Une crise générale appelle à une lutte générale

Tract distribué par Klasbatalo lors de la grève des garderies au Québec.

La situation actuelle est celle d’une crise profonde du capitalisme dans laquelle chaque travailleur.euse fait face à une décimation de leurs salaires réels à travers l’augmentation du coût de la vie. La spéculation sur le marché du logement a vu une hausse de 20 % des loyers dans le seul quartier de Verdun. Loin d’être un fait isolé, des décennies d’étirement des chaînes de montage, poussant les usines à leurs derniers retranchements, ont causé un choc aux prix des marchandises, incluant ceux des supermarchés dans lesquels les travailleur.euse.s magasinent à tous les jours sans la moindre augmentation de leur chèque de paie. La réponse étatique à la crise fut de protéger le capital au détriment de la classe ouvrière.

En réponse au désir prolongé d’attaquer les conditions de notre classe, les luttes ouvrières se sont intensifiées en quantité et en qualité durant la dernière année. Avec les 11 000 travailleur.euses des CPE, qui ont rejeté la ridicule concession offerte par la province, les travailleur.euses des 20 hôtels du Québec ont fait grève en septembre. Malheureusement, malgré la taille initiale de cette lutte, les travailleur.euses chez DoubleTree à Montréal se retrouvent désormais isolés dans leur lutte contre les scabs. Une vague de grève est palpable à travers le Canada et les États-Unis. Cependant, qu’il s’agisse des travailleur.euses de Kellogg’s en Pennsylvanie ou des infirmières en Alberta, notre classe n’a répondu à cette crise généralisée que sur une base isolée et sectorielle au lieu d’une lutte générale— en tant que classe faisant face au capital dans son ensemble. Sans une généralisation de la lutte de notre classe, chaque secteur part avec un profond désavantage face à leur guerre contre le patronat.

La structure syndicale handicape toute tentative d’action générale, puisque les syndicats ne négocient que par secteur. Cela se témoigne par le fait que des travailleur.euse.s sous le même syndicat mais opérant dans de différentes industries font grève à de différents moments, ce qui a pour conséquence de réduire l’impact de la grève. Pendant des décennies, les patrons ont compté sur cette isolation des travailleur.euses, ce qui leur a permis de vaincre une partie de notre classe avant de passer à la suivante. Les travailleur.euses des CPE, sous le leadership syndical du CSN étaient en grève au même moment que les travailleur.euses des hôtels affiliés au CSN, mais aucun effort ne fut appliqué pour combiner leurs luttes. La conséquence de cette situation est un affaiblissement important du pouvoir réel de la classe ouvrière.

En contraste à ces luttes, il est utile de se pencher sur la grève générale de 1972 et la grève étudiante de 2012. En 1972, les travailleur.euses se sont rallié.es pour défendre une grève qui a fait face à la répression policière et ont étendu leurs efforts à leurs lieux de travail – pas en tant que travailleur.euses de différents secteurs avec de différentes revendications – mais en tant que membres d’une classe sociale unie. Il en est de même pour 2012, où les travailleur.euses à travers la province ont vu dans la hausse des frais de scolarité une tentative d’assaut contre la richesse sociale des travailleur.euses dans son ensemble. Ces luttes furent non seulement généralisées, mais leur organisation fut dirigée par la classe ouvrière elle-même. Les assemblées générales en 1972 et en 2012 ont produit une énergie et une effervescence qui a physiquement ébranlé les auditoriums dans lesquelles elles ont eu lieu.

Avec la quantité des grèves actuelles, il est évident que la classe ouvrière est désireuse de se battre contre les offensives des patrons, ouvrant une possibilité à l’émergence d’une lutte généralisée. L’opportunité doit être saisie tout de suite. La réponse doit être prompte et puissante et elle doit venir de la classe ouvrière elle-même. Le résultat d’un isolement sectoriel et d’un manque de généralisation s’illustre dans la grève des travailleur.euses du Vieux-Port de Montréal. En 2020, le syndicat du SCFP a renoncé à toute initiative de combat en paralysant la lutte pendant sept mois. Cela a donné à l’État et au patronat le temps de préparer leur assaut et la lutte fut subséquemment vaincue.

Le grève des CPE aujourd’hui est un point de référence pour la classe ouvrière en entier. Les revendications des CPE sont les revendications de toute une classe. Les conditions dans lesquelles se retrouvent les travailleur.euses des CPE au sein et en dehors du lieu de travail sont les conditions que l’on voit à travers une classe entière. C'est la même lutte que 22 000 travailleur.euses du secteur public du Nouveau-Brunswick mènent alors qu'ils se préparent à une grève d'ici la fin du mois. C’est la lutte commune aux millions de travailleur.euses de tous les secteurs qui voient les prix des loyers monter en flèche. La lutte contre la baisse des salaires réels doit être accentuée en réponse à une crise en expansion.

Néanmoins, les offensives de la classe capitalistes ne sont pas prêtes de s’arrêter si des concessions seront accordées. Une victoire des CPE ne peut être que temporaire et défensive alors que la crise du capital s’approfondit et détériore nos conditions de vie. La seule véritable solution aux attaques du capital se trouve dans une lutte politique totale contre l’existence du capital même. Cela ne se traduit pas en une simple réorganisation de l’ordre actuel, mais en la création d’un nouvel ordre; une société qui s’articule autour de la satisfaction réelle des besoins humains et non une société exploitatrice de la force de travail pour le profit. En gros, la lutte de notre classe doit aller au-delà des revendications pour des ‘’salaires plus justes’’ et vers l’abolition du travail salarié lui-même.

Klasbatalo-Tendance Communiste Internationaliste
leftcom.org
Thursday, October 21, 2021

Comments

bonjour!

est-ce que je pourrais publier un commentaire sans me faire insulter ou accuser de toutes sortes de choses sans preuve?

Tu es libre de poster ce que tu veux mais nous accuser à l'avance de t'insulter est non seulement peu prometteur mais aussi une provocation en soi.

au sujet des insultes et accusations:

vous avez écrit le 24-11-2020 (Cleisbotham)

'One question for you though. Are you still making excuses for rapist?"

Il était il y a un année et tu choisis de répondre seulement maintenant! Étrange. Qu'est-ce que ton position maintenant sur notre décision de dissoluer le GIO parce qu'il a ouvert la porte a un individual accusé de plusiers attaques sur femmes?

Si vous n'aviez pas effacé mon message sur ce site de la TCI, vous auriez eu ma réponse!

Je ne m'en souviens pas mais si tu avais publié en français sur la page anglaise ça aurait pu être supprimé. Nous ne faisons que cela et supprimons le spam d'autres groupes et individus.

tu pourrais demander à Jock qu'il t'envoie mon texte sur la reproduction humaine et l'oppression des femmes où je fais un retour sur la dissolution du GIO. D'ailleurs nous nous proposions de faire le bilan du GIO, mais la TCI nous en a empêcher en mettant sur pied une nouvelle organisation (Klasbatalo) sans revenir sur un quelconque bilan du GIO. Comme dans le privé capitaliste, c'est une nouvelle administration! Avec un nouveau nom!

pour ta gouverne, je n'ai jamais excuser les agresseurs. Plus même, dans le texte je propose d'ajouter à nos régies internes des organisations communistes une procédure pour traiter les agresseurs et les vicitmes.

Je te propose de lire cela, avant de continuer d'accuser à tort à travers.

Je pourrais aussi t'envoyer une "screenshot" de la discussion (avec les accusations) qui a été supprimé. Je me demande, par ailleurs, pourquoi vous supprimer des commentaires dans une autre langue?

C'est notre dernière réponse. Faites un commentaire sur le document ici ou nous supprimerons tout le commentaire. Vous semblez utiliser ce fil comme un moyen d'attaquer les camarades qui ont formé Klasbatalo (un processus dont vous vous êtes désengagé). Vous avez dit avoir fait "un retour" à la question du GIO à la fin du document que vous avez envoyé mais il était déjà trop tard (presque un an trop tard quand vous l'avez fait). Nous avons été très patients tout au long de l'affaire, ne souhaitant pas condamner quelqu'un sur la base de preuves fragiles, mais plus nous en apprenions, plus nous découvrions que l'individu était un menteur exercé et en série dans tous les aspects de la vie (en effet semblaient prendre plaisir en voyant avec combien de mensonges il pouvait s'en tirer). Vous avez continué à plaider pour son inclusion même lorsque cela est devenu clair. Ensuite, vous avez suivi un cours sur la question des femmes et de la violence pour émerger en vous déclarant expert (citant des anthropologues français controversés qui soutiennent que les femmes ont toujours été traitées violemment par les hommes). Nous ne savions pas quelle conclusion vous en tiriez mais c'était très proche d'excuser la violence masculine. Vous dites maintenant que nous vous avons mal interprété, mais c'est quelque chose que vous pouvez relever en nous écrivant directement et en n'utilisant pas notre site comme plate-forme pour votre amertume personnelle.

Merci!

Au sujet du tract du groupe Klasbatalo. Je voudrais tout d’abord honorer les militantes et militants de ce groupe qui ont réalisé un texte sur les services de garde à l’enfance. Il est assez rare que la TCI aborde un sujet lié au secteur de la reproduction.

Le tract n’aborde pas que la lutte des travailleuses des Centre de la Petite Enfance (CPE), il met l’accent sur l’augmentation des luttes et sur leur division sous le chapeau syndical.

Je ne dis pas que ce n’est pas bien de le faire, mais pour un tract, il aurait fallu mettre l’accent surtout sur cette lutte.

Historique.

Les CPE sont le produit de la lutte des femmes depuis les années 70. Leur création en 1998 avait quelque chose d’extraordinaire, nous étions en pleine politique de déficit zéro! À preuve, l’intense répression, un an plus tard de la grève des infirmières.

Si la création des CPE est le produit de la lutte des classes, le capital y trouve aussi sont bien. Le revenu familial n’étant plus assez haut pour faire face aux hausses de prix, les femmes avaient besoin d’un service garde pour accéder au marché du travail; ce dont l’économie avait aussi besoin.

Les CPE sont des services de qualité, offert par des professionnelles de la petite enfance. De tous les services de garde au Québec c’est celui qui se trouve en haut des statistiques pour sa qualité, comparé aux services de garde privés. Les CPE ne sont pas étatisés, ils sont contrôlés par les parents et subventionnés par l’État et reconnu dans le monde entier.

Situation actuelle

Après des années d’austérité, de coupures dans les services publics, les services de garde comme tout le secteur de la reproduction peine à maintenir un service de qualité et la pandémie a été le révélateur du manque criant de ressource dans la santé, l’éducation et les services sociaux.

La cause

Le budget gouvernemental actuel du Québec pour le secteur de la reproduction culmine à 68% du total des dépenses. Qui paie pour cela? 90% des salarié.es. Le dilemme des politiciens partout sur la planète pour faire face à cette dépense c’est soit de couper, ce qui n’est plus rentable électoralement, soit d’augmenter les impôts, ce qui n’est pas non plus une solution électorale. L’État augmente alors son déficit. La bourgeoisie a ressorti la « copter money ». Je parle ici bien sûr des États qui applique ce qu’un camarade appelle le keynésianisme autoritaire, gouvernant par décret.

L’avenir

Il est intéressant de voir la contre mesure des capitalistes face à ce problème, on devrait plutôt parler de crise. À noter que la lutte des infirmières et des éducatrices a toujours eu un appui favorable dans la population. Augmenter le déficit et ensuite imposer de nouveaux impôts pour les salarié.es est un remède que la bourgeoisie préfère éviter pour l’instant. Ce qu’elle a proposé au G7 c’est une taxe sur le capital ...de seulement 15%. On n’ira pas loin avec ça, mais l’idée est là, suite au mouvement du 99%, imposer les riches. C’est un recul pour la classe dominante, une petite retraite pour mieux partir à l’offensive, qui a déjà des couleurs de protectionnisme, de nationalisme et de vision militarisme.

Klasbatalo a raison, l’unité chancelante de la classe ouvrière a besoin d’être renforcée, en particulier entre production et secteur de la reproduction. Renforcer au niveau des grèves mais aussi politiquement, en ayant son propre parti qui, on ne le répète souvent, qui ne soit pas électoraliste.