Déclaration du Groupe Internationaliste Ouvrier sur les Élections du 14 avril

Au beau milieu de la mobilisation pour une nouvelle guerre capitaliste, le Premier ministre Bernard Landry a appelé la population à participer à un des événements les plus cyniques de la vie sous la paix bourgeoise: une élection générale. Dans les prochains jours, tout l'appareil idéologique de l'État sera employé pour convaincre les travailleurs et les travailleuses de l'importance de participer à cette mascarade.

Les trois grands partis, le Parti Québécois (PQ), le Parti Libéral et l'Action Démocratique (ADQ) sont des pantins de la classe dominante. Ils parlent de justice, de progrès et de gros bon sens mais leur pratique et leur programme mènent aux coupures dans la santé, dans l'éducation et dans les services sociaux. Leur vrai programme est l'exploitation toujours plus exacerbée de la classe ouvrière et le pillage généralisé de la société. Même si la majorité des 'spécialistes' prétendent que le nationalisme est à son plus bas au Québec, les trois grands partis sont des formations nationalistes qui tentent de renégocier un meilleur marché pour la bourgeoisie québécoise à l'intérieur de la fédération canadienne. Le PQ veut y parvenir par la souveraineté-association tandis que les libéraux veulent discuter d'un nouveau partage fiscal avec le fédéral. L'ADQ, le produit d'une scission nationaliste du Parti Libéral a soutenu la souveraineté-association au dernier référendum mais il semble qu'il se contenterait maintenant lui aussi d'une nouvelle entente fiscale. Tout ce nationalisme se nourrit du mensonge que les travailleurs et les travailleuses du Québec sont différents, que nos 'valeurs' particulières doivent être soutenues et que nous sommes tous et toutes de la même grande famille, unie sous l'autorité de Dieu et de l'État, de notre nation et de nos patrons.

Un nouveau petit parti prétend s'opposer au cirque tripartite. L'Union des forces progressistes (UFP) est un rassemblement disparate formé du Parti Communiste du Québec stalinien (1), de séparatistes tricotés serrés et déçus du PQ et des groupes trotskistes les plus ouvertement droitiers: les Socialistes Internationaux (2) et Gauche Socialiste (4). L'UFP ne prétend pas être socialiste mais se veut la gardienne des valeurs 'progressistes'. Elle veut suivre la voie du Parti des travailleurs de Lula au Brésil et se pâme pour sa victoire électorale cautionnée par le FMI. Elle n'obtiendra cependant probablement pas plus de succès que la Socialist Alliance britannique. Même si l'UFP rivalise avec le PQ pour lui arracher les votes de gauche, elle diffère si peu de son grand frère qu'elle a tenté de le convaincre d'une alliance électorale jusqu'à la veille de l'annonce des élections. Sa particularité principale est d'être la seule formation clairement séparatiste dans ces élections. Ainsi, dans un monde où la circulation du capital et des marchandises se fait de plus en plus librement de pays à pays, ces prétendus progressistes luttent pour la création de nouvelles frontières pour empêcher la libre circulation des êtres humains! Alors qu'une impensable victoire de l'UFP ne mènerait qu'à une réorganisation formelle de la forme nationale de la domination bourgeoise, les prolétaires auraient à subir des nouvelles frontières, de nouveaux obstacles pour les diviser. Malgré son jargon 'progressiste', l'UFP n'est rien de plus qu'un nouveau racket électoral bourgeois et ne mérite aucun appui de la part du prolétariat.

Comme pour toutes les élections bourgeoises, les travailleurs et les travailleuses se doivent de boycotter cette farce. L'électoralisme, la démocratie et le parlement ne sont rien d'autres que du camouflage pour dissimuler la réalité de la dictature bourgeoise sur notre société. Si les élections pouvaient vraiment transformer la société, il y a longtemps que la classe dominante les aurait interdites. Plutôt que choisir la solitude de l'isoloir pour décider à quelle faction de la classe dominante nous voulons nous soumettre, nous devrions nous unir dans les lieux de travail et dans les rues pour mener le combat politique nécessaire au renversement de la bourgeoisie et la destruction de son État. Le Groupe Internationaliste Ouvrier lance l'appel à tous les prolos ayant une conscience de classe à boycotter la farce électorale patronale, à accentuer la lutte de classe et à nous aider à ériger les fondements du Parti International du Prolétariat.

Pas un seul vote pour la guerre! Pas un seul vote pour l'exploitation!

Le Groupe Internationaliste Ouvrier

(1) Affirmer que ce parti est stalinien n'est en rien une exagération car il est dirigé par un petit noyau maoïste (l'ancien Groupe 'Communiste' Ouvrier) qui suit la ligne de l'ultra stalinien Parti du Travail de Belgique.

(2) Section canadienne de la tendance dirigée par le Socialist Workers Party britannique.

(3) Section québécoise du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale.