Ukraine et Taiwan : Points chauds d'un monde impérialiste troublé

L'impérialisme et la pandémie

Le changement climatique n'est qu'une des nombreuses menaces qui pèsent sur notre avenir. La vie est déjà un enfer pour des millions de personnes qui tentent de survivre avec de faibles salaires, voire sans salaire du tout, et qui sont confrontées à la fois à la dégradation de l'environnement et à des guerres pour des ressources de base qui s'amenuisent. Les puissances impérialistes en font des conflits dévastateurs qui forcent des millions de personnes à devenir des réfugiés, ballotés d'asile en asile, et qui périssent souvent dans leur quête d'une existence sûre.
Aucun endroit de la planète n'est à l'abri du danger. L'économie capitaliste en stagnation qui survit grâce à une faramineuse montagne de dettes en forte croissance (exemple d'Evergrande en Chine, actuellement menacée de défaut de paiement)aiguise les rivalités impérialistes. La lente agonie du système se manifeste aujourd'hui de bien des manières. L'ordre d'après-guerre imposé par les États-Unis en 1945 s'effondre depuis la fin du boom de l'après-guerre, qui a contraint le dollar à quitter l'étalon-or en 1971.
Aujourd'hui, la rivalité croissante entre la Chine et les États-Unis s'étend de l'Amérique du Sud à la mer de Chine méridionale, en passant par le Moyen-Orient et l'Afrique.

C'est ce qui été écrit dans le dernier journal Aurora, qui a été distribué lors des manifestations de la COP26 à Glasgow et dans tout le Royaume-Uni(1). Il est évident que dans un court article de quelques centaines de mots, nous ne pouvions pas nous étendre longuement sur les sujets abordés. Nous voulons maintenant traiter des récents développements sur la scène internationale pour essayer de les mettre en perspective. La pandémie a fait disparaître toute idée que le mode de vie actuel, le mode de production, ou quel que soit le nom qu'on lui donne, offre un avenir à l'Humanité. Comme nous l'avons montré dans notre dernier numéro (Bilan et Perspectives révolutionnaires n°20), le système capitaliste mondial a eu de la chance en ce qui concerne les vaccins(2). Grâce au travail de quelques scientifiques raillés et/ou sous-financés, ainsi qu'au sens des responsabilités d'autres, la nature du virus a été scientifiquement identifiée puis des vaccins ont été produits en un temps record(3).

Alors, il s'en est suivi une course effrénée entre les États les plus riches pour s'assurer qu'ils recevraient la majeure partie des vaccins. En dépit des injonctions répétées de l'Organisation mondiale de la santé selon lesquelles "personne n'est en sécurité tant que tout le monde ne l'est pas", les États-Unis, sous la présidence de Trump, ont interdit l'exportation de tout matériau susceptible d'être utilisé dans les vaccins (y compris le verre des flacons), tandis que d'autres, comme le Royaume-Uni, se félicitaient avec suffisance d'avoir accaparé par contrat l'approvisionnement en vaccins pour répondre à ses besoins exclusifs. Les conséquences sont encore visibles aujourd'hui, plus d'un an après l'homologation du premier vaccin. Alors que suffisamment de vaccins ont été créés depuis lors pour vacciner plus d'une fois l'ensemble de la population mondiale, la moitié de celle-ci n'en a pas reçu un seul. Des mutations continuent donc de se produire(4), ce qui retarde encore la fin de la pandémie, qui, selon certains virologues, pourrait durer des années(5).

Le capitalisme en tant que système social continue donc de ffaillir à sa réponse au virus. Pour les internationalistes, ce n'est pas une surprise. Si l'on fait abstraction de la cupidité de "Big Pharma"(6), nous vivons dans un monde de la concurrence à la recherche de profits, soutenues par les États dans lesquels les entreprise se trouvent. Il en est ainsi depuis la fin du 19e siècle, et cette imbrication du capital et de l'État national est la manifestation de l'"impérialisme".

L'impérialisme n'est plus seulement une question de domination coloniale d'un territoire par un État capitaliste avancé. Aucun Etat n'existe aujourd'hui en dehors de l'ordre capitaliste (quoi que les nouveaux staliniens puissent essayer d'argumenter à propos de Cuba, de la Chine ou de la Corée du Nord) et tous participent à l'ordre impérialiste mondial sous une forme ou une autre, que ce soit en tant que puissance mondiale dominante comme les États-Unis, en tant que challenger naissant comme la Chine, en tant qu'ancienne puissance mondiale comme la Grande-Bretagne et la France ou en tant qu'Etat client essayant de manœuvrer pour son propre avantage entre les principales puissances impérialistes. Ils ont tous leurs propres intérêts nationaux qui sont identiques aux intérêts des principaux capitalistes de chaque État, quelle que soit la forme politique précise des États.

Les rivalités impérialistes continuent d'évoluer même pendant la pandémie. En effet, on pourrait dire que sous l'éclairage de la pandémie, elles se sont intensifiées. Si l'on en croit tous les articles de la presse occidentale sur la menace de l'expansionnisme russe en Ukraine ou l'invasion imminente de Taïwan par la Chine, la menace d'une guerre mondiale est plus proche que jamais, depuis ses six dernières décennies. Au cours des trois dernières, bien sûr, ce sont les puissances occidentales, sous le couvert de la "communauté internationale", qui ont pris la tête des agressions, comme en Irak, en Afghanistan et en Libye. Cela ne les empêche pas de se prétendre être les "gentils", de promouvoir la démocratie et les droits de l'homme contre les dictatures corrompues. Disons-le sans ambages : dans un monde impérialiste, tous les acteurs sont amenés à devenir des rapaces qui se battent pour leur propre compte. Il n'y a pas de "bons". Mais pour évaluer correctement où nous en sommes dans l'histoire, prenons du recul pour analyser comment nous en sommes là.

La guerre froide

On assiste à de nombreuses spéculations journalistiques sur une nouvelle "guerre froide" (tantôt entre les États-Unis et leurs alliés, tantôt avec la Chine, tantôt avec la Russie). Il s'agit d'une analogie compréhensible, puisque les deux parties traitent ouvertement l'autre d'agresseur, mais elle néglige une différence importante. La rivalité entre l'URSS et les États-Unis après 1945 n'était pas du même ordre. Certains prétendent que cette rivalité est restée une guerre "froide" uniquement parce que les deux parties avaient acquis des armes nucléaires en 1949 et n'osaient pas entrer en conflit direct, mais ce n'est qu'une partie de l'équation. Le point essentiel est que les deux parties sont sorties de la guerre en 1945 en ayant massivement étendu leur portée impériale. Elles étaient en quelque sorte des "puissances satisfaites", et avaient donc plus à perdre qu'à gagner à un conflit direct entre elles. Les armes nucléaires n'ont fait que donner plus de poids à ce calcul. Dans le même temps, la dévaluation massive du capital qu'a entraînée la Seconde Guerre mondiale a permis le démarrage d'un nouveau cycle d'accumulation. En effet, pendant près de trente ans après 1945, l'économie mondiale a connu son plus long et plus grand boom économique. Dans ce contexte d'une économie mondiale en plein essor dominée par deux "superpuissances", un nouvel ordre mondial a progressivement émergé. Le jeu impérialiste de la guerre froide s'est ainsi développé selon certaines règles non écrites, toutes fondées sur la nécessité d'éviter un conflit direct. Au lieu de cela, il était devenu une guerre de manigances et de stratégies. C'était beaucoup plus prévisible que la situation actuelle, qui est le point culminant d'une série de facteurs débutant à la fin du boom de l'après-guerre dans les années 1970. Cette inflexion à la baisse du cycle d'accumulation capitaliste a finalement entraîné une restructuration économique radicale, ainsi que le passage à la financiarisation et à la mondialisation, qui a impliqué le transfert des investissements occidentaux vers l'économie chinoise à bas salaires, stimulant ainsi sa montée en puissance en tant que moteur de l'économie mondiale. Enfin, et surtout, est survenu l'effondrement spectaculaire de l'URSS en 1991. Nous vivons donc dans un monde infiniment plus complexe que celui de l'ère post-1945.

La base matérielle de la rivalité initiale de la guerre froide découlait du fait que l'ordre impérialiste de l'URSS reposait non seulement sur l'occupation militaire évidente de l'Europe de l'Est, mais aussi sur le bloc économique qu'elle avait créé. Le calcul des États-Unis à Yalta, Téhéran et Potsdam était que leur appareil productif largement intact garantirait un dynamisme économique qui écraserait tout simplement le reste du monde, y compris les États qui passeraient sous le contrôle de l'URSS qui était à moitié dévastée. Or, ce n'est pas ce qui s'est passé. Après avoir pillé les États d'Europe de l'Est de leur outil industriel, Staline, malgré les promesses faites à Yalta de permettre des élections libres, a placé les partis communistes fidèles à Moscou au pouvoir dans chacun d'entre eux avant 1948. Mais le véritable coup porté aux attentes impérialistes américaines était que les économies satellites de l'URSS étaient à l'abri de la domination du dollar (qui allait régner en maître dans le reste du monde après Bretton Woods)(7) parce qu'elles étaient protégées par des monnaies non convertibles. C'est la principale raison pour laquelle l'URSS a refusé qu'aucune d'entre elles n'accepte l'aide Marshall, destinée à façonner le monde de l'après-guerre en fonction des besoins de l'économie américaine. Si elle avait été acceptée, l'Europe de l'Est se serait ouverte à l'Occident. L'érection de cette barrière commerciale impénétrable pouvait être considérée comme le premier acte de la guerre froide du côté de l'URSS.

Cependant, le véritable premier acte du nouvel ordre impérialiste mondial a été accompli par les États-Unis, avec le bombardement d'Hiroshima le 6 août 1945. Les apologistes de l'impérialisme américain affirment toujours qu'il s'agissait d'une nécessité stratégique pour amener les Japonais à se rendre sans perdre davantage de vies militaires américaines (toujours commodément évaluées à "un demi-million", soit plus du double du nombre total de civils qui sont morts immédiatement après les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki). Il s'agit d'un écran de fumée - même l'armée américaine avait jugé inutile le déploiement d'armes nucléaires. Le Japon n'était plus en mesure de résister et le bombardement de Tokyo avait été si intense qu'il y a eu plus de morts que dans les deux attaques nucléaires. Non, la véritable raison était de forcer les Japonais à se rendre avant que la Russie ne puisse avancer en Chine et en Corée. À Potsdam, Staline avait promis qu'il déclarerait la guerre au Japon trois mois après la capitulation de l'Allemagne.(8) L'Allemagne ayant capitulé le 8 mai, la date de l'entrée en guerre des Soviétiques en Extrême-Orient était fixée au 8 août. On pouvait s'attendre à ce que Staline, toujours formaliste lorsqu'il s'agit d'accords internationaux par rapport aux zones d'influence, tienne sa parole. Il avait refusé de croire qu'Hitler avait envahi l'URSS en juin 1941 (rompant ainsi le pacte nazi-soviétique de 1939) ; il s'en tenait aux accords territoriaux qu'il avait signés avec Roosevelt et Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale. Il respecte à la lettre sa promesse de Potsdam ainsi l'Union soviétique déclare la guerre au Japon précisément le 8 août.

C'est le coup de grâce pour la caste militaire japonaise, mais certains continuent de s'opposer à la capitulation, même après le largage d'une deuxième bombe atomique sur Nagasaki, le lendemain de l'entrée en guerre de l'URSS à l'Est. Le Japon capitule finalement le 15 août et, dans les 24 heures, les 730 000 soldats japonais de son armée de Kwantung en Mandchourie se rendent à l'Armée rouge. Leurs 1 155 chars légers, 5 360 canons et 1 800 avions sont remis au parti communiste chinois de Mao Zedong, faisant ainsi pencher la balance du pouvoir en Chine en sa faveur (malgré l'injonction de Staline de conclure un accord avec les nationalistes). Pendant ce temps, l'Armée rouge avance en Corée et aurait pu prendre toute la péninsule mais, à la grande surprise des Américains, Staline accepte la proposition de diviser la péninsule le long du 38e parallèle, même si les États-Unis n'ont alors pas de troupes en Corée.

Ces éléments indiquent que Staline considérait que l'alliance de guerre était toujours en vigueur, mais elle ne durera pas longtemps. Avant même que Staline ne commence à imposer des gouvernements en Europe de l'Est, Churchill, l'ancien Premier ministre britannique, annonçait à Fulton, dans le Missouri, en 1946, qu'un "rideau de fer" était désormais tombé sur l'Europe. En 1947. Alors, les États-Unis annoncent la doctrine Truman, qui vise exclusivement à "contenir le communisme".

Lorsque la Chine, "un quart de l'humanité", est devenue communiste, puis que les États-Unis ont perdu leur avantage nucléaire tandis que les scientifiques soviétiques mettent au point en 1949 la bombe atomique, la sonnette d'alarme commence à retentir à Washington. La première réaction des États-Unis est de créer l'OTAN et d'autres systèmes d'alliance à travers le monde pour "contenir le communisme". Le nouvel ordre mondial est désormais défini dans ses grandes lignes.

Ni l'URSS (qui avait émergé de la défaite d'une révolution prolétarienne dans les années 1920) ni la Chine (où la victoire de Mao n'avait rien à voir avec le prolétariat), n'étaient "communistes" au sens où Marx l'entendait. À partir de 1928, Staline a progressivement développé une économie capitaliste d'État productiviste et militarisée, qui se concentrait sur l'industrie lourde pour produire des armes (à partir de plans quinquennaux), mais qui ne parvenait pas à satisfaire bon nombre des besoins fondamentaux de la population. Le "développement des forces productives" sous le stalinisme n'incluait pas le développement de la vie des travailleurs, comme c'était le cas pour Marx. L'exploitation s'est poursuivie et une nouvelle classe dirigeante, la nomenklatura, apparait, qui pouvait transmettre ses privilèges à sa famille dans cette version du capitalisme fondée sur l'économie dirigée. Le marxisme a également été réduit à une téléologie sous le stalinisme. Dans la vision stalinienne du monde, le "socialisme existant" représentait l'avenir de l'humanité, tandis que les États occidentaux en crise allaient "inévitablement" "tomber comme des fruits mûrs" (Khrouchtchev). L'URSS n'a donc pas cherché directement à étendre son contrôle territorial, mais a soutenu avec de l'argent et des armes toute bourgeoisie locale d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine qui cherchait à se défaire de la domination du dollar qui, après Bretton Woods(9), s'imposait partout sauf dans le bloc soviétique.

Cependant, l'"endiguement du communisme" exigeait également que les États-Unis interviennent plus activement dans le monde. Des campagnes d'assassinats, des renversements de gouvernements élus et des campagnes militaires visant à maintenir leur empire ont caractérisé la politique étrangère américaine tout au long de cette période. Tout cela était fait au nom de la démocratie et de la liberté, et pourtant les États-Unis ont ignoré la répression par l'URSS des rébellions ouvrières en Pologne, en Allemagne de l'Est et en Tchécoslovaquie entre 1953 et 1968. Selon les règles du jeu, ces pays se trouvaient dans la "zone russe", et tout ce que l'on pouvait tenter de faire, c'était d'apporter le soutien secret de la CIA à des éléments subversifs (comme l'Église catholique en Pologne). En revanche, les États-Unis ont mené directement les guerres de Corée et du Vietnam, alors que l'URSS n'était présente que "par procuration". Les USA n'ont pas hésité à renverser les gouvernements de pays comme le Guatemala, le Chili, la Grenade et la République dominicaine qui menaçaient de nationaliser les entreprises américaines. Le schéma était le même dans tous ces cas. Ils craignaient soit qu'un autre État passe derrière le "rideau de fer" de la monnaie non convertible, soit que leurs investissements soient perdus au profit d'un gouvernement nationaliste et étatiste.

Cette politique interventionniste a conduit à la tentative infructueuse de renverser le régime nationaliste de Castro en 1961. Non seulement elle a échoué, mais elle a conduit Castro à épouser précipitamment le "marxisme-léninisme" afin d'obtenir la protection de l'URSS. L'obtention d'un pied dans "l'arrière-cour de l'Amérique" a été le gain le plus important pour l'URSS dans la période d'après-guerre, par contre, elle a entraîné la plus grave crise impérialiste que la guerre froide ait connue. Il s'agissait d'une confrontation à propos des armes nucléaires (bien qu'il faille souligner qu'il ne s'agissait pas d'une "confrontation nucléaire" en tant que telle). En 1962, les États-Unis disposaient non seulement de près de neuf fois plus d'armes nucléaires que l'URSS, mais certaines étaient même stationnées à la frontière de l'URSS, en Turquie. Khrouchtchev avait pensé rétablir l'équilibre en déployant secrètement une menace similaire à seulement 90 miles de Miami, mais les nouveaux sites de missiles ont été photographiés par des avions espions U-2 en octobre 1962. Après une impasse de 13 jours, le différend est résolu : l'URSS retire ses missiles en échange d'une promesse publique américaine de ne pas envahir Cuba. En secret, les États-Unis acceptent également de retirer leurs systèmes de missiles nucléaires de Turquie, un fait qui ne sera révélé qu'en 1971.

Si la question ne s'est pas transformée en guerre (et encore moins en guerre nucléaire), c'est en raison des mêmes facteurs qui étaient toujours en jeu en 1962. Cuba a été le premier État à se déclarer pro-URSS en dehors du continent eurasiatique, les enjeux étaient donc élevés. Toutefois, le boom de l'après-guerre est à son apogée et l'URSS considère que, de toute façon, elle "héritera" un jour du monde (cette "coexistence pacifique" est considérée comme une position passive par la Chine de Mao Zedong, ce qui conduit à la rupture avec Moscou). Lorsque Kennedy prononce le blocus de Cuba pour empêcher les ogives d'atteindre l'île, il parle de "quarantaine", car un "blocus" aurait été reconnu comme un acte de guerre. À Moscou, Khrouchtchev craignait que les États-Unis n'envahissent Cuba. Les troupes russes sur place ont donc reçu l'ordre de résister par tous les moyens, à l'exception de l'utilisation des armes nucléaires. De leur côté, les États-Unis craignent qu'une invasion de Cuba ne conduise l'URSS à envahir Berlin. Les deux parties sont en état d'alerte nucléaire, mais aucune n'est prête à être la première à frapper, bien que dans des circonstances plus désespérées, l'une ou l'autre aurait pu l'envisager.

Passons à 1983, à cette époque, le boom de l'après-guerre est terminé. La plupart des pays occidentaux sont confrontés à la "stagflation", cette combinaison de chômage et d'inflation avait entraîné des grèves sauvages et des luttes sociales dans tout l'Occident1(0) dans les années 1960-80. Cela a contraint les États à entamer le processus de restructuration qui conduira au déplacement des investissements et des emplois vers l'Est. L'URSS, quant à elle, était dans une situation encore pire, en raison de la stagnation économique, du gaspillage et de la corruption des années Brejnev. Son taux de croissance avait plus que diminué de moitié, passant de 5,7 % par an dans l'immédiat après-guerre à 2,6 % dans les années Brejnev. L'indice de l'effondrement des normes de la guerre froide se sont manifestés. Pour la première fois depuis 1945, l'URSS s'est sentie obligée de défendre ses intérêts impérialistes en envahissant un pays en dehors de son bloc, lorsque en 1979 Brejnev est entré en Afghanistan. Les conséquences devaient être considérables. Non seulement ce pays est devenu un cimetière pour des milliers de conscrits russes, mais, dans un renversement complet des rôles, le soutien américain aux combattants islamiques, les moudjahidines, a fait de l'Afghanistan le Vietnam de l'URSS.

Cette invasion a également exercé une pression énorme sur l'économie de l'URSS. Lorsque Brejnev meurt en 1982, le chef du KGB, Yuri Andropov, prend la relève. À ce moment-là, Reagan, en ignorant la montée en flèche du déficit budgétaire américain, s'est lancé depuis des années dans une nouvelle course aux armements (parfois appelée deuxième guerre froide). L'URSS consacrait déjà un quart de son PIB à l'armée, tandis que les États-Unis dépensaient beaucoup plus, mais seulement 6 % de leur PIB. Avec un taux de croissance annuel en baisse, l'URSS est déjà à bout de souffle. Dans ce contexte, l'OTAN organise en Europe le plus grand exercice militaire de son histoire (nom de code "Able Archer 83"), visant l'URSS. L'exercice est si important que l'URSS pense qu'une attaque est imminente. Le KGB a été chargé de le surveiller. Son rapport a amené Andropov à conclure, avec une certaine clairvoyance, que :

Les États-Unis se préparent à la guerre, mais ils ne sont pas prêts à la déclencher. Ils ne construisent pas des usines et des palais dans le but de les détruire. Ils s'efforcent d'acquérir une supériorité militaire afin de nous "contrôler", puis de nous déclarer "échec et mat" sans déclencher de guerre. Peut-être ai-je tort.(11)

Il n'avait pas tort. Sa perception résumait non seulement la nature de la guerre froide, mais aussi la nécessité de réformer la bureaucratie de l'URSS. Cependant, quelques mois plus tard, Andropov meurt et, en raison de la résistance des vieux partisans de la ligne dure au sein du Politburo, il faudra encore deux ans avant que le protégé d'Andropov, Gorbatchev, soit en mesure d'entamer ces réformes, sous le slogan de la Perestroïka et de la Glasnost. C'était trop peu, trop tard et pas populaire. Le processus sera saboté à chaque étape par les apparatchiks de la nomenklatura, qui tenteront finalement de se débarrasser de Gorbatchev mais ne réussiront qu'à faire tomber l'URSS elle-même.

Le nouvel ordre mondial

Dans un discours prononcé au Kremlin en 2005, Vladimir Poutine a qualifié l'effondrement de l'URSS de "plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle"(12). Les années qui ont suivi l'éclatement de l'URSS ont été marquées par le triomphalisme de l'Occident, résumé par l'écho ironique du stalinisme selon lequel nous étions à "la fin de l'histoire"(13). Officier du KGB à Berlin à l'époque, Poutine a ensuite dû observer la marche vers l'Est de l'OTAN et de l'UE jusqu'aux anciennes frontières russes. La Russie a perdu non seulement les satellites que sont l'Allemagne de l'Est, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, mais aussi l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, l'Azerbaïdjan et les républiques d'Asie centrale. L'État russe ne pouvait pas faire grand-chose à ce moment-là, car son économie subissait une "thérapie de choc" sur les conseils d'éminents économistes américains. Après la stagnation économique de la Perestroïka de Gorbatchev, Eltsine a tenté d'imposer en quelques mois une restructuration plus profonde de l'économie russe, une restructuration que l'Occident avait mis 20 ans à accomplir. Ce fut un désastre qui a, non seulement vu le PIB russe chuter de 40 % en 1999, mais encore 45 000 entreprises d'État vendues pour une bouchée de pain à ceux qui avaient déjà de solides relations politiques (et criminelles), créant ainsi une classe d'oligarques qui étaient littéralement une loi en soi. Le point culminant de cette période a été le krach financier de 1998, qui a entraîné la dévaluation du rouble et une misère supplémentaire pour la population dont l'espérance de vie diminuait. Poutine considère cette période comme celle où l'Occident a "trompé" ouvertement la Russie en promettant de ne pas étendre l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie(14). Au lieu de cela, l'OTAN et l'UE ont intégré avec enthousiasme dans leur orbite tous les anciens États du bloc de l'Est et certaines parties de l'ancienne URSS, à l'exception de la Biélorussie, de la Moldavie et de l'Ukraine. C'est un phénomène que Poutine est déterminé à stopper, et si possible à inverser, et c'est pourquoi il parle maintenant de défendre les "territoires historiques" de la Russie comme l'Ukraine.

Poutine a remplacé Eltsine en 2000. Il a d'abord dû s'occuper de quelques affaires locales. Son premier acte a été de faire passer une loi garantissant à Eltsine et à sa famille l'immunité pour les toute poursuite. Il a ensuite écrasé sans pitié les séparatistes tchétchènes sur le plan militaire, tout en accordant à la Tchétchénie un certain degré d'autonomie sous la direction de la personne qu'il avait choisie. Il a emprisonné Mikhaïl Khodorkovsky et démantelé son empire Ioukos, afin d'avertir les autres oligarques qu'ils devaient soit le soutenir, soit faire face à toute la puissance de l'État. Le reste de la société allait subir le même traitement au fil du temps, et l'assassinat des opposants, dans le pays et à l'étranger, allait devenir une politique d'État. Cependant, la reprise économique qui a suivi la dévaluation, fondée sur les prix élevés de l'énergie, bien qu'elle ait fait de la Russie l'un des pays les plus inégalitaires de la planète(14), a d'abord rendu Poutine véritablement populaire à l'intérieur de son pays.

Néanmoins, l'orgueil démesuré de l'Occident s'est poursuivi. Les "révolutions de couleur" en Ukraine et en Géorgie, qui ont renversé les gouvernements favorables à la Russie en 2004, ont été financées et soutenues par des éléments occidentaux(16). Ces "révolutions" ont confirmé le processus d'encerclement de la Russie, car elles ont toutes été accompagnées de mesures directes visant à les intégrer à l'OTAN (et, dans le cas de l'Ukraine, à l'UE). Il s'agissait des premiers défis lancés à la Russie sous Poutine, mais avec une économie plus forte, ce dernier est en meilleure position pour y répondre. Le premier différend était, en apparence, un différend commercial, mais dans un monde impérialiste, il n'existe pas de différend purement commercial. L'Ukraine recevait de la Russie du gaz bon marché (et recevait du gaz au lieu de payer des droits de transit pour les pipelines russes vers l'Europe). Cependant, au cours de l'hiver 2005-2006, Gazprom (avec le soutien de Poutine) a accusé l'Ukraine de siphonner le gaz destiné à l'UE et a exigé qu'elle paie désormais "le prix du marché" pour le gaz. Le pétrole et le gaz ont joué un rôle central dans le redressement économique de la Russie. Ils représentaient 70 % des recettes d'exportation de la Russie à cette époque et représentent encore aujourd'hui 40 % des recettes budgétaires. Une telle dépendance à l'égard des recettes énergétiques signifie que chaque geste du Kremlin doit être soigneusement calculé. La Russie veut utiliser la question énergétique pour faire pression à la fois sur l'UE et sur ses voisins les plus proches afin d'éviter toute nouvelle détérioration de son pouvoir géopolitique. Or, couper les approvisionnements en gaz signifie non seulement une perte de revenus, mais pourrait inciter les Européens à se tourner vers d'autres sources d'approvisionnement (le GNL américain issu de la fracturation étant l'une des options avancées par Trump en son temps) à plus long terme.

En 2006, le gaz a été coupé pendant trois jours jusqu'à ce qu'un compromis soit trouvé le 4 janvier. L'Ukraine a alors accepté de payer davantage et de ne pas empêcher le gaz russe d'atteindre les États de l'UE. Cela n'a pas empêché une nouvelle confrontation sur les prix du gaz en 2009. À l'époque, nous avions analysé cette situation comme étant plus délicate pour l'UE que la crise précédente. Poutine (au nom de l'entreprise prétendument privée Gazprom) a toujours refusé de vendre du gaz sur le "marché spot" (c'est-à-dire pour une utilisation immédiate en cas d'urgence) et n'honore que les contrats à long terme. Les crises de 2006 et 2009 visaient en fait à démontrer à l'UE que le gazoduc passant par l'Ukraine n'était pas fiable et que les Allemands, en particulier, devaient adhérer au gazoduc Nord Stream allant directement de la Russie à l'Allemagne (et non via les États satellites de l'ex-URSS comme l'Ukraine, la Pologne et le Biélorussie) pour obtenir un approvisionnement fiable. Nous l'avions noté à l'époque,

Tout au long de la guerre froide, l'URSS n'a pas une seule fois coupé l'approvisionnement en gaz. La situation est différente aujourd'hui. Pour l'UE, la crise gazière de janvier n'a fait que souligner que la Russie est prête à utiliser l'énergie comme arme politique. L'ère de l'antagonisme véritable et sans conséquences à l'égard de la Russie est révolue et les États membres qui se montrent ouvertement anti-russes, comme la Pologne et la République tchèque, devront être freinés... Sur le front du gaz, l'Ukraine n'a d'autre choix que d'accepter tout ce que dit la Russie, ce qui ne manquera pas d'accroître son influence. (Même si les querelles entre les factions pro-occidentales et pro-russes de la classe dirigeante vont se poursuivre)(17).

Les querelles entre les fractions en Ukraine se poursuivent à ce jour. En Russie, comme nous l'avons vu, l'État a largement forcé ses oligarques à rentrer dans le rang. Ce n'est pas le cas en Ukraine, où, en 2013, une cinquantaine d'oligarques contrôlaient 45 % de l'économie(18) et des hommes politiques. Certains sont basés dans l'Ouest ukrainophone et d'autres dans l'Est russophone (notamment le Donbass). La rivalité entre eux face à une série de crises économiques(19) (notamment après l'éclatement de la bulle spéculative sur l'économie mondiale en 2008) a sapé toute réponse concertée aux manœuvres russes. Les conséquences sont apparues clairement en 2014, mais avant de nous pencher sur cette question, il convient de tenir compte de l'impact de l'autre révolution "de couleur", la "révolution des roses" en Géorgie.

En Géorgie, le schéma était le même, mais le résultat a transformé les perspectives impérialistes russes. Le renversement d'Edouard Chevardnadze, autrefois ministre des Affaires étrangères de Gorbatchev, en tant que président de la Géorgie, a suscité des appels à l'admission de la Géorgie dans l'OTAN. Les parties sud-ossètes et abkhazes de la Géorgie refusent de reconnaître le pouvoir de Tbilissi et, en 1996, la Russie se joint aux sanctions imposées à l'Abkhazie par la Communauté des États indépendants. Celle-ci avait été créée par Eltsine en tant qu'organisation succédant à l'URSS. Après la révolution des roses, Poutine a décidé de mettre fin à ces sanctions et, en 2008, les troupes russes ont pénétré en Abkhazie pour soutenir les séparatistes. Saakachvili, le nouveau président géorgien, a répondu en attaquant l'Ossétie du Sud (pensant que les allusions de l'OTAN se transformeraient en aide réelle). Les troupes russes se sont mal comportées, mais elles ont tout de même réussi à envahir la Géorgie, et l'OTAN n'a rien fait. L'impérialisme russe faisait un retour en force, et l'invasion de la Géorgie faisait partie du rééquilibrage de l'équilibre des forces sur le territoire de l'ancienne URSS, comme nous l'avions noté à l'époque :

Les Russes ont également fait quelques progrès dans la restauration de leur autorité en Asie centrale (où les États-Unis ont dû abandonner au moins une base). L'année dernière, ils ont rejoint la Chine et l'Iran au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai, qui vise à contrer les tentatives américaines de contrôler le pétrole et le gaz de la mer Caspienne. Dans le même temps, la Russie a renoncé à tout soutien aux sanctions contre l'Iran et a relancé la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr.
Cependant, l'invasion de la Géorgie à partir de l'Ossétie du Sud par l'armée russe représente un nouveau départ. L'invasion russe du 8 août a sans doute été provoquée par les tirs de roquettes de l'armée géorgienne sur Tskhinvali mais il ne fait aucun doute que les Russes étaient prêts. Les États-Unis ont une base en Géorgie et ont entraîné l'armée géorgienne. 2 000 soldats géorgiens qui constituaient le troisième contingent le plus important en Irak, ont été rapatriés par avion dans des transports américains pour aider à la défense de Tbilissi. L'action russe est un défi direct et calculé aux États-Unis. Ces derniers, coincés par leurs engagements en Afghanistan et en Irak, en sont réduits à faire des déclarations pieuses(20).

Il en a été de même en 2013-2014 en Ukraine. Le pro-Moscou Ianoukovytch avait été chassé par la "Révolution orange", mais les divisions entre ses opposants ont conduit à sa réélection en 2010 en promettant de rester en dehors de l'OTAN mais de travailler en association avec l'UE. Lorsqu'en 2014, il est soudainement revenu sur l'accord d'association avec l'UE, des manifestants ont commencé à occuper la place de l'Indépendance (Maïdan) à Kiev et, après que plusieurs d'entre eux aient été tués, Ianoukovytch a pris la fuite. Poutine, enhardi depuis la Géorgie, a envoyé secrètement des troupes russes dans l'est de l'Ukraine pour y aider les éléments pro-russes. Jusqu'à présent, 14 000 personnes sont mortes (et continuent de mourir) dans les retombées de la crise. Le Donetsk et Louhansk échappent toujours au contrôle du gouvernement ukrainien, tandis que Poutine a aussi envahi et annexé la Crimée. Il s'agit de la première réoccupation ouverte d'un ancien territoire de l'URSS par la Russie. L'Ukraine n'étant pas membre de l'OTAN (bien que ses troupes aient participé à ses exercices), l'Europe et les États-Unis, divisés, n'avaient aucune obligation formelle d'agir(21). Ils ont tout au plus pu se mettre d'accord sur des sanctions, qui ont manifestement eu peu d'impact.

Alors pourquoi Poutine rassemble-t-il des troupes importantes à la frontière ukrainienne pour la deuxième fois cette année ? Tout a commencé avec la signature par l'administration Biden d'un accord visant à fournir à l'Ukraine 125 millions de dollars d'armement en avril 2021. Le Pentagone a ouvertement déclaré qu'il s'agissait d'une "défense contre l'agression russe"(22). Cet accord a été suspendu en juin, de sorte que les forces russes ont commencé à se retirer, avant que la moitié du paquet ne soit réaffirmée par le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, lors d'une visite à Kiev en octobre. Le renforcement des troupes russes a donc repris. Et les États-Unis ne sont pas la seule puissance de l'OTAN à armer l'Ukraine. La Turquie a vendu des drones que l'Ukraine a utilisés en octobre pour détruire l'artillerie séparatiste à Louhansk(23). Et les Britanniques, toujours à la recherche de marchés d'armes dans le monde entier, ont également participé à l'opération en vendant des missiles à l'Ukraine. Et pour affirmer leur loyauté à l'égard de l'Alliance occidentale (c'est-à-dire pour s'attirer les faveurs de Washington), la Royal Navy a envoyé le destroyer de type 45 HMS Defender, sur une route délibérément provocatrice à moins de 5 miles des côtes de Crimée(24).

Poutine et l'Occident jouent ainsi à ce que l'on appelait, lors de la première guerre froide, la "politique de la corde raide". Ce que Poutine a compris, c'est que les États-Unis se sont retirés de leur positionnement précédent de gendarme du monde. Au cours des dix dernières années, ils se sont retirés de Syrie (la Russie a ainsi sauvé le régime Assad), d'Irak et d'Afghanistan, ne laissant derrière eux que chaos et misère. Il est conscient que l'Occident et l'Europe sont divisés sur la manière de réagir à son retour en arrière après les 30 dernières années d'expansion de l'OTAN. Il est également conscient de la faiblesse relative de la Russie face aux forces combinées de l'OTAN. L'armée ukrainienne de conscrits est la troisième plus grande d'Europe (plus de 700 000 hommes) et fait l'objet d'une réforme et d'une réorganisation qui, avec les armes nouvelles et sophistiquées des puissances de l'OTAN, la rendra plus efficace. Poutine craint que l'Ukraine ne soit bientôt assez forte pour récupérer le Donbass. Il sait aussi qu'il y a des situations dans lesquelles la neutralité est plus importante que l'action. Ainsi, dans le Caucase, en 2020, il est resté neutre dans la guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, permettant au soutien inconditionnel d'Erdoğan à l'Azerbaïdjan d'entraîner la défaite rapide de l'Arménie(25). Il semble avoir appris de l'Afghanistan - via l'aventure de Brejnev dans les années 1980 et la débâcle américaine de vingt ans dans ce pays - que toute action militaire doit être soudaine, courte et décidée. L'avantage supplémentaire de cette situation est que les puissances occidentales n'ont pas de politique établie sur la manière de traiter la politique russe plus agressive dans son propre jardin, ainsi il y a toujours la possibilité d'exploiter les différences entre elles sur des questions telles que Nord Stream 2.

Trump a notoirement aggravé ces divisions en critiquant certains des "alliés" les plus importants de l'OTAN. Depuis, Biden a réparé certains obstacles avec les alliés européens, mais l'Europe craint toujours que les États-Unis ne concluent un accord avec Poutine sans la consulter, et qu'ils les laissent ensuite gérer les conséquences. Blinken, le secrétaire d'État américain a déjà concédé que Nord Stream 2 sera mis en service en 2022 (le nouveau gouvernement allemand ne l'ait pas encore sanctionné), bien qu'il ait obtenu de la chancelière sortante Merkel qu'elle accepte la menace de sanctions conjointes supplémentaires si la Russie commence à interrompre l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine.

Les États-Unis veulent vraiment se concentrer sur la menace bien plus redoutable pour leur domination mondiale qui vient de la Chine. Bien que la rhétorique soit différente, "le pivot vers l'Asie", et la nécessité de couper les faux frais de ses engagements impérialistes ailleurs dans le monde, sont à peu près les seules questions qui unissent la majeure partie de la classe dirigeante américaine (de Trump à Biden). Dans le cadre de la nécessité de se concentrer sur la Chine, l'ignominieuse retraite d'Afghanistan a été négociée par l'administration Trump dont les concessions aux talibans ont sapé le gouvernement afghan(26) au point que seul un réengagement massif des troupes américaines aurait pu le préserver. Biden était tout aussi critique de la futilité de l'aventure afghane que Trump, et n'a donc rien fait pour empêcher la débâcle de Kaboul. Bien que l'on parle beaucoup de "lignes rouges" et de "conséquences graves pour les deux parties", la perspective de réunions à Genève en janvier et d'un face-à-face entre Biden et Poutine en février devrait garantir que le théâtre actuel autour de l'Ukraine se poursuivra au cours de la nouvelle année. Pour preuve, Poutine a retiré 10 000 soldats des "exercices" la veille de Noël, ce qui laisse encore environ 90 000 soldats à la frontière orientale de l'Ukraine et en Crimée. Toutefois, alors que les États-Unis se concentrent davantage sur la "menace chinoise" et souhaitent traiter la Russie séparément, cette distinction pourrait être plus difficile à maintenir au vu des récents développements entre ces deux États. L'année dernière en particulier, la Russie et la Chine ont cherché à renforcer leur coopération.

La Russie/Chine et les Etats-Unis

Il n'en a pas toujours été ainsi. Bien que partageant un passé stalinien (pendant seulement 7 ans environ, il faut le dire), la République populaire de Chine et l'URSS/Russie n'ont jamais été très proches. Elles ont même mené une guerre non déclarée de sept mois en 1969, qui, selon certaines sources, était bien plus proche d'un conflit nucléaire que n'importe quelle rivalité entre les États-Unis et l'URSS(27). Aujourd'hui, de nombreuses raisons matérielles expliquent le rapprochement des deux plus grandes puissances d'Eurasie. Leurs rivalités distinctes avec les États-Unis leur ont donné un élan supplémentaire depuis l'entrée de la Russie en Crimée en 2014(28). En 2020, la valeur du commerce russo-chinois s'élevait à 103 milliards de dollars, mais les deux États ont signé un accord visant à doubler ce chiffre en quatre ans(29). La Russie est le principal fournisseur d'armes de la Chine et la deuxième source de son pétrole. En outre, la Chine a investi au moins 20 % dans l'usine GNL (Gaz Naturel Liquéfié) de Yamal, au cercle polaire, et dans le gazoduc "Power of Siberia", un projet gazier de 55 milliards de dollars, le plus important de l'histoire de la Russie. Ces deux projets permettront de livrer du gaz à la Chine. Le gaz de l'usine GNL de Yamal sera livré par des brise-glaces capables de couper la glace de 2,5 mètres d'épaisseur pour traverser la route maritime du Nord(30), tandis que le gazoduc "Power of Siberia", le plus grand que la Russie n'ait jamais construit, aura une branche vers la Chine à partir de Blagovechtchensk, bien qu'il ne sera ouvert qu'en 2022, avec quatre ans de retard sur le calendrier prévu(31). En effet, avec le réchauffement climatique, le cercle arctique est devenu une zone d'opportunité pour les deux puissances, offrant une route plus rapide pour les exportations chinoises vers l'Europe. Comme l'ont récemment fait remarquer nos camarades canadiens :

La route de la soie polaire est rattachée à l'imposante initiative chinoise "Belt and Road" qui cherche à mettre en place des projets d'infrastructure massifs à travers l'Asie, l'Afrique et l'Europe afin de lier davantage l'économie mondiale au capital chinois et de défier ouvertement le capital américain(32).

La Chine espère non seulement construire un port à l'embouchure de la rivière Dvina en Russie, mais aussi tirer profit de l'exploitation des riches gisements de nickel, de fer, de plomb, de zinc, de phosphates et d'or que l'on trouve dans ses régions arctiques.

Depuis 2014, les sanctions américaines contre les deux États ont fait en sorte que le rapprochement Chine-Russie aille au-delà de la coopération économique. Alors que les États-Unis se démenaient pour évacuer des personnes à Kaboul en août, les deux pays s'engageaient dans des "exercices conjoints à grande échelle pour la première fois à l'intérieur de la Chine"(33). En octobre, des navires de guerre chinois et russes ont organisé des manœuvres conjointes dans le Pacifique, complétant au passage un quasi-cercle autour de l'île principale du Japon. Puis, le 19 novembre, les deux armées ont envoyé des bombardiers dans les zones de défense aérienne du Japon et de la Corée du Sud, "obligeant Séoul à faire décoller, en réponse, ses avions de chasse"(34). Quatre jours plus tard, les ministres de la Défense de la Russie et de la Chine ont signé une "feuille de route pour une coopération militaire plus étroite" pour les quatre prochaines années, en invoquant les menaces aériennes des États-Unis(35). Le document ajoute que les deux pays partagent le désir de contrer l'idéologie américaine perçue comme étant "le militarisme, l'interventionnisme et l'imposition forcée des valeurs américaines aux autres pays"(36). Et bien sûr, cette nouvelle alliance militaire est "une contribution à la paix".

Si cela semble familier, c'est parce que nous avons été soumis à exactement la même propagande de la part des États-Unis et de leurs alliés. Bien qu'ils restent la force la plus puissante sur Terre, tant sur le plan économique que militaire, représentant 60% des dépenses mondiales en armement, les États-Unis veulent que cela reste ainsi. Comme l'a clairement indiqué Biden au début de l'année :

Sous ma surveillance, la Chine n'atteindra pas son objectif de devenir le premier pays du monde, le plus riche et le plus puissant(37).

Cependant, dans la région indo-pacifique, les États-Unis n'ont pas d'alliance comme l'OTAN, avec ses structures intégrées de commandement et de contrôle. En fait, la seule des alliances asiatiques conclue par les États-Unis qui possède une telle structure est celle conclue avec la Corée du Sud. Pendant la guerre froide, les États-Unis ont tenté de créer un équivalent de l'OTAN dans la région, l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est, ou l'OTASE. Cette organisation n'est toutefois jamais devenue une véritable alliance militaire et n'avait pas l'ennemi commun que représentait l'URSS en Europe ; elle a donc été dissoute en 1977. Les États-Unis tentent aujourd'hui d'inciter les alliés de l'OTAN à assumer une plus grande part du coût des dépenses militaires contre la Russie dans leur propre arrière-cour, tout en essayant de créer une série d'alliances contre la Chine qui pourraient, à terme, correspondre au type de coopération étroite dont jouissent les États de l'OTAN.

Il n'est pas difficile pour les États-Unis de se faire une idée de la "menace chinoise". La construction d'îles artificielles en mer de Chine méridionale, l'insistance sur le fait qu'il s'agit pratiquement du Mare Nostrum de la Chine et les différends avec le Japon, le Vietnam, les Philippines et d'autres États de la région sont bien réels. La milice maritime chinoise (des centaines de bateaux de pêche armés) est utilisée pour faire valoir les revendications de la Chine pour contrôler diverses îles, tout en ne faisant pas officiellement partie de l'appareil d'État(39).

Dans le même temps, les États-Unis intensifient la répression sur les questions idéologiques. La répression des Ouïghours au Xinjiang et le démantèlement de l'opposition démocratique à Hong Kong, ainsi que le contrôle de plus en plus autoritaire que le président Xi exerce sur le Parti communiste chinois, correspondent tous au discours américain "nous défendons la démocratie". En février 2021, Biden a rendu ce discours plus explicite.

Nous sommes à un point d'inflexion entre ceux qui affirment que... l'autocratie est la meilleure voie à suivre et ceux qui comprennent que la démocratie est essentielle(40).

En jouant sur ces menaces militaires et idéologiques, les États-Unis ont renforcé leurs alliances, tant formelles qu'informelles, dans le cadre de leurs manœuvres visant à conserver leur position dans le grand jeu de la domination mondiale. Il s'agit notamment du Dialogue quadrilatéral sur la sécurité (Quad), qui regroupe les États-Unis, l'Australie, le Japon et l'Inde, de l'organisation du partage des renseignements Five Eyes, qui regroupe les États anglophones : les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande, et, plus récemment, de l'accord controversé conclu par les États-Unis avec l'Australie et le Royaume-Uni, AUKUS.

L'opération Five Eyes consiste essentiellement pour les États-Unis à tenir leurs alliés informés de ce qu'ils ont appris des avancées chinoises, mais le Quad organise chaque année des manœuvres navales conjointes dans toute la région Asie-Pacifique depuis les années 1990. L'exercice 2020 a eu lieu au large de la côte de Malabar et a bénéficié de la présence des marines de la Nouvelle-Zélande, de la Corée du Sud et du Vietnam. C'est au cours de cet exercice que la création d'une "OTAN" pour la région Asie-Pacifique a été ouvertement discutée pour la première fois. Un pas supplémentaire vers une nouvelle alliance contre la Chine dans le Pacifique a été franchie cette année avec la formation de l'AUKUS. Nos camarades australiens ont résumé ses objectifs :

Le 15 septembre, dans le cadre des efforts renouvelés déployés par les États-Unis sous la direction de Biden pour rassembler leurs alliés contre la Chine, Biden, Morrison et Johnson ont signé le pacte AUKUS, qui implique non seulement que l'Australie construise désormais des sous-marins nucléaires au Corp d'Osborne, en Australie-Méridionale, mais aussi qu'elle renforce l'interopérabilité militaire, les nouvelles formes de réunions et d'engagements entre les ministres de la défense et responsables des affaires étrangères, et qu'elle approfondisse la coopération dans les domaines de la cybernétique, de l'IA appliquée, des technologies quantiques et des capacités sous-marines(41).

Et pour clore l'année 2021, le Japon et les États-Unis ont maintenant concocté un plan en cas d'attaque chinoise sur Taïwan :

Dans le cadre de ce plan, le corps des marines américain établirait des bases temporaires sur les îles Nansei qui s'étendent de Kyushu - l'une des quatre îles principales du Japon - à Taïwan en cas d'urgence pour Taïwan et y déploierait des troupes ...(42).

Ces alliances aident énormément à consolider la puissance américaine, en particulier contre le défi croissant perçu de la Chine. Cette situation contradictoire dans laquelle l'impérialisme s'est fourvoyé comporte de nombreuses situations cocases. La montée en puissance de la Chine était prévu dès l'injection de doses massives de capital occidental qui n'avaient pu trouver des niveaux de profits suffisants en occident après les années 1970. Les produits de base chinois bon marché fabriqués par la classe ouvrière chinoise sauvagement exploitée, ont non seulement permis aux économies occidentales de se restructurer face à une crise économique mondiale d'accumulation, mais ont également conduit à la création d'un géant économique qui affirme ouvertement qu'il deviendra la puissance dominante du monde d'ici 2049, défiant le pays même d'où provient son capital initial. Cela met certainement à mal la notion capitaliste selon laquelle le commerce, en particulier le "libre-échange", favorise une paix durable, en fait toute l'histoire de l'impérialisme a déjà amplement démontré le contraire. L'Occident est commotionné par le fait que l'adoption du "marché" par la Chine n'a pas automatiquement conduit à l'effondrement du pouvoir du parti communiste. On a supposé qu'elle suivrait le chemin de l'URSS. Or, plus de trente ans après le massacre de Tiananmen, le pouvoir du Parti semble plus fort que jamais.

La véritable crainte des États-Unis est que la croissance économique de la Chine lui fournisse la base pour transformer les rapports de force. Pour l'instant, cela semble bien loin et le dollar règne toujours en maître dans le commerce mondial, sans rival sérieux, comme c'est le cas depuis 1945. Cependant, certains signes sont inquiétants pour les États-Unis. L'initiative chinoise "la Ceinture et la Route", dont on a beaucoup parlé dans ces pages, a déjà été analysée, mais aujourd'hui 142 États y ont adhéré de diverses manières. Beaucoup de ces pays posent des problèmes, mais le projet se poursuit. Dans le même temps, le retrait de Trump du Partenariat trans-pacifique a ouvert la porte à la Chine pour parrainer un bloc commercial alternatif, le Partenariat économique global régional (RCEP).

Le bloc commercial RCEP est le plus important au monde, tant en termes de populations que de PIB, représentant approximativement 30 % du total mondial pour chacun des deux. Les pays membres du RCEP sont l'Australie, le Brunei, le Cambodge, la Chine, l'Indonésie, le Japon, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, Singapour, la Corée du Sud, la Thaïlande et le Vietnam. Cela équivaut à une valeur de marché de près de 25 000 milliards de dollars US et il représente une base de consommateurs totale d'environ 2,5 milliards, dont environ un milliard de consommateurs de la classe moyenne. C'est à peu près l'équivalent de 3 fois les États-Unis(43).

Le bloc commercial vise à réduire à zéro les droits de douane sur 92 % des biens échangés par ses membres. Ainsi, même si de nombreux économistes pensent que cela ne représentera pas grand-chose, cela pourrait changer la donne. La Chine s'est remise de la pandémie plus rapidement que prévu. Ses exportations annuelles ont augmenté de 22 % en novembre 2021, ce qui représente sa plus forte croissance en dix ans. En revanche, le secteur immobilier chinois est en crise après la défaillance du conglomérat Evergrande le 6 décembre. Le secteur immobilier chinois représente environ un tiers de la production économique totale, ce qui ne manquera pas d'avoir un effet négatif sur les chiffres de la croissance globale pour 2022.

Même sans la pandémie, la situation actuelle n'est pas aussi prévisible que les rivalités d'après-guerre entre l'URSS et les États-Unis. Alors que Poutine tente ouvertement de rétablir l'équilibre des forces aux frontières sud et ouest de la Russie(44), les États-Unis ont également qualifié la Chine de puissance "révisionniste". À eux seuls, les États-Unis disposent toujours, du moins sur le papier, d'une puissance militaire suffisante pour affronter non seulement la Russie et la Chine, mais aussi les cinq autres grandes puissances dans le monde. Leur budget militaire passera à 750 milliards de dollars cette année, mais alors que ce chiffre représentait 6 % de leurs dépenses à l'époque de Reagan, il en représente aujourd'hui 15 %. Il est peu probable qu'il diminue étant donné à la fois la gravité de la menace perçue (naturellement évoquée par les militaires et les industries qui obtiennent les contrats) et le développement constant de nouveaux types d'armement. En fait, une course aux armements dans le domaine de la cyberguerre, de la guerre des drones et des systèmes de défense antimissile se poursuit à un rythme effrainé, le tout motivé par la crainte de perdre un avantage stratégique dans un domaine quelconque.

Le plus inquiétant est l'idée de plus en plus répandue au sein de toutes les forces militaires que des armes nucléaires tactiques à faible rendement peuvent être utilisées sur le champ de bataille. En février 2020, les États-Unis ont mené un exercice militaire simulant l'utilisation d'une arme nucléaire lancée par un sous-marin contre la Russie(45) (qui, selon les renseignements américains, envisage également cette possibilité). En outre, la Chine dispose de nouvelles armes qui pourraient neutraliser la supériorité des États-Unis en matière de porte-avions, comme le missile "tueur de porte-avions" Dongfeng-41 ("East Wind")(46), tandis que son récent essai d'un véhicule hypersonique(47), qui aurait lancé un missile en se déplaçant à cinq fois la vitesse du son, n'a fait qu'intensifier la course aux armements. La question que l'on peut se poser est "où cela nous mène-t-il" ? Les armes ne se mangent pas et ne peuvent pas être utilisées pour créer quoi que ce soit. En tant qu'outils, elles ont une utilité limitée pour la chasse à la faune et à la flore sauvages de la Terre, mais à part cela, elles ne font que rapporter de l'argent à ceux qui les vendent aux nombreuses parties belligérantes dans les conflits "locaux" du monde, du Sahel et de la Syrie à l'Éthiopie et au Yémen. Elles apportent la misère à des millions de personnes, mais l'ampleur de la souffrance actuelle ne sera rien comparée à ce que le système est en train de préparer.

Le boom qui a suivi la Seconde Guerre mondiale reposait sur la destruction massive du capital, ce qui a permis de lancer un nouveau cycle d'accumulation. L'ampleur de cette destruction était suffisante pour qu'aucune puissance ne s'engage à la légère dans une guerre généralisée. Les coûts devaient être pesés dans la balance. Cependant, le boom économique a pris fin au début des années 70, et le système a titubé d'un expédient à l'autre pour survivre. Le transfert d'une grande partie de la capacité de production vers la Chine n'était que l'un d'entre eux, mais aujourd'hui, cela a simplement reproduit une rivalité impérialiste du type le plus dangereux, avec de nouvelles alliances et une nouvelle course aux armements hautement sophistiquée dans de nombreux domaines. Il est impossible de prévoir quand cela conduira à un conflit plus généralisé, bien que l'amiral Davidson, le chef sortant du commandement américain pour l'Indo-Pacifique, ait ouvertement déclaré que ce serait dans "les six prochaines années" (alors qu'il appelait, bien sûr, à une augmentation du budget militaire)(48). Le système nous entraîne inexorablement sur cette voie plus que dangereuse. Le point de conflagration réel pourrait ne pas être l'Ukraine ou Taïwan ; en ces temps incertains, rien ne peut être exclu. Il s'agit d'une lutte pour la maîtrise de la planète, et elle ne disparaîtra pas. Comme l'ont conclu nos camarades italiens dans un récent article sur Taïwan :

Il est évident que le capitalisme prépare un nouveau conflit d'importance mondiale et n'a pas peur de pousser la planète au bord du gouffre, non seulement sur le plan environnemental, mais aussi, désormais ouvertement, sur le plan économique et social. Même si c'est parfois inconscient, le capitalisme poursuit l'idée que tout être humain sensé déteste et rejette instinctivement l'idée de la destruction, comme son salut ou sa résurrection. En dévalorisant le capital et en favorisant la "destruction créatrice" tant désirée selon la célèbre définition de Schumpeter, le capital aurait alors la voie libre pour recommencer un nouveau cycle d'accumulation comme après les guerres précédentes, quels que soient les effets que cette "régénération" aurait sur la planète et sur sa population(49).

Jock
Communist Workers’ Organisation
décembre 2021

Notes :

Photo de : commons.wikimedia.org

(1) leftcom.org

(2) voir : “How the Pandemic Revealed the Real Health of Nations” dans Revolutionary Perspectives n° 18. ou : leftcom.org

(3) Ibid.

(4) Ces lignes ont été écrites avant l'apparition d'Omicron.

(5) Par exemple, the WHO’s Special Envoy Dr David Nabarro

(6) Par pure cupidité, Pfizer prend la palme, voir “The Inside Story of the Pfizer Vaccine” Financial Times 1er decembre 2021 euronews.com

(7) Voir notre Revue Revolutionary Perspectives 18 or leftcom.org

(8) Pour plus ample connaissance sur ce theme voir leftcom.org

(9) Voir : leftcom.org

(10) Les archives russes du KGB ne sont pas encore réellement ouvertes mais les archives ukrainienne de KGB sont et ont été analysées par des historiens US. wilsoncenter.org

(11) Et ce que l'on ne sait pas souvent, ces luttes dures ont eu la même forme dans les pays de l'Est et en URSS également. Cf Syndicalisme & libertés en Union soviétique, Petite collection Maspéro.

(12) Voir : "Putin deplores collapse of USSR". BBC News. 25 avril 2005.

(13) Marx a toujours soutenu que l'établissement du communisme serait "le début de la véritable histoire humaine".

(14) Un point qu'il a répété récemment, comme le rapporte le Financial Times. Voir : digital.olivesoftware.com

(15) 110 personnes contrôlent 35 % des revenus de la Russie. huffingtonpost.com

(16) Pour plus d'informations, voir : leftcom.org

(17) leftcom.org

(18) Aujourd'hui, ce chiffre est beaucoup plus bas en raison de la pandémie et du conflit avec la Russie. en.wikipedia.org

(19) Selon la Banque mondiale, l'Ukraine a désormais le PIB par habitant le plus faible d'Europe ; des milliers de personnes ont émigré en Pologne et ailleurs.

(20) Pour pluis de détails, voir: leftcom.org

(21) Poutine considère la prise de la Crimée comme la réparation d'une injustice historique datant de l'époque de l'URSS. La Crimée a toujours été russe jusqu'en 1954, date à laquelle elle a été cédée à l'Ukraine par un "ukase" (décret) émis par Khrouchtchev en février 1954 dans sa lutte pour succéder à Staline. Un fac-similé de ce décret se trouve dans les archives du KGB ukrainien conservées par le Wilson Centre cité plus haut. Poutine lejuge comme illégal, même au regard de la loi soviétique : lemonde.fr.

(22) nbcnews.com

(23) themoscowtimes.com

(24) Le gouvernement britannique a d'abord tenté de nier que le trajet était provocateur et qu'il ne concernait que la Royal Navy, mais la découverte de documents du ministère de la Défense à un arrêt de bus dans le Surrey, laissés par le candidat ambassadeur auprès de l'OTAN, a révélé que c'est précisément ce qui a été discuté "au plus haut niveau". bbc.co.uk L'ambassadeur n'a pas obtenu le poste !

(25) Voir leftcom.org

(26) Voir leftcom.org

(27) Il est difficile de trouver des documents officiels, car on ne dispose toujours pas de sources fiables à ce sujet. Une chose semble s'être produite qui a conduit Mao à l'idée d'un rapprochement avec les États-Unis..

(28) Voir aljazeera.com

(29) statista.com

(30) ft.com

(31) hydrocarbons-technology.com

(32) Voir leftcom.org

(33) militarytimes.com

(34) aljazeera.com

(35) militarytimes.com

(36) militarytimes.com

(37) Noté in amp.theatlantic.com

(38) Pour une analyse plus détaillée de ce qui se passe autour de Taïwan, voir leftcom.org

(39) aljazeera.com

(40) Noté sur : amp.theatlantic.com

(41) leftcom.org

(42) theguardian.com

(43) silkroadbriefing.com

(44) L'utilisation rapide de troupes russes et biélorusses pour sauver le gouvernement du Kazakhstan d'un "soulèvement populaire" en est un autre exemple.

(45) theguardian.com

(46) businessinsider.com

(47) theguardian.com

(48) news.usni.org

(49) leftcom.org

Wednesday, February 16, 2022