À propos des événements en France

Pour la treizième nuit consécutive, les banlieues ouvrières à forte composante immigrée sont victimes d’émeutes. Celles-ci, d’abord présentes en banlieues parisiennes, se sont étendues en province, trouvant un écho dans de grandes villes comme Lyon, Bordeaux, Nantes...mais aussi dans des villes de moindre importance comme Blois ou Rennes. Depuis le 27 octobre, ce sont plus de 4000 véhicules qui ont été incendiés, sans compter les nombreux bâtiments publics ou privés. L’élément déclencheur de ces émeutes peut être recherché dans les propos méprisants du Ministre de l’intérieur ou dans le décès de deux jeunes, électrocutés dans un local EDF, mais depuis plusieurs mois, la tension, l’exaspération chez ces groupes de jeunes prolétaires, précaires ou sans travail était visible. Ces évènements prennent leur racine dans le désespoir de ces jeunes laissés pour compte, confrontés à la misère et à l’humiliation quotidienne. La plupart d’entre eux a été rejetée du système scolaire puis exclue du monde du travail. Nul avenir pour eux, si ce n’est de continuer à végéter dans ces ghettos que sont devenues les banlieues.

C’est la crise du capitalisme qui en s’approfondissant développe ces explosions de rage et de violence. Mais ces émeutes ne sont pas une perspective pour la classe ouvrière. Ces jeunes, dans leur grande majorité, n’ont jamais été confrontés au monde du travail, ils n’ont qu’un faible instinct de classe et en tout cas très confus. Leur révolte n’a rien à voir avec celles, par exemple, qu’on avait pu voir en Argentine, fin 2001, où les prolétaires affamés s’étaient organisés pour aller piller les supermarchés ou avec celle, récente, des prolétaires de la Nouvelle-Orléans, qui, bloqués par l’armée dans une ville dévastée se sont livrés à des pillages afin de survivre. Les émeutiers, en France, détruisent les voitures de leurs voisins prolétaires, mettent le feu aux écoles fréquentées par leurs frères et sœurs, brûlent les supermarchés, etc.

Ces émeutes, qui témoignent de la difficulté de vivre pour les prolétaires d’une des grandes métropoles capitalistes, n’offrent pour l’instant aucun contenu politique de classe. Le gouvernement, la classe dominante, n’ont bien entendu aucune réponse à apporter, si ce n’est la répression. La bourgeoisie saisit ainsi l’occasion de parfaire son dispositif répressif, déjà bien avancé avec sa lutte contre “le terrorisme”. Contre le vandalisme, contre les émeutes, le gouvernement français vient d’ajouter à son arsenal répressif une arme de poids. Le Premier Ministre a décidé d’exhumer la loi du 3 avril 1955, instaurée alors pour instituer l’État d’urgence durant la guerre d’Algérie. Les préfets, dont les pouvoirs sont considérablement accrus jugeront du niveau d’application de la loi. Ils pourront décider de mettre en place le couvre-feu, d’interdire la circulation des personnes et des véhicules, d’interdire de séjour dans le département les personnes qu’ils estimeront indésirables, faire procéder à des perquisitions, même de nuit, etc.

Ces mouvements expriment aussi, hélas, une absence de perspective de la classe ouvrière, soulignant encore plus fort la nécessité pour les révolutionnaires de contribuer à recréer les conditions de lutte sur le terrain revendicatif afin d’investir le terrain politique: en bref, la nécessité indispensable du parti révolutionnaire, vraiment communiste, international et internationaliste. Ces révoltes du désespoir ne pourront trouver une issue qu’avec le développement de réelles luttes de classe, dirigées politiquement par son parti révolutionnaire.

Mercredi, le 9 novembre 2005

Le Bureau International pour le Parti Révolutionnaire