Correspondance

Notes Internationalistes encourage tous ses lecteurs et lectrices à nous faire parvenir leurs critiques et leurs suggestions ou encore nous soumettre des articles d’intérêt pour la lutte des classes. Nous nous engageons à répondre à toute correspondance raisonnable et, lorsque possible et désirable, de la publier. Ce qui suit est notre réponse à un document de 58 pages, contenant beaucoup de recherche et de statistiques sur tout une série de questions allant de la pauvreté des enfants, jusqu’aux dépenses militaires et la dégradation environnementale. Tout cela, sur la base de ce qui semble être une perspective humaniste. Malheureusement, malgré la qualité de la recherche, nous ne pouvons tout simplement pas la publier en raison de son volume. Cependant, nous publions notre réponse, car elle est un exposé succinct de notre approche générale.

Cher M. H. Z.

D’abord, je tiens à m’excuser du temps pris pour répondre à votre lettre. J’apprécie d’ailleurs tout le travail que vous y avez mis. La quantité de statistiques contenue dans cette lettre est impressionnante.

Je pense que nous pouvons nous mettre d’accord sur le fait que la présente forme d’organisation de l’humanité, c’est-à-dire le capitalisme mondial, ne prend pas suffisamment en compte le bien-être de la vaste majorité des êtres humains, et qu’il met en question la capacité de notre planète de soutenir la vie dans le futur. Nous pouvons aussi être en accord sur le fait que ce n’est pas dû à un manque de ressources, si les problèmes de pauvreté et de dégradation environnementale n’ont jamais à date, été près d’être traités adéquatement.

Cela dit, l’objectif de notre travail dans le Groupe Internationaliste Ouvrier n’est pas seulement d’analyser ce monde, mais de le transformer. Pardonnez-moi si je me trompe, mais je n’ai pas été en mesure de saisir dans votre lettre ouverte, en quoi vos commentaires abordent la meilleure façon de transformer notre société, pour que celle-ci fonctionne au bénéfice de l’humanité. Ci-dessous, je vais énumérer quelques points sur lesquels se base le GIO et ce que nous percevons comme étant les voies et les obstacles à la transformation de la société actuelle.

  1. La lutte pour la transformation de la société doit être internationale. Les problèmes auxquels fait face l’humanité aujourd’hui, tels que la pauvreté et la destruction de l’environnement, n’ont pas de solution nationale. Par exemple, l’État le plus puissant et le plus riche du monde, les États-Unis, n’est pas en mesure de promulguer certaines mesures environnementales élémentaires - que de plus faibles puissances ont déjà mis en place - car il est paralysé par la crainte de nuire à la position qu’il occupe dans l’économie capitaliste mondiale. L’avènement d’une véritable économie capitaliste globale au début du 20ème siècle, signifia que tous les mouvements nationaux sont maintenant incapables de contribuer à des progrès réels. Cela est aussi vrai des mouvements de libération nationale, qui sont devenus à peine plus que des pions des grandes puissances ou des blocs de puissances, que cela est vrai de la perspective stalinienne de l’édification du "socialisme dans un seul pays", qui a invariablement métamorphoser le rêve de la libération dans le cauchemar du capitalisme d’État et de la guerre impérialiste. Bien que nous constatons que la vraie lutte pour l’émancipation et l’évolution humaine se jouent à l’échelle mondiale, nous ne considérons pas en fait, qu’une organisation comme les Nations Unies puisse jouer un rôle utile à cette fin. L’Organisation des Nations Unies, n’a été depuis ses débuts, qu’à peine plus qu’un instrument des grandes puissances impérialistes, dans lequel chacune de ces dites puissances opèrent pour l’avancement de leurs propres intérêts, aux dépens de leurs compétiteurs et du bien-être de la vaste majorité de la population mondiale.
  2. Nous vivons dans une société globalisée qui est divisée en classes aux intérêts diamétralement opposés. Bien que notre objectif soit la création d’une société sans classe qui œuvre pour le bénéfice de toute l’humanité, nous reconnaissons aussi que nous vivons présentement dans un monde organisé en fonction des intérêts d’un infime pourcentage de la population mondiale, les diverses classes capitalistes de la planète. Ces classes, ainsi que leurs complices des classes intermédiaires, ne s’arrêterons à rien afin de préserver par-dessus tout de leurs propres intérêts. Même si il est passée par une fragmentation et des changements importants, le prolétariat mondial est toujours la seule classe assez puissante pour combattre la classe capitaliste ainsi que l’appareil de répression que cette classe a développé pour préserver ses intérêts, en ouvrant la voie pour l’édification d’une société qui serve l’humanité plutôt que l’asservir.
  3. La société capitaliste ne peut être réformée; elle doit plutôt être mise en pièces et la société reconstruite de part en part. Les structures qui ont été créées autour des modes de production et de distribution capitalistes ne peuvent que servir à maintenir le statu quo capitaliste. Cela signifie que des institutions tels que le parlement, l’ONU, et même les syndicats - qui sont des institutions qui s’occupent de négocier l’achat et la vente de la force de travail sur le marché capitaliste - doivent être détruites pour favoriser l’émergence de nouvelles structures qui incarnent l’auto organisation de l’ensemble de la classe prolétarienne mondiale.

Malgré les limites de cette description à larges traits, je vais en rester là pour le moment. Si vous avez des accords ou des désaccords avec ce que j’ai pu écrire ici, ou si vous avez besoin de plus de clarification, je vous encourage à nous réécrire. Encore une fois, je tiens à m’excuser pour le retard qui a été pris avant de vous répondre.

Respectueusement vôtre.

James, pour le Groupe Internationaliste Ouvrier