Après 25 années du Bureau - Bilan et perspectives

Ce document a été présenté par les camarades du Parti communiste internationaliste (Battaglia Comunista) d’Italie à la rencontre du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire, le 10 mai 2008 avant d’être amendé au cours de la rencontre.

Le Bureau existe maintenant depuis 25 ans, période assez longue pour que nous puissions en faire le bilan et tenter d’identifier ses forces et ses succès, mais par-dessus tout, les limites de cette expérience. Nous n’avons pas l’intention de célébrer ce quart de siècle, car le devoir des révolutionnaires est d’étudier et analyser la réalité toujours plus complexe que représente le capitalisme, tout en constituant un point de référence pour la classe ouvrière internationale constamment sous attaque.

Une avant-garde révolutionnaire qui ne soumet pas à la critique sa propre expérience ne mérite pas son titre et est destinée à être anéantie par la dynamique contradictoire du capitalisme. Uniquement 25 années sont passées, mais toutes les transformations dans les rivalités impérialistes internationales, dans la composition du prolétariat mondial et la disparition d’avant-gardes révolutionnaires du prétendu camp politique prolétarien font que cela semble plutôt être un siècle. Aujourd’hui le BIPR évolue dans un contexte totalement différent de la période de sa naissance et pour cette raison, nous considérons qu’une évaluation profonde et fondamentale de notre expérience est essentielle dans le but de donner un nouvel élan à notre activité.

Le Bureau International est le produit d’une initiative conjointe du Parti communiste internationaliste (PCInt. - Battaglia Comunista) et de la Communist Workers Organisation (CWO) en 1983. L’idée de donner naissance à une organisation internationale faisait suite aux conférences internationales tenues durant la seconde moitié des années 70s à l’appel du PCInt. Si les discussions menées lors des trois premières conférences internationales permirent une clarification politique complète entre nous, elles ont aussi relevé une divergence méthodologique claire dans l’analyse et les perspectives avec les autres groupes participant à cette initiative internationale. La tendance vers une activité politique commune entre les deux organisations, le PCInt. et la CWO apparut clairement à la Troisième Conférence Internationale, lorsque les sept points de démarcation (maintenant intégrés dans la Plateforme du Bureau) déterminant les critères d’admission aux futures conférences furent fixés. Ces points d’entente allaient de l’acceptation de la nature prolétarienne de la Révolution d’Octobre, jusqu’au refus de toute ligne politique qui subordonne le prolétariat à la bourgeoisie nationale et l’acceptation du principe selon lequel les conférences internationales étaient conçues comme des moments importants dans le travail de discussion entre différents groupes révolutionnaires avec l’objectif final de contribuer à la formation du futur parti international du prolétariat. Ces points furent à la base de la Quatrième Conférence Internationale à laquelle participèrent le PCInt., la CWO et les supporteurs du Unity of Communist Militants d’Iran (SUCM). Alors que ces derniers prétendaient soutenir (faussement comme il s’est avéré plus tard) les points de démarcation établis par les premières trois conférences, la discussion servit à consolider la confluence méthodologique entre la CWO et le PCInt. lorsqu’ils tentèrent de dénouer les contradictions du SUCM. Ces efforts échouèrent et ses derniers prirent part plus tard à la tentative manquée de fonder un Parti communiste d’Iran basé sur une forme bizarre de stalinisme humanisé. Le PCInt. et la CWO considérèrent alors que l’expérience des conférences était terminée et qu’il était temps d’accomplir un bond qualitatif dans la nature des discussions entre révolutionnaires. Ce bond qualitatif donna naissance au BIPR.

Si les conférences internationales avaient eu le mérite de rompre l’isolement étouffant auquel les divers groupes anti-staliniens prétendant être révolutionnaires et marxistes avaient succombés, elles avaient aussi révélé de profondes divergences entre des groupes participants, en particulier entre le PCInt., la CWO et le Courant Communiste International. De ce fait, l’organisation de nouvelles conférences internationales n’aurait pas mené à la clarification politique mais aurait perpétué une discussion stérile et académique entre des organisations qui étaient politiquement fort éloignées les unes des autres. Le Bureau International pour le Parti Révolutionnaire fut formé avec l’objectif clair de tenter d’établir dans un contexte international un point de référence pour ceux et celles qui partagent la perspective de la nécessité de la construction du parti international du prolétariat.

Pour comprendre les attentes qui animaient ces premières années du Bureau, il est important de se souvenir, même d’une façon résumée, le contexte international dans lequel le Bureau a été fondé. Au début des années 80, le cadre impérialiste était encore marqué par la situation bipolaire issue de la Seconde Guerre mondiale avec les États-Unis menant un camp et l’URSS l’autre. La crise économique qui avait touché l’ensemble du système capitaliste, avait commencé au début des années 70, devint explicite lorsque le gouvernement américain mit fin aux Accords de Bretton Woods. La bourgeoisie répondra par une réorganisation massive de son appareil industriel. Dans tous les pays capitalistes avancés, des sections importantes de la classe ouvrière seront exclues de la production et rejoindront les rangs des sans-emploi. D’une part, la bourgeoisie restructura l’industrie manufacturière pour faire face à la crise créée par la baisse de son taux de profit moyen et reconquérir un avantage compétitif marginal, d’autre part, une nouvelle phase s’ouvrit, d’abord au Royaume-Uni et immédiatement ensuite aux États-Unis; une phase où l’activité financière assuma le rôle central. Cela produisit une rupture massive dans le système des taux d’échanges fixes, libérant le mouvement du capital à l’échelle internationale et, grâce à la position globale du dollar, donna un rôle central et fondamental aux États-Unis dans le circuit monétaire et financier. De sa position de pays prêteur le plus important du monde, les États-Unis furent transformés, en l’espace de quelques années, en pays le plus endetté de l’histoire. Un tel processus fut rendu possible par la fonction jouée par le dollar et permit aux États-Unis de bénéficier du revenu financier nécessaire pour compenser le faible taux de profit de ses activités productives.

Malgré les attaques massives sur ses conditions de vie et de travail à l’échelle mondiale, la classe ouvrière internationale n’est parvenue qu’à se manifester que dans très peu de luttes. La grève des mineurs britanniques en 1984-85, les grèves polonaises et les grèves des dockers espagnols sont parmi les épisodes les plus significatifs de l’opposition réelle de la classe ouvrière internationale aux attaques lancées par le capital durant les années 80. Mais de tels épisodes, malgré leur importance, furent malheureusement isolés dans leur contexte national ou même sectoriel. C’était inévitable du fait du manque d’un point de référence révolutionnaire clair au sein de notre classe. Dans cette situation de grande passivité, malgré ces attaques, le Bureau dans ses premières années, vit son analyse de la crise économique confirmée et sa structure organisationnelle, même minuscule, consolidée. Par la suite, la relation entre les deux organisations fondatrices se renforça mais de nombreux contacts avec d’autres groupes durant les années 80 et le début des années 90 ne se traduisirent pas par l’acceptation de la plateforme politique du Bureau et donc par leur adhésion.

Dès sa fondation, les deux organisations fondatrices du Bureau ont affirmé que notre organisation ne prétendait pas être le parti international du prolétariat mais que nous ne sommes pas non plus un simple cercle de discussion académique. Il s’en suit que l’activité du Bureau, en complète cohérence avec sa plateforme et ses objectifs stratégiques, a toujours cherché à encourager les discussions entre divers groupes au niveau international, avec le but concret de reconstruire un véritable parti révolutionnaire international. L’activité entière du Bureau, tout en ne prétendant pas être le parti ni le noyau initial du futur parti, a été le débat politique et théorique avec d’autres groupes. La correspondance internationale dans plusieurs langues, des rencontres et des discussions avec des éléments qui nous ont contacté et la publication de la revue anglophone Internationalist Communist (maintenant suspendue pour des raisons financières) ont été notre travail quotidien depuis plusieurs années. Malgré les meilleurs efforts de nos camarades - et à cet égard, nous devons nous souvenir de l’immense travail international accompli pendant plusieurs années par notre inoubliable et inoublié camarade Mauro - les résultats ne furent pas excitants. Pour toute une période historique, nous n’avons pas gagné de nouveaux adhérents à notre organisation. C’est seulement vers la fin des années 90 que de nouveaux éléments entrèrent au Bureau, des adhésions qui furent presque toujours sur une base individuelle ou par de très petits groupes. Mais il y a des signes positifs qui doivent être notés et qui doivent nous pousser dans la direction d’une amélioration continue de notre activité politique.

Les nouvelles adhésions en France, en Allemagne et en Amérique du Nord ne nous permettent pas de tirer un bilan positif des dernières 25 années d’existence du Bureau. Nous avons dû faire face à de nombreuses difficultés et, ces dernières années, l’aggravation de la crise internationale du capitalisme nous amène à constater que nos actions politiques ne correspondent en rien aux conditions actuelles de la lutte des classes.

Les difficultés du Bureau à étendre sa propre base peuvent être expliquées par divers facteurs. En premier lieu, il est nécessaire de souligner la passivité de la classe ouvrière internationale par rapport à l’importance des attaques qu’elle a subies de la part de la bourgeoisie dans les dernières décennies. Les attaques dévastatrices lancées par la classe dominante contre le prolétariat mondial ont occasionnellement mené à des épisodes dans lesquels la classe est devenue un protagoniste actif. La plus importante de celles-ci fut lorsque la classe ouvrière d’Argentine a riposté au début du nouveau millénaire. Cependant, les avant-gardes dispersées, dont le Bureau, paient un prix élevé en terme d’impact de leurs actions politiques dû au pouvoir écrasant de la bourgeoisie, une classe dominante qui a réussi à faire payer aux travailleurs et aux travailleuses le coût de sa propre crise, sans avoir à faire face à une contre-attaque prolétarienne. L’attitude passive de la classe ouvrière accentue les difficultés de l’activité révolutionnaire en rendant ardue le lien avec elle et en ne permettant pas de créer une empreinte dans la lutte des classes.

Un deuxième facteur que nous ne devons pas sous-estimer est l’impact que l’effondrement de l’URSS a pu avoir sur divers groupes révolutionnaires à travers le monde. Suite à la fin de l’Union Soviétique et de l’écroulement du «socialisme réellement existant», même des groupes de la Gauche communiste ont disparus sous les décombres. Certains avaient fait de l’anti-stalinisme leur seule raison d’être et ont ainsi perdu leur identité politique et la cause de leur existence. Cet effondrement s’est aussi fait sentir dans le prétendu camp politique prolétarien qui était déjà en crise à la fin des années 80, suite aux insuffisances politiques et théoriques de certaines de ses formations. Enfin, l’approfondissement de la crise économique a mené les diverses avant-gardes révolutionnaires dispersées à se confronter à des difficultés théoriques notables dans la compréhension des dynamiques contradictoires du capitalisme moderne. Plusieurs groupes, dans leur tentative de comprendre la crise du cycle d’accumulation commencée au début des années 70, sont revenus au schéma méthodologique utilisé pour analyser le grand Krach de 1929 et ne prennent pas en considération les différences fondamentales existant entre cette période et la situation actuelle. Lorsque les attentes sont déçues, les difficultés commencent et c’est ce qui est arrivé à certains groupes de l’ex-camp politique prolétarien qui ont depuis disparus.

La disparition des éléments qui auraient dû être nos interlocuteurs potentiels dans la perspective d’une croissance du Bureau nous force à repenser notre rôle, qui ne peut plus être celui mis en avant lorsque ce dernier s’est formé en 1983. C’est une tâche qui est devenue plus nécessaire et inévitable suite à la poussée de la crise économique qui n’a pas d’égal dans l’histoire moderne du capitalisme.

Perspectives

La crise des subprimes

Il est maintenant évident que la crise immobilière sera prolongée et qu’elle aura des répercussions sur l’économie à travers le monde. Même la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI) et les ministres des Finances du G7 l’ont tous récemment reconnu. Estimant la perte en cours à mille milliards de dollars, le FMI a prédit que cette crise traversera 2008 et la deuxième moitié de 2009. La Banque centrale européenne est plus optimiste et prédit que la crise se terminera durant le dernier trimestre de cette année. Au fond, tous les économistes et les analystes bourgeois croient que malgré la gravité de la crise, elle peut être surmontée par une ou deux manœuvres opportunes dans la politique monétaire des banques centrales et par une nouvelle réglementation établissant des limites sur la production incontrôlée de capital fictif. Pour l’économie bourgeoise en fait, puisqu’au stade actuel de développement du capitalisme, la production de plus-value se réalise principalement lors de la phase de la circulation du capital et non lors de la production de marchandise, la crise a toujours un caractère super structurel qui peut aisément être surmonté, même dans le cas présent, comme celles de 1987, 1997 et 2000. Mais le marxisme révolutionnaire fait une distinction entre une crise conjoncturelle et une crise structurelle, c’est-à-dire une crise du cycle d’accumulation.

La première provient d’un déséquilibre physiologique entre l’offre et la demande qui s’opère périodiquement sur les marchés. On peut y remédier par une politique appropriée pour soutenir soit l’offre, soit la demande. La seconde cependant est le résultat de contradictions inhérentes au processus d’accumulation qui déterminent de manière cyclique une production insuffisante de plus-value ou un taux de profit décroissant. Elle ne peut être surmontée qu’en ouvrant un nouveau cycle d’accumulation, par la destruction massive de capital excédentaire. Ainsi, tandis que pour l’économie bourgeoise, la croissance anormale de la sphère financière qui eut lieu entre la seconde moitié des années 70 et le début des années 80, réalisait le vieux rêve de pouvoir produire de la richesse à partir de rien, du point de vue du marxisme révolutionnaire nous constations une réponse imposée à la bourgeoisie, particulièrement au Royaume Uni et aux États-Unis, à la crise du troisième cycle d’accumulation du capital qui s’ouvrit au début des années 70, des suites de la baisse du taux moyen de profit. Avec la libéralisation des marchés financiers et la production de capital fictif, il fut possible de drainer la plus-value de chaque recoin de la planète vers les zones métropolitaines, en compensation de la réduction de la production qui s’y faisait ressentir.

C’est ainsi que se développa un gigantesque processus d’appropriation centré sur le monopole du dollar (et ses dérivés financiers) dans le système international des paiements financiers, notamment par un contrôle d’acier sur la fixation des prix de toutes les ressources primaires d’importance stratégique, surtout le pétrole.

Le fait qu’à l’époque de l’impérialisme, le capital financier prend les commandes du processus d’accumulation du capital au point où il est devenu possible de s’accaparer la plus value par la production de capital fictif et sans correspondance directe avec sa production, semble être la meilleure confirmation de la théorie monétariste qui veut que la production d’argent est le véritable moteur de la production de la richesse. Mais cela ne serait resté qu’à l’état de rêve, sans la profonde modification de l’intervention sur le marché et la nouvelle division internationale du travail que la libéralisation de la circulation du capital et l’introduction du microprocesseur dans le processus de production ont rendues possibles. C’est ce qui a permis le transfert de la production de marchandises avec un contenu de main d’œuvre extrêmement élevé vers des zones de la périphérie où le coût de la main d’œuvre est très bas. Au même moment, la compétition croissante entre les prolétaires qui en résulta et la présence décisive des syndicats, surtout dans les pays capitalistes les plus avancés, ont modelé l’accélération et la généralisation de la tendance à la dévaluation du coût du travail et une chute des salaires réels, ce qui donna un répit au processus d’accumulation capitaliste et permit à la crise de s’allonger, tant dans son étendue que dans sa durée.

De nouvelles attaques déclenchées contre le monde du travail

Ayant fait le tour du monde et suscité d’horribles guerres sans fin, laissant dans son sillon un océan de destruction et de pauvreté, la crise est revenue à son point de départ. Cette fois, elle s’attaque au système de crédit de la première puissance mondiale et à sa majesté le dollar, le cœur palpitant du processus de production du capital fictif qui a donné à l’économie mondiale une telle force ces trente dernières années. Pour cette raison, le risque d’effondrement de tout le système bancaire international est très élevé puisque la politique monétaire poursuivie par la Federal Reserve et les plus importantes banques centrales a échouée. En fait, l’abondante quantité de liquidités sur les marchés - confirmation que les grands capitalistes financiers font face à des difficultés insurmontables dans la réalisation de la plus value suffisante nécessaire pour compenser la masse de capital investie dans la production directe de marchandises - favorisant la relance de la prétendue économie réelle, a ouvert la porte à une nouvelle bulle spéculative.

Grâce à cette plus grande liquidité, une demande fictive a été créée sur les marchés des ressources stratégiques primaires et les produits alimentaires qui, conjuguée à la demande réelle a augmenté les pressions inflationnistes déjà manifestes depuis quelques années. Par exemple, le pétrole qui se vendait à 69 dollars le baril à la fin de 2007, coûte maintenant 120 dollars (en mai 2008, note de l’éditeur). En quatre mois son prix a augmenté de 70%, et ce malgré la chute de la production industrielle et le fait que l’offre et la demande réelles sont restées stables. En réalité, pour chaque baril de pétrole produit et consommé, plus de 200 barils sont comptés et vendus que sur le papier, mais ces barils contribuent néanmoins à l’établissement de prix pétroliers plus élevés, comme s’ils étaient de vrais barils.

Le même phénomène se vérifie sur le marché des produits alimentaires. Le riz, qui se vendait à 365 dollars la tonne à la fin de 2007, coûte maintenant 760 dollars la tonne. Depuis le mois d’août 2007, les prix du blé ont augmenté de 40% et la FAO prévoit que le coût de la nourriture sera 50% plus élevé en 2008 qu’en 2007 et le double de ce qu’il était, il y a cinq ans. En termes de classes, nous sommes témoins d’une nouvelle offensive contre la valeur de la main d’œuvre et l’existence même de millions d’individus est mise en question.

Les émeutes de la faim

Les récentes émeutes de la faim sont parties de l’Égypte et les pays les plus peuplés de l’Afrique du Nord pour finalement atteindre l’océan Indien, Haïti et quelques uns des pays les plus pauvres de l’Amérique latine. Ces révoltes signalent que le prolétariat est au bout du rouleau. La situation n’est pas beaucoup plus réjouissante dans les pays métropolitains. 28 millions d’Américains et d’Américaines qui n’ont pas de moyens suffisants, reçoivent 100 dollars par mois pour pouvoir se nourrir. Des millions de personnes n’ont pas de domicile fixe et 45 millions subsistent sous le seuil de pauvreté. À Los Angeles uniquement, il y a maintenant plus de 200 000 personnes qui, n’ayant pu payer les intérêts sur leurs hypothèques ou financer leur consommation, ont perdu leurs maisons et vivent dans d’immenses villages de tentes. En Europe, malgré la bonne performance de l’euro, l’inflation s’attaque lourdement aux revenus de ceux et de celles qui vivent de leurs retraites ou de leurs salaires. Même là, les coûts plus élevés frappent les produits de première nécessité.

Du BIPR à la nouvelle internationale

Nous sommes donc confrontés de bien des manières à une nouvelle réalité que nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer. Si elle se confirme, cette réalité pourrait en effet offrir une perspective où il y aurait la possibilité d’unifier dans une cause commune les revendications des travailleurs et des travailleuses de la périphérie avec le mécontentement social des travailleurs et des travailleuses des métropoles, donnant ainsi un essor énorme à l’internationalisme prolétarien. Ce qui n’était hier qu’une aspiration pourrait devenir une pratique politique concrète.

La nouvelle vague de crise et le déclin du dollar, confronté qu’il est au succès de l’euro et probablement à d’autres devises, ne peuvent qu’approfondir la rivalité entre les principales puissances impérialistes qui dominent le monde.

La technologie militaire moderne possède une telle capacité destructive qu’elle pourrait ramener des pays entiers plusieurs siècles en arrière en l’espace de quelques journées. L’écart très clair entre la capacité militaire des États-Unis et celle des autres centres impérialistes nous porte à croire que, au moins à court et à moyen terme, nous ne verrons pas le déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale comme nous l’avons vu de façon classique par le passé. Il est plutôt plus probable que nous subirons le cancer de la guerre impérialiste permanente, un peu comme une Guerre de trente ans internationale, se terminant au cœur des puissances impérialistes métropolitaines elles-mêmes. Les justifications idéologiques pour masquer la nature de la guerre impérialiste, même lorsqu’elle se présente en actions terroristes ou dans une soi-disant guerre asymétrique sont déjà en cours; l’affrontement des civilisations avec tous ses accessoires (démocratie contre terrorisme, religion contre religion, etc.) ainsi que la faillite du socialisme «réel», nous démontrent que la société capitaliste n’a aucune alternative à nous offrir.

La seule opposition concrète réelle à l’extension généralisée de la guerre et de la pauvreté est le défaitisme révolutionnaire. Pour l’application entière et rigoureuse de la formule il est évident que nous devons accélérer le travail de construction de l’internationale et du parti internationaliste révolutionnaire et cela n’est pas possible sans des actes clairs de volonté menés par les avant-gardes révolutionnaires. Nous devons développer notre capacité d’intervention.

La fondation du Bureau il y a maintenant 25 ans fut une inspiration politique qui nous a permis de développer une expérience et un patrimoine théorique qui peuvent servir de point de référence dans le processus de construction de l’organisation révolutionnaire du prolétariat, mais pour ce faire, nous devons avancer de façon décisive, tant qualitativement que quantitativement.

Malheureusement aujourd’hui, tout en disposant d’une organisation politique possédant un degré suffisant d’homogénéité politique, le Bureau continue à fonctionner largement comme un simple instrument de coordination entre ses organisations constituantes et ses actions sont donc très limitées...

La proposition des camarades de la CWO visant la formation d’une sorte de Secrétariat international, avec des tâches exécutives et qui, malgré qu’il soit le produit de groupes différents, aurait une forme définitive et une capacité d’action autonome, mérite une attention sérieuse pour savoir si elle est réalisable.

Pour disposer de l’agilité et de la rapidité de réponse nécessaire, il devrait être constitué d’un nombre réduit de camarades (pas plus de cinq), désignés spécifiquement par les groupes adhérents. Sa tâche fondamentale serait, en plus des relations entre organisations adhérentes, de trouver de nouveaux contacts, tant de groupes que d’individus et dans le cours de cette pratique, évaluer la situation des divers éléments du camp politique prolétarien. Il s’agirait d’une activité constante d’élaboration théorique de documents, d’articles et de matériel de propagande pour surmonter l’isolement actuel et ouvrir la voie le plus tôt possible à une cycle de conférences internationales, dont l’objectif avoué est de constituer une nouvelle internationale, sans laquelle la course effrénée du capitalisme vers la barbarie ne saurait être arrêtée.

Le Bureau International pour le Parti Révolutionnaire, mai 2008