Non à la guerre du capital - Non à la paix du capital!

Si nous devons nous en fier aux deux dernières apparitions publiques importantes de George W. Bush et de Saddam Hussein, les deux hommes prient et travaillent pour la paix. Tous les deux proclament qu'ils s'adressent à leurs dieux pour sauver la paix mais, au même moment, ils préparent une nouvelle guerre. Saddam et Bush n'ont jamais été embarrassés de leur turpitude et ce n'est certainement pas aujourd'hui qu'ils vont se gêner. Leur cynisme est manifeste, clair et imperturbable. Ces deux individus sont à n'en pas douter des êtres dangereux et méprisables que les prolos de tous les pays apprennent à détester encore davantage à mesure que les événements politiques se déploient de façon toujours plus dangereuses. Cependant, ce mépris justifié des deux bellicistes ne doit pas nous faire perdre de vue qu'ils ne sont rien d'autre que la personnification des intérêts rivaux de deux classes dominantes concurrentes. Pour citer le général prussien Carl von Clausewitz, ces deux classes dominantes rivales vont en se faisant la guerre, effectuer "une continuation de la politique par d'autres moyens". Ainsi, en tant qu'individus, dans tout ce qu'il y a de fondamental, Bush et Hussein ne sont que de simples rouages dans l'énorme machine de guerre capitaliste. Les causes de cette guerre ne sont donc pas de nature individuelle mais sont plutôt à trouver dans la nature même du mode de production capitaliste.

Qu'est-ce que cela signifie aujourd'hui? Entre autres choses, cela veut dire que les USA veulent arracher le contrôle de vastes réserves de pétrole des mains de la classe dominante irakienne pour assurer leur approvisionnement stratégique à long terme et ainsi, redémarrer l'économie américaine en difficulté. Par ailleurs, ce contrôle des réserves pétrolières leur donnerait un net avantage face à leurs rivaux impérialistes. Il leur permettrait de continuer à bénéficier des immenses revenus financiers obtenus par l'usage international du dollar américain pour le commerce du pétrole. Cela veut aussi dire la mainmise sur les importantes ressources d'eau irakienne, les grandes rivières que sont le Tigre et l'Euphrate et leurs affluents, pour réaliser le Peace Pipeline (sic) qui profiterait énormément à leurs alliés régionaux. Enfin, cela veut dire une hégémonie géostratégique sur toute la région; une hégémonie à laquelle aspire la bourgeoisie irakienne depuis plusieurs années. Si la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens, au stade impérialiste du capitalisme nous avons appris que la paix elle-même est la continuation de la guerre par d'autres moyens... En ce sens, il est utile d'examiner précisément quelles sont les voix de la "paix capitaliste" dans la situation actuelle. Parmi les principaux champions de cette "paix", nous avons les classes dominantes de la France, de la Russie, de la Chine, etc. qui font tout un tintamarre au Conseil de sécurité des Nations Unies. Est-il vraiment nécessaire d'expliquer le rôle de l'impérialisme français en Côte d'Ivoire aujourd'hui ou de rappeler la responsabilité de la France dans le génocide rwandais en 1994? Avons-nous déjà oublié la situation désespérée des gens piégés dans les convulsions de la guerre civile qui oppose la Tchétchènie à la Russie? Peut-il y avoir encore quelqu'un qui s'illusionne que les vautours séniles du Parti stalinien chinois sont des protecteurs de la justice et de la paix? En fait, toute l'Assemblée générale des Nations Unies n'est qu'un repaire de brigands. La paix ne sera jamais atteinte par l'action des Classes Dominantes Unies du Monde.

Quels donc sont les forces de paix et où diable peut-on les trouver? Dans les manifestations où nous avons marché au Canada et aux États-Unis, certaines forces nationalistes arabes ou "progressistes" (des staliniens et certains trotskistes) ont prétendu qu'une de ces forces de paix est la classe dominante irakienne et que nous devons nous mobiliser et défendre l'État "victimisé" d'Irak. C'est là une option que nous rejetons du revers de la main pour la bonne et simple raison que le régime irakien a maintes fois fait preuve de sa nature impérialiste en déclarant deux guerres successives contre des pays voisins et en commettant des atrocités sans nombre contre le prolétariat et la paysannerie à l'intérieur de ses propres frontières. D'autres placent leurs espoirs dans la mission de gardien de la paix du Canada ou dans une fraction de la direction du Parti démocrate américain. Là encore, nous devons nous porter en faux. Les missions de gardiennage de la paix du Canada n'ont jamais été motivées par autre chose que son appétit de pénétrer de nouveaux marchés. Pour ce qui est du Parti démocrate, tout son passé sanguinolent nous indique qu'il n'est pas un outil de paix, loin s'en faut. Le Nouveau parti démocratique prêche la paix mais se refuse à condamner son frère social-démocrate Blair pour sa conduite belliqueuse. Jesse Jackson disserte éloquemment pour que cesse la saignée mais n'ose pas rompre avec le Parti démocrate, l'habile gérant en alternance de l'impérialisme américain. Tandis que les porte-parole pacifistes américains proclament que "la dissidence est une valeur américaine qui doit être préservée", les pacifistes nationalistes québécois et canadiens brandissent des drapeaux du Québec et du Canada (et souvent de la France) pendant que leurs orateurs appellent à rompre avec les valeurs américaines... Peu importe les bonnes intentions et les dispositions pacifiques des multitudes qui paradent pour la paix à toutes les semaines (et nous ne doutons pas de cette bonne volonté), il est évident que le mouvement "pacifiste" qui les encadre pourrait très bien les faire marcher pour une autre guerre dans un avenir pas si éloigné. Si vous en douter, vous n'avez qu'à étudier l'histoire des mouvements pacifistes bourgeois qui ont précédé la Première et la Deuxième Guerre mondiale.

La seule véritable force de paix sur cette terre est composé de ceux et de celles d'entre nous qui avons le moins à perdre de la fin du système capitaliste qui est la genèse, la mère de toutes les guerres. Cette force, c'est la classe ouvrière internationale. C'est la classe qui souffre le plus des guerres capitalistes tout comme c'est la classe qui souffre le plus de la paix capitaliste. C'est la seule classe qui a la force potentielle pour renverser la classe exploiteuse et construire une société nouvelle fondée sur la négation du capitalisme lui-même. C'est pourquoi, contre la guerre capitaliste et la paix capitaliste nous prônons la guerre de classe comme la seule issue hors du cycle mortel de l'accumulation, de la crise puis de la guerre. Cette prise de position laisse cependant plusieurs questions sans réponses. Comment la classe ouvrière prend-elle conscience d'elle-même et de ses capacités? Comment doit-elle s'organiser? A-t-on besoin d'un parti d'avant-garde et quelle est la relation de ce parti avec le reste de la classe? Comment peut-on éviter la barbarie immonde du stalinisme, etc.? Le collectif qui publie Notes Internationalistes, le Groupe Internationaliste Ouvrier veut discuter de ces questions avec toutes les personnes désirant en découdre avec l'ordre bourgeois. Nous avons notre propre programme fondé sur toute l'expérience du mouvement communiste international, en particulier celle de la Gauche communiste italienne. Cependant, notre volonté de nous battre sur la base de notre programme ne nous empêche pas de lutter avec d'autres forces, à condition qu'elles ne soient pas compromises dans des schémas libéraux et de collaboration de classes qui "contestent" la guerre et le capitalisme plutôt que de chercher à les éliminer! Nous entendons travailler avec toutes les forces intègres pour bâtir un courant classiste contre la guerre partout où nous le pouvons. Notre vieux mot d'ordre est plus vivant et plus pertinent que jamais; "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!"

Le Groupe Internationaliste Ouvrier