Contre toutes les factions capitalistes! Pour l’autonomie prolétarienne!

Depuis quelques jours, le récent drame politique Vénézuélien suscite toute une frénésie à travers la presse internationale. Ce 23 Janvier dernier, Washington déclara qu’elle reconnait Juan Guaidó, la tête de l’opposition Vénézuélienne, comme président légitime du pays avec la déclaration suivante du président Trump : «Le peuple du Venezuela a courageusement tenu tête contre Maduro et son régime et a demandé la liberté et l’application légitime de la loi… et je continuerai d’utiliser l’étendue du pouvoir économique et diplomatique des États-Unis afin d’appuyer pour la restauration de la démocratie vénézuélienne.» [1] En harmonie avec le géant impérialiste, 11 pays du groupe Lima ont eux aussi déclaré leur soutien pour Guaidó. S’en est suivi ensuite l’appui, quoique partiel et critique, du parlement Européen pour le changement de régime. En réponse à cet état des lieux, Maduro expulsa les diplomates Américains hors du pays, en clamant que les États-Unis préparaient un coup d’état. [2]

Il est de notoriété publique que les États-Unis désirent depuis longtemps un gouvernement qui leur est amical dans ce pays riche en pétrole. Il est également connu que les États-Unis ont appuyé le coup d’état en 2002 et que des titres de journal tels que : «Venezuela Is a Disaster. Time for a Coup? » [3] ne se font pas rares dans la presse Américaine. Cette affiche, en particulier, apparût dans le New York Times en septembre 2018. Cet article tenta de justifier un éventuel putsch comme une nécessité face aux violations de la démocratie et des droits humains ainsi que la crise humanitaire causée par les politiques prétendument socialistes du Venezuela. En effet, les rivaux étrangers du Venezuela aiment déclarer leur flamme pour la démocratie et l’efficacité du capitalisme. Mais cette lubie capitaliste est aveuglée par l’analyse de la classe qu’elle représente. Elle tente d’expliquer la crise comme un problème uniquement politique et national. En réalité, la crise au Venezuela ne peut être comprise que dans le contexte plus large de la crise capitaliste globale. Que nous parlons de l’Amérique anti-Maduro ou bien de la Russie pro-Maduro, le problème ne se résume jamais à la démocratie ou à la légitimité du gouvernement mais bien aux intérêts impérialistes qu’ils défendent.

Contrairement à ce que clame haut et fort le camp du gouvernement Vénézuélien ainsi que l’opposition au «Socialisme Bolivarien» soutenue par les États-Unis et le Brésil, le Venezuela demeure, tout comme il le fût auparavant, une économie capitaliste d’État basée sur l’extraction de la rente pétrolière. Le gouvernement Chaviste actuel a carburé avec la plus-value générée par la classe ouvrière depuis presque deux décennies. [4] Évidemment, la nature capitaliste de son économie lambine la menace écœurante de la crise capitaliste. C’est sans surprise qu’une économie basée principalement sur les profits pétroliers et avec très peu d’investissements dans ses autres industries qu’en Juin 2014, lorsque les prix internationaux du gasoil chutèrent, le régime ne pouvait faire autrement que de se mettre en crise. [5] Et comme toujours, la misère dut être endurée par le prolétariat.

En 2017, le PIB du Venezuela tomba 35% en deçà des niveaux de 2013, soit 40% en termes par capita et le salaire minimum chuta de 75% (en prix constants) de Mai 2012 à Mai 2017. [6] Tout cela, mélangé à l’hyperinflation, fait subir au prolétariat Vénézuélien la famine, un manque d’accès aux soins de santé et une augmentation de la criminalité. «Selon un sondage en Juin 2016 dans la municipalité de Mirante, 86% des enfants craignent de n’avoir rien à manger, 50% d’entre eux se couchent parfois sans manger dû au manque de nourriture à la maison». [7] En 2016, 74% des Vénézuélien.nes ont perdu en moyenne 19 livres et l’Observatoire de Santé du Venezuela affirme une augmentation de cent fois de la mortalité chez les nouveau-nés dans les hôpitaux. [8] Plusieurs tentent aussi de trouver des opportunités lucratives dans la crise, par exemple, l’exploitation des contrôles d’échange par la vente de pétrole à bas prix aux pays voisons pour des profits faramineux.

Cependant, parler de la crise au Venezuela comme d’un fait isolé passe à côté du problème, et lorsque les diverses sections de la bourgeoisie en parlent dans ces termes, c’est pour essentiellement masquer la condition universelle du prolétariat face à la crise globale et subséquemment nous démunir de notre autonomie de classe. La chute des prix du pétrole en 2014 n’a pas uniquement causé la souffrance des travailleur.euses Vénézuélien.nnes. L’industrie pétrolière autrefois en plein essor dans l’Ouest canadien a maintenant fait affirmer les économistes que des milliers d’emplois dans le secteur du pétrole sont partis pour de bon. [9] Autrefois la destination de nombreux travailleur.euses du reste du Canada, l’industrie pétrolière en Alberta renvoya les prolétaires à la rust belt de l’Est, seulement pour qu’illes apprennent la fermeture définitive de l’usine GM Oshawa prévue pour la fin de l’année 2019! [10] Bien qu’il soit vrai que la chute des prix du pétrole n’a pas ébranlé l’économie Canadienne de la même intensité que l’économie nationale vénézuélienne, il est indéniable que la crise n’est pas simplement une affaire nationale causée par des mauvaises décisions étatiques, mais bien une crise du capitalisme global qui fait subir la misère au prolétariat international dans son entièreté.

Le drame politique au Venezuela attend toujours de se déployer complètement. Ce qui est déjà clair, c’est que les divers intérêts impérialistes sont amenés à entrer en conflit les uns les autres. Alors que les États-Unis se retirent d’une Syrie en ruine et que les Russes attendent en tête de file pour recevoir entre 200 et 500 milliards d’Assad [11], les États-Unis se fixent vers un autre coin de l’influence Sino-Russe. La Russie se réjouit d’une petite victoire, la Chine capitalise sur leur Nouvelle route de la soie et sur leur influence grandissante en Asie et en Afrique [12], et les États-Unis continuent de compter sur leur dominance économique ainsi que leur flotte de porte-avions à propulsion nucléaire.

Au milieu de cette crise, la classe ouvrière n’a d’intérêts dans aucune section de la bourgeoisie. Ni Maduro ni Guaidó ne peuvent offrir quoi que ce soit à la classe ouvrière en réponse à ce tumulte. Les États-Unis, le Brésil et la Russie ne cherchent que le meilleur résultat en concordance avec leurs propres intérêts impérialistes. Se profile au loin la possibilité de la guerre. Garantie est l’instabilité civile et la baisse des standards de vie. Face à cette situation, le Parti «Communiste» du Canada a déclaré : «Le Parti communiste du Canada apporte son soutien et sa solidarité au gouvernement du PSUV qui défend la souveraineté, l’indépendance et le droit du Vénézuela à l’autodétermination nationale». [13] Ceci n’est qu’une formulation petite-bourgeoise. Comme l’article paru dans Kommunist— la revue Bolchévique de gauche— l’affirmait déjà :

«La politique étrangère capitaliste moderne est intimement liée à la suprématie du capital financier, qui ne peut abandonner la politique de l’impérialisme sans mettre en danger ses propres intérêts. En conséquence il serait hautement utopiste d’avancer des revendications anti-impérialistes dans le champ de la politique étrangère tout en restant dans le cadre des relations capitalistes... La réponse à la politique impérialiste de la bourgeoisie doit être la révolution socialiste du prolétariat.» [14]

De plus, déclarer son allégeance à un régime Maduro qui exploite brutalement nos frères et sœurs prolétaires au Venezuela ne peut que nous distancer d’eux et elles. La solution à la crise économique et à l’impérialisme est l’autonomie ouvrière sur le plan international. Les révolutionnaires doivent travailler à la jonction des luttes locales avec la lutte totale contre la barbarie capitaliste, et cela inclut une opposition totale à l’impérialisme et au militarisme. Les communistes doivent aspirer à insuffler ces mots dans l’âme de tous les prolétaires : « La fraternité universelle des travailleurs est pour moi ce qu'il y a de plus haut et de plus sacré sur terre, c'est mon étoile, mon idéal, ma patrie, je préférerais renoncer à la vie plutôt que d'être infidèle à cet idéal. » [15]

Klasbatalo

26/01/2019

[1] washingtonpost.com

[2] aljazeera.com

[3] nytimes.com

[4] leftcom.org

[5] leftcom.org

[6] thenextrecession.wordpress.com

[7] leftcom.org

[8] thenextrecession.wordpress.com

[9] cbc.ca

[10] cbc.ca

[11] ft.com

[12] leftcom.org

[13] communist-party.ca

[14] collectif-smolny.org

[15] blogs.mediapart.fr

Thursday, January 31, 2019