Pas de guerre mais guerre de classe : Déclaration de NWBCW Montréal

Nous publions ici la traduction d'une déclaration du NWBCW Montréal.

L’ennemi principal est chez nous !

Vides de sens sont les slogans des capitalistes sur la démocratie, l'autodétermination nationale, l'État de droit et la paix entre les nations. Que signifient ces idéaux abstraits dans la réalité, si ce n'est qu'ils servent d'excuse aux pénuries alimentaires en Afrique, au froid de l’hiver qui s'annonce à Berlin, aux villes réduites en ruines en Ukraine et aux réfugiés en masse ? Vides sont tous les slogans capitalistes d'unité nationale et de paix sociale alors que c'est la classe ouvrière qui souffre en premier de cette souffrance, comme nous le voyons clairement ici à Montréal et comme on le constate partout dans le monde. Les slogans russes de « dé-nazification », de partenariat égalitaire et de souveraineté sont vides de sens à côté des bombardements civils, des profits sur les produits énergétiques et du massacre d'une génération de jeunes travailleurs russes et ukrainiens.

Ce n'est que par la lutte de notre classe sur son propre terrain et en adoptant sa propre perspective politique que la spirale de l'ordre capitaliste vers la barbarie pourra être enrayée.

La classe capitaliste et ses États, en essayant de maîtriser l'effondrement économique, font pression sur la classe ouvrière et sont poussés vers la guerre impérialiste. Ainsi, la politique de la classe capitaliste canadienne devient claire : s'opposer au rival russe en utilisant la dernière goutte de sang des travailleurs ukrainiens tout en attaquant les conditions de vie et de travail de sa « propre » classe ouvrière. Dans le monde entier, la classe capitaliste suscite une hystérie guerrière et appelle les travailleurs à se ranger derrière l'un ou l'autre camp dans le conflit. Le tempo de cette musique va s'accélérer au fur et à mesure que le conflit se généralise.

Depuis la fin du boom d'après-guerre dans les années 1970 et l'éclatement de la bulle spéculative en 2007-8, la classe capitaliste a pu éviter l'effondrement économique grâce à la détérioration du niveau de vie de la classe ouvrière. Aujourd'hui, la classe capitaliste, qui prévoit une récession prochaine, craint que cela ne soit plus suffisant en soi. Au contraire, elle est de plus en plus poussée dans la concurrence impérialiste la plus féroce, chaque économie nationale cherchant à se décharger de ses pertes sur ses rivales.

Alors que la Russie vise à la conquête pour pouvoir relancer son économie en difficulté et enrayer la perte de sa profondeur stratégique, les membres de l’Otan veulent faire durer la guerre en Ukraine aussi longtemps que possible pour nuire à l'industrie russe et à son armée – pas la paix, mais la victoire. Comme l'a dit le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, « nous voulons voir la Russie affaiblie au point qu'elle ne puisse plus faire le genre de choses qu'elle a faites en envahissant l'Ukraine. » Fin juin, lors du sommet de l’Otan, Trudeau a rencontré ses collègues conspirateurs pour décider de la meilleure façon de poursuivre cette politique barbare. Il a allègrement engagé plus de bataillons dans les pays baltes, envoyé plus d'armes en Ukraine et des navires et avions à réaction canadiens dans le Pacifique. En juillet, il est rentré au Canada pour superviser la guerre de la classe dirigeante contre la classe ouvrière canadienne, alors que les prix des loyers, des denrées alimentaires et de l'énergie montent en flèche.

Seule la lutte de la classe ouvrière, sur son propre terrain économique et politique indépendant, peut combattre la double menace de la crise et de l'impérialisme. Il est clair que la crise généralisée exige une lutte généralisée de la classe ouvrière. Alors qu'il y a eu une augmentation notable des luttes ouvrières dans le monde face à la baisse des salaires réels causée par l'inflation, au Québec, ces luttes sont restées sectorielles et trop souvent dominées par les syndicats. Comme on peut le constater avec les grèves récentes des travailleurs du CPE, de la SQDC et de l'hôtellerie, l'isolement par secteur donne à la classe capitaliste un net avantage dans la lutte. Il ne s'agit pas de diminuer ces luttes, mais il est révélateur que, parmi les nombreuses luttes récentes, seuls les travailleurs de Molson ont remporté une victoire défensive en obtenant un contrat qui suit l'inflation actuelle. Une fois que les travailleurs de tous les lieux de travail et de tous les secteurs uniront leur lutte et lutteront en tant que classe, leur force sera multipliée, comme les points culminants de la lutte de notre classe au Québec en 1972 et en 2012 nous le montrent.

Les luttes récentes des travailleurs au Québec ont montré une fois de plus que la domination syndicale sabote activement l'initiative autonome de la classe ouvrière, la combativité et les perspectives de succès de la classe ouvrière. En fait, Buzz Hargrove, l'ancien président du Canadian Auto Workers, se vantait dans son livre Labour of Love [« Le travail d’amour »] que « les syndicats empêchent probablement plus de grèves qu'ils n'en provoquent. » Outre le nombre de grèves récentes, de nombreux votes favorables à la grève ont été ignorés par les syndicats au profit de la paix sociale et des négociations entre avocats. Dans la grève des travailleurs du port de Montréal de 2020-2021, le syndicat a mis fin à la grève de dix-neuf jours en faveur d'un retour aux négociations. Le gouvernement fédéral a ainsi eu tout le temps de se préparer à la prochaine série de grèves, ce qui lui a permis de placer une injonction, mettant fin à la lutte au nom de l'unité nationale pendant la pandémie. Aujourd'hui, Biden place des injonctions à l'encontre des travailleurs américains du rail et l'État norvégien a déclaré illégale la grève des travailleurs des plates-formes pétrolières au nom de la prévention des perturbations de l'économie nationale plongée dans la concurrence impérialiste avec la Russie. Sur le front de la guerre lui-même, l'État ukrainien a entrepris de mettre hors la loi tout semblant de lutte de la classe ouvrière pour ses propres intérêts, en permettant à la direction des entreprises de déchirer arbitrairement et unilatéralement les contrats existants et en mobilisant toutes les ressources disponibles pour la guerre.

Face à ces menaces auxquelles notre classe est confrontée, la Tendance communiste internationaliste a lancé l'initiative Contre la guerre, pour la guerre de classe (No War but the Class War), qui a été reprise par des camarades du monde entier. L'initiative NWBCW sert de point de référence politique ouvert pour tous ceux qui voient la nécessité de la lutte des travailleurs contre les attaques économiques du capital et sa descente dans la rivalité impérialiste : ceux qui n'ont aucune illusion sur le pacifisme ou la possibilité de passer par les institutions capitalistes pour éviter l'imposition de la barbarie par le capitalisme. Nous reconnaissons au contraire que la seule réponse adéquate à cette situation est la lutte indépendante de la classe ouvrière. Les luttes défensives de notre classe contre les attaques du capital doivent être transformées en une offensive politique contre le système du capitalisme.

Pour nous, travailleurs de Montréal, l'augmentation du coût de la vie et les armes à destination de l'Ukraine sont des expressions de la même crise capitaliste. Notre lutte contre ces conditions révèle clairement que l'ennemi principal est chez nous !

Si tu es d’accord avec cela, nous t’encourageons à prendre contact à l’adresse suivante : nwbcwmontreal@gmail.com

NWBCW Montréal
Octobre 2022
Wednesday, October 19, 2022