France - La crise, la lutte: premières réfléxions

Il s’agit pour la bourgeoisie de continuer à attaquer encore et encore la classe ouvrière...

Le but de ce texte est de réfléchir à la situation sociale actuelle et au rapport de force entre les classes en France mais aussi dans le monde. Les travailleurs seront contraints de dépasser le contexte actuel d'attaques acharnées contre la classe ouvrière qui dure maintenant depuis une trentaine d'année pour sauver le capitalisme.
Le mouvement social qui a commencé maintenant depuis 2 mois reste largement encadré et manipulé par les forces de "gauche" de la bourgeoisie. La clé de la situation reste l'éclatement de la cage bourgeoise de "Nuit debout"qui nous contraint. Cela passe aussi par une réflexion et des discussions politiques ouvertes sur notre situation, mais en dehors des cadres limités, imposés et bien délimités de "Nuit debout".
Indépendamment de l'utilisation et du détournement de "Nuit debout", ce phénomène est le signe du cheminement souterrain d'une certaine réflexion et de la nécessité de réfléchir face à la gravité de la situation politique, économique, sociale, écologique, etc... au sein de certaines fractions des travailleurs, des chômeurs de la jeunesse en voie de prolétarisation, etc.

La situation sociale en France en 2016 ? Rien de nouveau ! La crise économique continue avec son cortège de chômeurs

Bien évidemment la situation économique et sociale n'est pas différente de celles de tous les autres pays alors que la propagande nous raconte que « cela va mieux » (1) ici où là dans le monde. Mais après les États-Unis dont on nous avait raconté à satiété que l'économie repartait (2), puis en Espagne malgré un taux de chômage explosif (3), puis en Chine et au Brésil (4) qui devaient sauver la planète et relancer l'économie, on essaie enfin de nous refaire le coup pour la France après soi-disant deux mois de baisse du chômage. Cela n'est rien, dans la réalité. Mais quel vacarme font les médias sur commande !

Ce faisant, la bourgeoisie continue d’attaquer la classe ouvrière sous le slogan d'accomplir des « réformes » ou la « modernisation » !

Il est clair que la « coupe est pleine » pour les travailleurs. La loi El Khomri a fait déborder le vase. Il s'agit d'un projet de réforme du Code du travail qui constitue une attaque brutale sans précédent des salariés. Les points essentiels de cette attaque porte sur :

  • Le développement de la flexibilité de l’emploi ce qui veut dire permettre les licenciements plus facilement et rendre inutile le contrat de travail.
  • La libération des entreprises des règles contraignantes des contrats de branche et des conventions collectives, elle est libre de décider seule dans son domaine.
  • La suppression ou l'affaiblissement du pouvoir des juges du travail (Conseil de Prud’hommes)
  • L'introduction du référendum d’entreprise pour entériner les choix de décisions de la direction.

Bien évidemment la bourgeoisie craint des réactions de la classe ouvrière et il s’agit de mouiller la poudre avant toute réaction. La colère gronde !

Il ne s'agit pas ici de ne pas se sentir solidaire des luttes et de la lutte des travailleurs qui cherchent comment lutter et comment s'opposer à cette nouvelle attaque. Il ne s'agit pas de critiquer les prises de parole de "Nuit debout" qui sont le premier acte pour essayer de reprendre l'initiative contre le rouleau compresseur de la bourgeoisie conquérante. C'est déjà extraordinaire de voir se lever ce vent de contestation de tous les pouvoirs contre la fausse démocratie qui nous est imposée.

En ce qui nous concerne, il s’agit de pousser les travailleurs à se libérer de tous ses « faux amis » qui les/nous manœuvrent et les/nous envoient sur de fausses voies.

Deux niveaux de manœuvres sont effectivement en marche : recomposer la gauche au niveau politique et revaloriser le rôle des syndicats.

1. "Nuit debout", une tentative de recomposition de l'extrême gauche....

Imaginé fin mars par le journaliste François Ruffin (5) et ses amis afin de permettre la « convergence de luttes dispersées », le mouvement "Nuit debout" connaît actuellement un succès inespéré. La première occupation de place s’est déroulée le 31 mars, à l’issue d’une journée de manifestation contre le projet de loi El Khomri. Elle s'est développée dans de nombreuses villes et même au niveau international.

En réalité, c'est une tentative de rouler pour Mélanchon (6).

[Ruffin] ne cache pas le soutien de la rédaction [de Fakir] à Jean-Luc Mélenchon, qui a fait l’objet d’un vote interne. L’avenir du journal est lié à la situation politique. Si aucune opposition de gauche ne naît, on fera le dos rond, raconte-t-il. Notre objectif, c’est que des personnes en France se sentent soutenues.

Le Monde du 15 février 2013

A un moment où la « gauche » ne fait plus rêver, se retrouve nue, où personne ne croit plus en rien, toutes les aventures sont possibles. Cette fraction de la bourgeoisie derrière Ruffin cherche à nous vendre de vieilles recettes et ce qui s'est passé en Espagne avec Podemos et en Grèce avec Syriza. Pour l'instant le langage est très radical, on ne fait plus confiance en la démocratie classique, dans tous les hommes politiques « corrompus », mais demain....

2. La CGT surfe sur la vague

Le développement actuel de la lutte sur le terrain des entreprises a été préparé depuis quelques semaines. La CGT adopte maintenant un langage radical et pousse à la lutte même violente et radicale alors qu'elle aurait pu avoir ce langage il y a déjà 2 mois quand elle organisait des journées d'action à répétition avec une semaine de délai entre chacune d'elles. La lutte était toujours pour demain, en fait ce demain c'était pour quand le mouvement aurait été épuisé.

Ainsi dès le 21 avril, il a été relaté dans Street press :

cf : streetpress.com

Vêtu d’un T-shirt « I love Bernard Arnault », (François Ruffin) appelle à faire « un gros coup » le 1er mai, en opérant une jonction entre Nuit Debout et les syndicats. Sur l’estrade, plusieurs responsables de Sud ou de la CGT ont déjà répondu à son appel. «Il n’y a que comme ça qu’on pourra faire la gréve générale», estime l’un d’entre eux.

Et que voit-on aujourd'hui ?

Dix raffineries sur dix bloquées, dockers, postiers, cheminots, ouvriers du transport aérien, sortant des limbes où les médias pensaient les avoir cantonnés, pour aller secouer les plumes à un pouvoir décontenancé et se rappeler au bon souvenir d’une opinion éberluée. Vous avez dit 36 ? Vous avez dit 68 ? On avait dit il y a quelque temps que si la NuitDebout parvenait à rallier les ouvriers, ça ferait mal. C’est fait. [...] Comme tout un chacun, je fais moi aussi partie des « usagers pris en otages ». Mais je peux vous dire qu’en ce qui me concerne le syndrome de Stockholm (empathie, voire franche sympathie des otages pour leurs ravisseurs) fonctionne à plein. Une dernière chose : j’ai souvent dit -- et je ne le regrette pas dans le contexte d’alors -- pis que pendre de la CGT. Or voilà la vieille centrale syndicale qui pilote ce mouvement d’insurrection ouvrière radicale de main de maître. Allez-y, les gars, il est des situations où j’adore qu’on me donne tort.

yetiblog.org

Et voilà, la supercherie est parfaitement bien décrite ici même. "Nuit debout" qui critiquait tout establishment: partis et syndicats traditionnels, se trouve devant jouer le rôle de rabatteur pour la CGT et de redorer le blason du syndicat.

Oui, il faut lutter, oui mais en ne se laissant pas encadrer, ni par les manipulateurs de "Nuit debout", ni par les syndicats qui depuis de nombreuses années nous essoufflent et détruisent nos luttes d'accord en réalité avec l’État pour faire passer ses mesures.

Prenons nos luttes en main, organisons nous en comités de grève et coordinations. Ne faisons confiance qu'en nous-mêmes et à nos propres forces.

Olivier (26/5/16)

(1) Denieres paroles de François Hollande lors de l’émission Dialogues citoyens, diffusée sur France 2 le 14 avril 2016.

(2) « Le mensonge de la reprise américaine en 9 graphiques ! » in Économie matin le 22 mars 2016 - economiematin.fr

(3) 4,04 millions de chômeurs, selon les chiffres du ministère de l'Emploi. La belle affaire!

En savoir plus sur lesechos.fr

(4) En 2016, 12 pays devraient encore connaître une croissance négative (récession) dont le Brésil , la Russie et l’Argentine.

capital.fr

(5) François Ruffin,(1975) journaliste français. Il est le fondateur et le rédacteur en chef du journal Fakir. Il écrit aussi dans Le Monde diplomatique. Il participe pendant sept ans à l'émission Là-bas si j'y suis. En 2015, il réalise son premier film, Merci Patron !, film critiquant Bernard Arnault.

(6) Du Parti de Gauche qui est actuellemnt en déconfiture.

Wednesday, June 1, 2016