La marche à la guerre

Il faut être naïf pour croire que le « grand réarmement », selon le titre de Marianne,(1) n'est pas du tout prévu pour la guerre mais pour on ne sait quelle paix perpétuelle. Cette croyance se retrouve chez un certain nombre de révolutionnaires qui ne croient pas à la marche à la guerre à cause d'un soit-disant équilibre de la terreur ! Or, il suffit de lire les documents officiels et stratégiques des États eux-mêmes pour être persuadé de l'apocalypse qui vient.

Après avoir noté les sommes pharaoniques attribuées aux armements, nous aborderons la question de l'économie de guerre.

I – Développement des budgets militaires.

Commençons par la France. Un document de référence qui doit guider jusqu'à l'horizon 2030 les politiques de défense et les investissements liés, a été présenté par le Président Macron en novembre 2022.(2) Dans son discours de Toulon, il a assuré que « la période n'est pas au temps calme, mais au gros temps ». Pointant « un saut sans précédent dans l'univers hybride », c'est-à-dire les conflits « impliquant à la fois des opérations militaires et des opérations d'influence et de stabilisation ». Si l'on décrypte ce langage de bois, l'on comprend qu'il s'agit de prévoir des guerres d'une autre nature que des interventions ponctuelles dites de « maintien de la paix ou de l'ordre » coutumières de la France en Afrique ou au Moyen Orient. D'ailleurs, le Président a utilisé le terme de « guerre de haute intensité. » On ne peut être plus clair ou plus hypocrite.

Et dans La revue nationale stratégique de 2022, on lit parmi un langage abscons et technocratique(3) que la stratégie sera de :

« préparer en profondeur l’État aux crises ; développer des ressources humaines et des capacités matérielles pour faire face, en intégrant une réflexion globale sur la question des stocks stratégiques et la diversification des sources d’approvisionnement ; et adapter la communication publique ».

Dernièrement dans son discours du 20 janvier Macron a rappelé l'effort de 295 milliards d'euros consacré à la dernière loi de programmation quinquennale afin de « réparer » les armées. Et d'être encore plus ambitieux en transformant les armées, grâce à la future loi de programmation militaire de 2024-2030 « dotée de grands moyens et un effort budgétaire considérable : 413 milliards d'euros ».

Ce qui est notable c'est comme dans tous les pays la hausse régulière des budgets militaires en 20 ans de 17%.

La France n'est pas seule dans cette escalade mortifère. L'Allemagne et le Japon, les deux pays vaincus de la Deuxième guerre impérialiste qui jusqu'à présent défendaient une doctrine anti-guerre, symbolisent aujourd'hui le grand retour au réarmement. Dans la nouvelle Constitution du Japon il est écrit à l'article 9 du chapitre II « … le peuple japonais renonce à jamais à la guerre... Il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes... » Faudra t-il modifier la constitution ? Tokyo vient d'annoncer que son budget militaire plafonné à 1% passera à 2% du PIB et d'ici 2027 le pays devrait investir 315 milliards d'euros dans ses forces d'autodéfense, soit un augmentation de 50% par rapport à la période 2017-2022. Mais l'Allemagne elle aussi a effectué un virage total quand le Bundestag a voté une enveloppe de 107 milliards d'euros pour la Bundeswehr.

Dans le monde, il en est de même.

Avant de passer en revue ce qu'il en est pour les États majeurs, on peut noter l'escalade des dépenses militaires totales au niveau mondial. Elle a de quoi faire tourner la tête.

« ...Parmi les nombreuses données du dernier rapport annuel sur les dépenses militaires publié, lundi 25 avril, par l’International Peace Research Institute de Stockholm (Sipri) : en 2021, [on note que] les dépenses militaires ont pour la première fois dépassé 2 000 milliards de dollars dans le monde pour atteindre 2 113 milliards de dollars (environ 1 947 milliards d’euros), en progression de 0,7 % en terme réel par rapport à 2020, dont la moitié pour les membres de l’OTAN. Les cinq pays les plus dépensiers par ordre décroissant (États-Unis, Chine, Inde, Royaume-Uni et Russie) représentent 62 % du total – avec une domination américaine écrasante. »(4)

Et l'on constate que c'est depuis le milieu de la décennie précédente que le monde se réarme, de l’Asie-Océanie à l’Afrique en passant par l’Europe, tandis que le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord, déjà surarmés, marquent le pas. Par contre, la marche s'accélère en 2021. C'est la septième année consécutive de hausse, dans le monde, et la pandémie de Covid-19 n’a pas arrêté l’escalade, jusqu'à 2,2 % du produit intérieur brut (PIB).

Les États-Unis sont les plus grands dépensiers (voir graphique ci-après) avec 858 milliards de dollars (soit un accroissement de 200 millions en dix ans). Ils ont axé les dépenses sur un effort de recherche et développement (R&D) de 24 % en termes réels depuis 2012, quand l’achat d’armes baissait de 6,4 %, car les technologies de nouvelle génération sont devenues le nerf de guerre. Ils veulent conserver leur suprématie sur la Russie et la Chine. La modernisation de l’arsenal nucléaire absorbe également une partie de cet effort, qui place le système de défense américain très au-dessus de ses ennemis potentiels.

En Europe, les deux autres poids lourds suivent la même tendance avec le Royaume-Uni : 68,4 milliards d'euros et la perspective de passer de 2% à 3 % du PIB et l’Allemagne avec 56 milliards d'euros avec la perspective de passer à 117 milliard d'euros en rupture de sa politique militaire traditionnelle d'après la Deuxième Guerre mondiale (ce que nous avons déjà souligné).

En Russie. Depuis l’invasion de l’Ukraine, le 24 février, ses dépenses militaires sont en hausse de 2,9 % à 65,9 milliards de dollars, et pour la troisième année consécutive, pèsent 4,1 % de la richesse nationale. Et déjà au cours de l'année 2021, le budget consacré à la « défense nationale » (achat d’armes, coût des opérations militaires…) a été revue à la hausse de 14 %.

Et même l'Ukraine s’était préparée à un conflit armé depuis 2014 après l’annexion de la Crimée ; ses dépenses avaient progressé de 72 %.

La Chine poursuit son effort pour aligner ses forces militaires sur sa puissance économique, avec un budget des armées de 293 milliards, soit un bond de + 72 % en dix ans.

L’Inde modernise son arsenal militaire en cherchant avant tout à développer une industrie militaire nationale en y orientant les deux tiers de son budget, qui a atteint au total 76,6 milliards d'euros en 2021.

II – L'économie de guerre.

La guerre en Ukraine percute toutes les économies nationales. Tous les équilibres économiques, financiers, monétaires et industriels sont bousculés. La guerre russo-ukrainienne a sonné le tocsin pour tous les États impérialistes. L'industrie militaire fonctionne à plein rendement. Actuellement ce n'est pas suffisant pour approvisionner les fronts en munitions avec toutes les différentes catégories d'obus. Les stocks n'étaient pas prévus pour une guerre longue de « grande intensité ».

Le président Macron a dernièrement lâché le terme d’ « économie de guerre »(5) pour répondre à ses ambitions et rattraper le retard de la France. Mais il faut comprendre ce que cette orientation politique veut dire. Bien évidemment, il dit souhaiter faire de la France une puissance de premier plan... La nouvelle loi de programmation militaire (LPM) en est l'outil majeur avec 413 milliards d'euros supplémentaires en 5 ans de 2024 à 2030. Mais, en réalité, cette orientation va bien au-delà, il souhaite prendre une part active dans les futurs affrontements militaires majeurs.

Regardons ce que devient la nouvelle économie de guerre dans le monde.

  1. Pour l'instant seuls les États-Unis peuvent tenir le choc face à la situation de guerre qui vient. En effet, lorsqu’on met en parallèle les dépenses de défense américaine de 858 milliards de dollars avec le déficit budgétaire de 1 223 milliards de dollars sur un an, on réalise que ces dépenses de défense comptent pour les deux tiers du déficit budgétaire annuel des États-Unis et pour le tiers de leur endettement annuel (près de 1 800 milliards de dollars en 2022.). Tout cela durera tant que le dollar gardera son statut de quasi monopole comme monnaie d’échange et de réserve au niveau planétaire. Pour la guerre, il n'y a aucun problème pour faire marcher la pompe à finance. Le « quoi qu'il en coûte » sera maintenu. Mais il faudra bien que quelqu'un paie un jour cette montagne de dettes et comme toujours ce seront les pays perdants, les pays alliés et au bout du compte les prolétaires qui subiront les charges.
    De plus, les États-Unis viennent de mettre en place avec l’entrée en vigueur le 1er janvier 2023, suite au vote de la loi de réduction de l’inflation, des mesures de soutien favorisant les entreprises américaines : exit la libre concurrence et mise en place de mesures de guerre commerciale qui existent depuis le développement du néo-libéralisme et de la « mondialisation ». Il s'agit d'un paquet de 369 milliards de dollars de subventions et d’allégements fiscaux pour soutenir les entreprises soi-disant « vertes »(6) aux États-Unis. Les mesures de rétorsions envisagées par les autorités de l’UE vont très certainement conduire à une guerre commerciale transatlantique. Immédiatement Emmanuel Macron a lancé l'idée d'un « Buy European Act » en réponse aux mesures américaines. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également préconisé des réponses à la démarche américaine. Au bout du compte, l'Europe passera sous les fourches caudines de « l'allié » américain.
  2. Et l'industrie... Prenons l'exemple de la France encore une fois.
    Macron a appelé au renforcement de l’industrie européenne de défense qui doit être « beaucoup plus forte » au regard des besoins militaires accrus avec la guerre en Ukraine. « Dépenser beaucoup pour acheter ailleurs n’est pas une bonne idée. (…) Nous avons besoin de renforcer une industrie et une base industrielle et technologique de défense européenne beaucoup plus forte et beaucoup plus exigeante ».(7)
    On constate la nécessité du renforcement des industries d'armement et surtout le rapatriement de la force de frappe industrielle à l'intérieur des frontières nationales, la mondialisation n'est donc plus à l'ordre du jour. Il faut aussi prévoir les sources d'approvisionnement : minerais stratégiques (lithium, fer, etc.,), l'énergie : gaz, pétrole, etc., et enfin les ressources agricoles.
    Il y a par ailleurs un problème d’approvisionnement en composants électroniques afin d'éviter les dépendances. Ainsi « des réflexions sont ainsi en cours pour développer le recyclage du titane. Des discussions sur l’approvisionnement en semi-conducteurs menées avec les États-Unis pourraient, elles, aboutir avant la fin de l’année, espère-t-on à la DGA. Certains industriels craignent que Washington ne réquisitionne des matériels pour ses propres armées. « Ils se serviront les premiers en titane », s’était ému Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, le 30 mars à l’Assemblée nationale.(8)
    Mais la réflexion doit aller plus loin.
    Selon Le Monde (idem), « la direction générale de l’armement [en France] envisage par ailleurs de proposer un texte législatif qui permettrait de réquisitionner, dans certaines circonstances, des matériaux ou des entreprises civiles à des fins militaires. La plupart des entreprises de défense étant « duales », c’est-à-dire produisant également pour les besoins civils, ce texte, inspiré d’une législation américaine, leur permettrait de mobiliser leurs efforts vers la production militaire, sans que la France soit formellement en état de guerre. »
  3. Les États-Unis ont pris une longueur d'avance dans la guerre économique et la maîtrise de l'énergie, mais la domination par le feu demeure. Et pour cela il faut remettre l'industrie de mort en route. Déjà les États-Unis exportent 52,5 milliards de dollars d'armes soit autant que les autres grands pays vendeurs d'armes ce qui permet de garder les entreprises qui travaillent pour l'armement en ordre de marche. Et d'ailleurs le projet de loi a planifié les futurs achats en finançant chaque département militaire et chaque programme d’armement. La marine américaine recevra 32 milliards de dollars pour de nouveaux navires de guerre, dont trois contre-torpilleurs de classe Arleigh Burke et deux sous-marins de classe Virginia. Et le Pentagone est autorisé à acheter 36 avions F-35 supplémentaires, chacun coûtant environ 89 millions de dollars.
    Ainsi « « Une guerre des contrats d’armement dans la vraie guerre se prépare entre industriels européens et américains ».(9)
  4. La Chine a son industrie de guerre dirigée vers la mer. Pour l’amiral Liu Huaqing, le « père de la marine chinoise moderne » qui a développé le concept d’une « stratégie navale de défense au large » en 1986, la Chine doit être capable de contrôler la zone maritime située à l’intérieur de la première ligne d’îles qui longe ses côtes et de mettre en œuvre une capacité de dissuasion sous-marine crédible. Celle-ci passe par une bonne maîtrise de l’intervention sous la mer et la capacité d’agir en permanence et partout sur le globe en 2050. Depuis 2000 la situation commence à changer. Le 27 avril 2017, le Shandong (type 001A ex-soviétique) également pourvu d’un ski-jump (tremplin pour les avions) a déjà été lancé. En moins de 12 ans, 2 autres porte-avions(10) de technologie et de tonnage croissants ont été mis à la mer. Le prochain devrait être opérationnel en 2024. Pour mener des actions à plus grande distance, la marine dispose d’une centaine de bâtiments amphibies classiques au total dont une cinquantaine de 1 000 à 16 000 t. Ce n’est qu’en 2017 qu’elle a lancé la construction d’un bâtiment d’assaut de 40 000 t. Bref, on voit que sur le plan maritime la Chine commence à atteindre son but. Mais il y a tous les autres aspects, l'aérien, les missiles avec son système anti aérien : le produit star est le SN-6, ainsi que les drones et tous les autres systèmes de guerre électronique.
  5. En Russie les entreprises du secteur militaro-industriel, avait annoncé leur patron Sergueï Tchemezov, travaillent 24 heures sur 24 et vont continuer de le faire en 2023. « Les entreprises impliquées dans les commandes publiques de défense travaillent jour et nuit et vont conserver ce régime l’année prochaine ».(11) (Sergueï Tchemezov est le patron de l’entreprise d'État Rostec, une holding regroupant les principales industries de haute technologie russes, en particulier dans le domaine de la défense).
    Nous pourrions multiplier les exemples car tous les pays se trouvent dans cette même situation cataclysmique, sans compter tout l'armement nucléaire.

Le prolétariat va payer cette épouvantable fuite en avant dans la guerre mais aussi les répercussions dans leur chair d'abord mais ensuite dans leur vie de tous les jours. L'OCDE a déjà chiffré « l'ampleur du choc de la guerre sur l'économie mondiale, l'OCDE a évalué à 2 800 milliards de dollars les pertes financières à anticiper l'an prochain (2023) par rapport aux prévisions antérieures à l'arrivée des chars en Ukraine. »(12)

A un moment où les nuages noirs s'accumulent : crise économique, crise climatique, crise agricole, inflation, etc., nous allons subir une baisse supplémentaire du PIB mondial dont directement de notre niveau de vie, ce qui accroîtra encore la misère de millions de personnes dans le monde.

Mais déjà les industriels de l'armement se frottent les mains. Certainement l'économie mondiale qui devait connaître une récession et une contraction, commence à montrer des signes d'amélioration. Les instances internationales de la bourgeoisie pensent que l'économie mondiale va échapper à la récession.

Les « ventes d'armement et de services militaires ont ainsi augmenté de 1,3% sur un an [2019], à l'heure où, dans le même temps, l'économie mondiale a chuté de plus de 3% » souligne le SIPRI. Et « le chiffre d'affaires des 100 entreprises [d'armement] est en hausse continue depuis 2015, avec une progression totale de 17% ».(13)

Pendant ce temps, les croque-morts sont déjà à l’œuvre. Le célèbre prédateur et fonds de pension BlackRock se porte candidat pour aider à la reconstruction(14) de l'Ukraine. Définitivement, ce système est à abattre.

M.O.
Bilan et Perspectives
2 février 2023

Notes:

(1) Numéro 1347 du 5 au 11 janvier 2023.

(2) lepoint.fr

(3) sgdsn.gouv.fr

(4) lemonde.fr

(5) Le Monde, 13 juin 2022. lemonde.fr

(6) Maintenant tout est vert !

(7) Déclaration lors de l’ouverture du salon international de la défense et de la sécurité terrestres et aériennes Eurosatory, au Parc des expositions, à Villepinte.

(8) Du 13 juin 2022 : lemonde.fr

(9) Article du Monde du 28 mars 2022. lemonde.fr

(10) Le dernier est de technologie chinoise.

(11) RFI du 03/01/2023 : rfi.fr

(12) Le Point, 26/09/2022 : lepoint.fr

(13) TF1 du 6 décembre 2021: tf1info.fr

(14) Ces croque-morts me pousse à citer le cynisme d'un banquier influent américaine qui en mars 1917 au cours de la guerre, dans un interview qui a désiré garder l'anonymat, a déclaré au journaliste de la revue Les Annales (n°1761 – du 25 mars), Camille Ferry-Pisani :

« Je pourrai vous confier que lorsqu'un peuple est sur le point de se sentir trop riche, une guerre est nécessaire pour l’arracher à la tentation du bonheur. Mais les idées abstraites ne sont pas mon fort. Je ne connais que les chiffres. J'ignore La Fayette. J'ignore si l'Allemagne a attaqué la première. De l'histoire je ne retiens que la statistique. Je sais une chose, c'est que la Grande guerre a quintuplé le chiffre de nos affaires et décuple nos bénéfices et tout ce trafic magnifique nous l'avons opéré avec les Alliés ».

Et plus loin, il explique pourquoi son pays va entrer en guerre.

« Vous nous avez payé partie en or, mais vous nous avez payé aussi avec du papier. Or vos traites ne vaudront que ce que vaudra votre victoire. Il faut que vous soyez victorieux à tout prix pour faire face à vos engagements. Je vois plus loin encore. Il vous faudra reconstruire tout ce qui a été détruit.
Cet argent que nous avons gagné sur vous, nous vous le prêterons pour relever vos villes, pour rebâtir vos fabriques, pour créer à nouveau votre existence économique.
Un beau champ s'offre là pour nos placements futurs mais ce champ ne sera profitable que si vous triomphez avant l'épuisement complet. Voilà pourquoi nous voulons votre victoire rapide. L'union vous aidera. Nous vous aiderons plus encore que vous ne le pensez. Nous enverrons des volontaires, nous voterons le service militaire obligatoire et nous augmenterons encore notre production en obus, en canons. »

A partir de Juin 1917 : 2 millions de soldats américains débarquèrent (110 000 ne reviendront pas chez eux). Cet interview a également été lu dans une émission de France Inter « Rendez-vous-avecX », le 29 mars 2014.

Friday, March 10, 2023