Un stalinien accueille favorablement une intervention nazie lors d’une grève en Grèce

Un rapport d’un camarade d’Athènes. Traduit en français, le 23 février 2012.

Les ouvriers d’Elliniki Halivourgia (Les Aciéries grecques) sont en grève depuis 111 jours. Cette usine est située à Aspropyrgos, une banlieue ouvrière d’Athènes. La même entreprise possède une autre usine à Volos.

La direction avait annoncé un plan imposant la journée de travail de cinq heures avec une baisse de salaire de 40%. Le 30 octobre 2011, l’assemblée générale des ouvriers de l’usine d’Aspropyrgos a unanimement rejeté ses compressions. Par contre, les salariés syndiqués de l’usine de Volos avait accepté le projet patronal. La direction a alors immédiatement annoncé le licenciement de 34 travailleurs d’Aspropyrgos. Les travailleurs ont riposté en déclenchant une grève illimitée et ont mis en place des piquets de grève devant l’usine. Ils revendiquent la réembauche de leurs camarades congédiés et l’annulation des compressions. Après le premier mois de grève, l’entreprise a annoncé le licenciement de seize autres travailleurs.

La grève est contrôlée par le syndicat de l’usine, mais les décisions finales sont prises en assemblée générale. Le 6 décembre 2011, une grève générale de solidarité de 24 heures eut lieu dans la zone industrielle locale et le 17 janvier, la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) a appelé à une grève générale de 24 heures dans l’Attique (zone regroupant l’Attique - Athènes et Le Pirée).

Cette grève est l’une des plus importantes des dernières années. Cependant, elle reste isolée, le syndicat a déjà accepté le projet patronal et ne demande plus que la réembauche ou la retraite anticipée des ouvriers congédiés. L’employeur reste inflexible.

Le PAME (1), la coalition syndicale dirigée par le Parti «communiste» grec (KKE) joue un rôle déterminant dans cette grève et tente de s’en servir pour souligner son profil combattant («Faire de toute la Grèce un Elliniki Halivourgia») et l’utiliser comme une arme dans ses manœuvres électorales et syndicales.

C’est alors que vendredi le 17 février, une délégation du parti fasciste notoire «Xrisis Afgi» (l’Aube dorée) a rendu visite à l’usine. Elle put entrer dans l’usine sans être inquiétée et prit le microphone pour exprimer sa «solidarité» avec les ouvriers en grève. Le président du syndicat de l’usine leur a souhaité la bienvenue, affirmant ainsi que «toute la Grèce était avec nous».

Voir la vidéo ci-dessous.

D’abord on voit un fasciste prendre la parole, puis le président leur souhaiter la bienvenue. Giorgos Sifonios, le président est membre du PAME et a été candidat du KKE dans les élections régionales de 1998. Depuis lors, le PAME n’a donné aucune explication et n’a même pas tenté de se dissocier de cet événement. Il est donc bien justifié d’en conclure que le président a agi en concordance avec la politique de son parti. Autrement, il en aurait été immédiatement exclu.

En agissant ainsi, les staliniens du KKE introduisent les fascistes dans le mouvement ouvrier. Pour l’instant, je ne peux pas m’expliquer autrement leurs positions. Elles sont possiblement dues à l’intervention active des anarchistes dans la grève que les staliniens essayent d’enrayer. À vrai dire, plusieurs groupes anarchistes ont soutenu énergiquement les grévistes et ont exprimé leur solidarité par de nombreuses actions. En tant que partisans de la spontanéité, ils tendent d’idéaliser de telles grèves. Il est donc possible que cet incident suscite un certain découragement dans leurs rangs. «L’Aube dorée» est un groupe fasciste bien connu. Ses militants étaient au départ des «nationaux-socialistes» purs, pour ensuite mêler à leurs positions, certaines des traditions de l’extrême-droite grecque. Mais ils sont bien connus en tant que groupe pronazi. Cette organisation est responsable de plusieurs attaques contre les immigrants. C’est clairement un groupe «paraétatique» ayant des relations étroites avec l’armée et la police. Ils ont une influence croissante, surtout dans les quartiers ouvriers et populaires et on s’attend à ce qu’ils atteignent un assez bon pourcentage de vote (environ 3 à 4%) lors des prochaines élections législatives anticipées, prévues au mois d’avril prochain (2).

A., le 21 février 2012

(1) Front militant de tous les travailleurs

(2) Aux élections européennes en 2009, ils avaient recueilli 23 566 suffrages.

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Comments

Ça ne m'étonne pas des stalinistes, j'en connais 2 négationnistes et obscurantistes, pour ma part