Guy nous a quittés le 4 janvier 2022. Il est resté durant toutes ses années un militant révolutionnaire de la classe ouvrière.

1. Dans les luttes sociales, un militant

En 1968-69, durant les années de luttes importantes de la classe ouvrière (la décennie de grèves sauvages qui s'est abattue dans le monde) il a fondé avec d'autres d'abord le MARS (Mouvement d'action révolutionnaire spontané) puis le Groupe conseilliste de Clermont-Ferrand, il avait alors 19-20 ans. Il était né le 23 octobre 1947.

A partir de juillet 1971, il a participé avec le Groupe Conseilliste de CF, les Cahiers de communisme de conseils et Révolution internationale (RI), à une série de discussions qui devait mener au regroupement révolutionnaire donnant naissance à RI (nouvelle époque).

De décembre 1972 à janvier 1974, il participe à RI. Il fonde ensuite en février de la même année la revue Jeune Taupe considérant que RI était un groupe de « théoriciens » et qu'il fallait plus intervenir dans la classe ouvrière. Le nom du groupe était Pour une intervention communiste. Le PIC existe de février 74 à octobre 1981 avant de se transformer en Volonté communiste éditant Révolution sociale jusqu'en février 1983 après avoir subi une crise politique interne sévère.

Mais comme pour beaucoup de ceux qui étaient nés à la politique avec les luttes sociales dans les années 60-70, il était difficile de comprendre que la situation politique avait changé et que la classe ouvrière avait subi une lourde défaite. Il s'en suivit une crise du milieu révolutionnaire. Seules les groupes politiques conséquents et ayant une continuité politique et théorique survivront.

Auparavant en 1977, le PIC et Guy avaient adhéré aux Conférences de la Gauche communiste appelées par le PCInt publiant le journal Battaglia Comunista. Puis le PIC a refusé de participer à la deuxième conférence en novembre 1978 pour deux raisons essentielles, les invitations étaient trop larges (notamment les divers PCI « bordiguistes » n'étant plus de la gauche communiste) et les conditions d'adhésions trop floues (voir les commentaires sur les différents points d'adhésions dans la lettre).

2. Les années terribles, le désert politique

Guy n'a pas lâché malgré les vents mauvais, il est resté toujours debout à lutter pour la cause de la classe ouvrière. Il a commencé à écrire des articles pour la Revue Spartacus lancée par René Lefeuvre qui a été publiée de 1975 à 1979 en collaboration avec d'autres révolutionnaires.

En 2007 Guy a tout de suite répondu favorablement quand il a été question de la traduction et de la publication de la Revue Kommunist. Nous avons d'abord présenté le projet aux Cahiers Spartacus qui ont décliné l'offre, entretemps s'est créée la maison d'Editions Smolny qui a accepté le projet. Je l'avais impliqué puisqu'il avait été le premier parmi nous à mettre l'accent sur ces bolcheviks de gauche au moment de Brest-Litovsk. Il a participé à Moscou en septembre 2010 à la Conférence « Sur le capitalisme postsoviétique dans le contexte actuel ». En parallèle il était toujours attentif aux réunions politiques des groupes de la gauche communiste ; il a notamment participé à la présentation du livre « Bordiga au delà du mythe » de Damen présenté par Bilan et Perspectives et le BIPR (maintenant la TCI) le 18 décembre 2011 à Paris.

Dès que la revue Controverses a été publiée en juin 2009, il a souhaité y participer. Il l'a fait avec toute sa fougue habituelle et tant qu'il a pu. Ensuite il est tombé gravement handicapé suite à un fort AVC mais il ne s'arrêtait pas de parler politique et de s'enflammer dès qu'on le rencontrait.

3. Les vies de Guy

Guy avait toujours eu la passion du théâtre ; il avait créé notamment la troupe du Théâtre du Sens. Il a beaucoup donné pour faire vivre cette troupe qui était bien considérée dans le milieu comme très professionnelle. Il s'était également intéressé au théâtre du XIX° siècle, il a écrit un fort ouvrage en deux tomes : Le mélodrame de la république sociale et le Théâtre de Félix Pyat.

Il faisait également partie de la Société Jean Malaquais car il avait une passion pour 4 anciens camarades qu'il avait connu : Robert « Mousso », Jean Malaquais, Marc Chirik, Henry Chazé. Les “4”, comme il disait. Il travaillait autour de ces “4” camarades pour écrire une pièce de théâtre.

Il travaillait aussi à une autre pièce de théâtre sur la mort de Rosa Luxembourg : L’hôtel Eden dans la nuit des temps. Il ne faudrait pas laisser son travail inachevé!!!

Guy restera toujours vivant dans nos pensées.... malgré nos désaccords politiques et ses emportements brusques comme me le rappelait hier encore un Alain R, ancien membre du PIC.

Guy était un combattant infatigable de la classe ouvrière dans des temps difficiles mais aussi un ami. Toute notre sympathie va à sa compagne Catherine qui l'a accompagné courageusement depuis plusieurs années.

Guy était un camarade et un communiste, nous continuerons son combat !

Notes:

Le texte ci-dessus n'est pas une biographie de Guy Sabatier mais un hommage à un militant internationaliste; d'autres se chargeront certainement d'en faire une plus rigoureuse.

Toutefois, nous ne pouvons pas passer sous silence « l'affaire Faurisson » sur les chambres à gaz et le « négationnisme ». A l'époque nous avions vertement critiqué, avec d'autres, cette dérive du PIC et de Guy sur laquelle ils sont revenus. Nous nous contenterons de publier une lettre de Henry Chazé de l'époque critiquant le PIC.

L’affaire Faurisson — Avant même le fameux tract, j’avais écrit plusieurs fois à G. S... Tous se sont eux-mêmes accrochés une drôle de casserole au cul... C’est tellement con cette histoire de chambres à gaz !... Et j’avais rappelé à G. S. mon témoignage (non du camp de Sachsenhausen)... comme je l’ai écrit à G. S., cette affaire leur aura fait perdre toute crédibilité... et c’est dommage car ils publient des choses intéressantes... dont un article sur la question de l’organisation qui montre que tous les maîtres à penser ont merdé comme tout un chacun après…

Lettre de Henry Chazé du 19 janvier 1981

[Sur la question de l'organisation, nous avons une perspective différente de celle de Chazé.]

(1) La plate-forme politique : archivesautonomies.org

(2) Cf. : RI numéro 5 - archivesautonomies.org

(3) cf. : numéro 1 : archivesautonomies.org

(4) Une histoire du PIC qui mériterait d'être précisée cf. : archivesautonomies.org

(5) cf. : la lettre de refus du PIC de septembre 1978 - archivesautonomies.org

(6) malaquais.org