Vers la section allemande du BIPR

De Battaglia Comunista, juin 2004

Il n'existe pas encore de section du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire en Allemagne. Mais le travail pour la construire a déjà commencé. Pour le moment, nous avons déjà tenu deux réunions publiques à Berlin, une en février et une en mai.

En février, le thème était "Crise, tendance à la guerre et perspectives du prolétariat". Le rapporteur a présenté les positions du Bureau et du Parti Communiste Internationaliste (Battaglia Comunista) sur le sujet. S'en est suivi un débat riche et articulé avec la participation active d'une cinquantaine de camarades, sur toutes les questions, mais surtout sur le thème de la nouvelle composition de classe et les perspectives qui en découlent.

La réunion publique a été suivie d'une discussion plus restreinte avec les camarades du GIS (Gruppe Internationaler SozialistInnen) d'origine trotskiste mais en évolution sérieuse vers les positions de la Gauche communiste et en particulier les nôtres.

L'autre réunion publique, celle de mai, a traité du thème "Contre la guerre et contre le terrorisme, pour une perspective de classe", le même que plusieurs de nos initiatives en Italie. Notre présentation fut en résumé la suivante:

La tendance à la guerre est déterminée par la chute réelle du taux de profit. Les économistes bourgeois parlent de rentabilité de l'entreprise mais c'est la même chose.

Cette tendance à la guerre est représentée par la succession ininterrompue des agressions de la part de l'unique superpuissance aujourd'hui sur le terrain (les États-Unis) et ce, depuis au moins 13 ans.

De l'Irak (1991) à la Grenade, de la Serbie à l'Afrique, pour en arriver aux dernières attaques en Afghanistan et en Irak, partout s'est vérifié l'usage aveugle de la force par les États-Unis. Le fait qu'aujourd'hui l'Amérique manifeste une plus grande agressivité est déterminé par de multiples facteurs:

  • la plus grande sévérité des problèmes qui se posent à l'économie américaine;
  • la nécessité absolue pour les États-Unis de défendre leur position hégémonique dans le monde sur le plan financier et sur le plan commercial;
  • la nécessité absolue de continuer le drainage de la plus-value qui se réalise avec la rente que les États-Unis s'approprient au travers de la situation de prédominance du dollar dans les transactions internationales;
  • la tentative de se garantir des positions stratégiques pour la défense contre de possibles rivaux à venir (non seulement l'Europe, mais aussi la Russie, la Chine et le Japon).

Mais les problèmes structurels qui affectent l'Amérique frappent aussi le reste du monde.

L'agressivité des autres ne peut pourtant pas s'exprimer dans une confrontation directe avec la méga-superpuissance. C'est le cas, par exemple, de l'Europe qui ne peut pas pour le moment être plus qu'une simple expression géographique et qui, de plus, est particulièrement frappée par l'initiative américaine contre l'Euro.

Mais une partie significative de la grande bourgeoisie financière arabe, répartie dans tous les pays de la péninsule arabique, s'est coalisée derrière un instrument connu de nous tous sous le nom d'Al Qaida. On parle ici d'environ 200 grandes familles financières. Derrière Ben Laden, se trouve cette bourgeoisie. Là réside l'origine du terrorisme et ce n'est pas un hasard si Ben Laden a d'abord été un allié proche de la famille Bush et des États-Unis dans la lutte contre l'Union soviétique en Afghanistan.

La rupture s'est accomplie après la chute de l'URSS lorsque Ben Laden et sa fraction de la bourgeoise financière arabe cherchèrent à convaincre les États-Unis de renoncer à leur contrôle sur "leur" pétrole. C'est ainsi que le terrorisme, d'abord utilisé par les États-Unis eux-mêmes dans un but anti-soviétique, est maintenant devenu l'arme d'une bourgeoisie engagée dans une guerre globale, mais en particulier contre les États-Unis, et prête à s'allier avec quiconque lui convient selon la conjoncture. Mais, comme toute fraction de la bourgeoisie mondiale en lutte contre les autres, cette fraction de la bourgeoisie arabe doit aussi se lier aux masses populaires (y inclus le prolétariat), par le biais d'un quelconque concept idéologique. Dans ce cas ci, elle utilise le fondamentalisme islamique qui est aussi l'idéologie anti-communiste la plus rétrograde et la plus réactionnaire. La lutte des communistes contre la guerre est donc aussi une lutte contre le terrorisme et les forces qui le soutiennent C'est politiquement le point le plus crucial. Peut-on considérer le fondamentalisme islamique comme une expression de la lutte anti-impérialiste comme voudraient nous le faire croire diverses formations politiques qui se prétendent de gauche? Absolument pas.

D'un point de vue de classe, les exigences du fondamentalisme islamique équivalent à celles du patriotisme américain ou du néo-nationalisme européen. Ce sont les expressions idéologiques des confrontations inter-bourgeoises dans lesquelles le prolétariat est utilisé, et le sera encore, comme chair à canon. Nous pensons qu'il est nécessaire et possible de faire barrage à cette marée montante de l'idéologie de guerre. La priorité actuelle est de construire avec les avant-gardes prolétariennes disponibles un point de référence politique international qui puisse commencer à agir efficacement au sein de la classe ouvrière internationale. La présente dispersion des forces doit être surmonter afin de construire le parti international du prolétariat.

Lors de la rencontre du mois de mai, l'assistance était moindre, mais non moins intéressée à la discussion qui - entre autre chose - a mis en lumière la grande distance qui nous sépare du Courant Communiste International (CCI) sur la méthode d'analyse de la dynamique capitaliste et sur nos positions respectives. Elle a révélé la solidité et la vision d'ensemble de notre analyse sur les causes de la guerre en contraste avec l'inconsistance des schémas du CCI sur la décomposition et le chaos. Ce constat ne fut pas fait par nous mais par les camarades d'un groupe encore plus éloigné que nous du CCI. La réunion qui a suivi la réunion publique a porté sur la définition d'un plan de travail des camarades sympathisants en Allemagne, comprenant des réunions régulières avec des représentants du BIPR, qui devrait amener à la constitution d'une nouvelle organisation, la section allemande du Bureau.