au Texas, exigeait une peine de vingt années d’emprisonnement. Le juge a plutôt choisi de le «condamner» à se faire soigner dans un luxueux centre de réhabilitation, aux frais de ses parents. En effet, le jeune Couch souffrirait d’une maladie qui n’atteint qu’une très faible minorité d’êtres humains. Il est atteint «d’affluenza» et non pas d’influenza (la grippe). En Anglais, le terme affluence veut dire, l’aisance, l’abondance, la richesse.

Le juge a conclu que puisque l’accusé avait été élevé dans «l’affluence», dans un entourage faste et luxueux, il n’avait que peu de rapport au réel et conséquemment, n’était donc pas véritablement responsable de ses actions. Il est à noter qu’il y a deux ans, le même juge avait condamné un jeune noir de 14 ans à dix années de prison pour sa responsabilité dans une seule mort accidentelle.

Ça me fait penser à une autre maladie inventée pour justifier les méfaits de la classe dominante. La drapétomanie était une prétendue maladie mentale, décrite par le médecin américain Samuel Cartwright en 1851, qui aurait été la raison expliquant pourquoi les esclaves Noirs américains fuyaient leur captivité. Deux prétendues maladies: l’affluenza pour disculper les riches, la drapétomanie pour accabler les pauvres. De l’esclavage classique d’autrefois à l’esclavage salarié d’aujourd’hui, l’abus et le mépris restent constants.

Richard St-Pierre
Tuesday, March 4, 2014