Journée internationale des femmes travailleuses : Une journée de lutte contre l'exploitation, le chauvinisme et la guerre

La journée des femmes travailleuses de 1917 est entrée dans l'histoire. Ce jour-là, les femmes russes ont brandi le flambeau de la révolution prolétarienne et ont enflammé le monde. C'est à partir de ce jour que la révolution de février a commencé.

Kollontai

La Journée des femmes travailleuses, le 8 mars, est ancrée dans la lutte de la classe ouvrière. Le 8 mars 1917, les ouvrières russes ont défilé dans les rues de Saint-Pétersbourg sous la bannière "À bas la guerre" et ont fait sortir leurs maris et leurs fils des usines. Avec les soldats se mêlant aux foules d'ouvriers, les ouvrières de Saint-Pétersbourg ont déclenché la révolution ouvrière mondiale. Au milieu des cimetières d'Europe et de la ruine économique, le capital mondial a finalement frémi d'horreur en reconnaissant que la classe ouvrière pouvait s'imposer dans l'histoire. Aujourd'hui, notre classe est confrontée par des attaques économiques massives de la part de ce même ennemi qui considère de plus en plus les conflits militaires comme la meilleure solution à sa crise, et les femmes travailleuses en font trop souvent les frais.

Le tableau est sombre pour les travailleuses. Aux États-Unis, la légalité de l'avortement a été réduite dans de nombreux États depuis l'annulation de Roe v. Wade en 2022. En Iran, les femmes qui désobéissent à la loi sur la pudeur et qui protestent contre l'État sont continuellement confrontées à des violences policières mortelles. Au Canada, le gouvernement se tourne les pouces alors que de plus en plus d'informations sur les horreurs des féminicides autochtones sont divulguées. Partout dans le monde, la violence patriarcale s'abat sur la tête des femmes. Pour les partisans du "progrès démocratique" et les adeptes de la légendaire "fin de l'histoire", cette régression ne s'explique pas. Ils imaginent un progrès unidirectionnel, cependant ils ne peuvent que verser dans le pessimisme face à la réalité. Pour tous les lauriers que le capitalisme se décerne en tant que libérateur de l'humanité, la couronne est couverte du sang effroyable des travailleuses.

Par conséquent, l'insistance sur le progrès du féminisme libéral est corrosive pour les gains réels que les travailleuses peuvent obtenir en brisant le capitalisme et en inaugurant la nouvelle société communiste. La société capitaliste, plutôt que d'avoir progressé par une illumination graduelle, a toujours été guidée par le capital lui-même. L'État capitaliste peut accorder des droits aussi rapidement et arbitrairement qu'il peut les retirer. Ces mêmes victoires obtenues par les femmes travailleuses lors de la révolution russe ont été par la suite arrachées par le stalinisme, qui a criminalisé l'avortement pour répondre à la demande de production d'une nouvelle vague de travailleurs. Pire encore, l'appel libéral féministe aux "droits des femmes" a été utilisé pour justifier la barbarie, souvent à l'encontre des femmes. Pour sauver les pauvres femmes d'Afghanistan et du Yémen de leurs hommes "barbares", les opérateurs de drones "humanitaires" de l'armée américaine tirent des missiles "humains" aux mariages. Pour "libérer" Gaza de l'emprise du Hamas "rétrograde", les très "progressistes" FDI transforment les immeubles d'habitation en tas de décombres, au-dessus desquels ils hissent un drapeau de fierté LGBTQ. La contradiction entre l'égalité réelle et l'égalité des droits libéraux n'est peut-être nulle part plus évidente que dans la façon dont les droits de base accordées aux femmes transgenres sont opposées aux femmes cis, les premières étant présentées comme des prédatrices des secondes par les réactionnaires, qui les condamnent toutes deux aux horreurs du patriarcat, dressant les femmes les unes contre les autres sur la base de peu de choses, si ce n'est de la phrénologie.

La société capitaliste est un système social qui porte en lui la boue des âges. Le chauvinisme du passé change à mesure qu'il s'adapte à la logique du capital. Dans la mesure où l'égalité peut être réalisée dans le capitalisme, il s'agit d'une égalité organisée en fonction d'un monde fondé sur la division et l'exploitation. Le capitalisme peut céder certains droits aux femmes comme il peut les leur retirer, puisque la véritable force motrice de cette société est le capital. Si le féminisme est favorable à l'accumulation capitaliste, alors les patrons le suivront, tant qu'il ne risque pas de maintenir la majorité de l'humanité dans une misère perpétuelle. Rien n'empêche le capitalisme d'être aussi féministe que patriarcal, tant que le féminisme permet que les travailleuses soient toujours exploitées par des bourgeoises qui sont leurs surveillantes éclairées. Si l'écart salarial était comblé, si le chef de l'État était une femme et si les personnes les plus riches de la planète étaient toutes des femmes autodidactes, cela ne changerait rien au fait que le capital a constamment besoin de s'attaquer à la condition générale de la classe ouvrière dans sa quête de profits. Le capital profite pleinement de la précarité de certains groupes de la classe, comme les travailleuses, pour abaisser le niveau de vie de tous les travailleurs. Le capitalisme peut en principe résoudre certaines de ces inégalités, mais seulement de manière superficielle, car leur racine se trouve dans l'inégalité fondamentale responsable du système, à savoir la relation salariale. C'est pourquoi l'abolition de ces conditions détestables ne peut se faire qu'en brisant le capital des patrons, auquel ils tiennent tant qu'ils vendent leurs mères et leurs filles en esclavage.

Certaines féministes modernes désavouent les défauts de leurs homologues libérales plus classiques, se distinguant ainsi comme radicales. Cependant, ce féminisme ne fait en fin de compte qu'obscurcir la centralité de la classe dans l'histoire. Seulement la lutte de la classe ouvrière en tant que classe pour elle-même peut répondre à la question sociale. Les travailleuses peuvent être victimes de persécutions diverses, le chauvinisme du racisme ou de la transphobie s'exerçant encore plus durement sur elles, par exemple sous la forme d'une terreur réactionnaire. Puisque la lutte des classes doit combattre le chauvinisme, ces obstacles doivent être démantelés dans le cadre de la tâche historique de l'émancipation humaine. Le plus grand défaut du féminisme est son orientation en tant que mouvement identitaire plutôt qu'en tant que mouvement de classe. L'identité de la femme ne transcende pas les relations économiques fondamentales qui constituent la société capitaliste et ses courants politiques. L'"identité de la femme" est utilisée comme levier pour tirer davantage de profits de l'exploitation et comme propagande pour glorifier la société capitaliste. Sans la conscience de classe à l'opposé, le féminisme le plus "radical" ne sera qu'un outil pour placer les femmes travailleuses dans une alliance de classe avec le capital. Cela s'exprime par un idéalisme apaisant, qui légitime la justice capitaliste comme un "moindre mal", tout comme les suffragettes britanniques ont recruté des soldats pour le premier grand massacre impérialiste pour "le roi et la patrie". En tant que communistes, nous plaidons pour plus que ca. Non pas une alliance de classe pour les "droits des femmes", mais l'unité de la classe ouvrière pour la libération des femmes et de toute l'humanité ; pour que les travailleuses fassent partie de l'ensemble de la lutte ouvrière pour prendre l'initiative et détruire le système qui exploite les masses laborieuses.

Le "progrès" capitaliste fait pâle figure en comparaison du monde nouveau à l'issue de la lutte des travailleurs. Mais en ce jour, nous devons nous pencher sur notre histoire, l'histoire de la classe ouvrière, pour comprendre comment les travailleurs ont concrètement triomphé du chauvinisme. La révolution déclenchée par les travailleuses de Saint-Pétersbourg a été la première au monde à légaliser l'avortement. La participation politique des femmes à cette révolution n'a pas consisté à voter tous les quatre ans, mais à participer activement et constamment aux conseils de travailleurs. Au lieu du "progrès" capitaliste consistant à faire entrer davantage de femmes dans les usines pour remplacer leurs homologues masculins, disparus du fait des massacres de la première guerre mondiale, le mouvement ouvrier international déclenché par les ouvrières de Russie a prermis de mettre fin de manière décisive au massacre impérialiste.

Aujourd'hui, malgré l'assaut économique sur la baisse des salaires réels, les assauts sociaux cherchant à pousser davantage les femmes travailleuses dans la précarité, et la guerre impérialiste menaçant les travailleurs à travers le monde, les femmes travailleuses ont été aux premiers rangs de la lutte de la classe ouvrière. Les secteurs traditionnellement dominés par les femmes, tels que l'éducation et les soins infirmiers, se sont présentés comme les plus militants de la classe ouvrière. En 2022, les éducateurs de l'Ontario ont failli déclencher une grève générale qui n'a été évitée que grâce à des accords en coulisses entre les syndicats et l'État. En Grande-Bretagne, les infirmières en grève ont été un point sensible permanent pour le capital, servant de référence à la lutte du reste de la classe. Au Bangladesh, les ouvrières du textile, majoritairement féminines, ont mené un conflit direct avec la police, dont les effets ont touché les poches des investissements capitalistes dans la mode à travers le monde.

La lutte de la classe ouvrière ouvre la voie à un monde débarrassé de la boue du passé : exploitation, division, guerre et antagonisme social. Mais cela ne signifie pas que la lutte des travailleurs pour des revendications purement économiques se transformera automatiquement en une véritable émancipation des femmes. Au contraire, il doit s'agir d'une lutte politique consciente. Le mouvement de la classe ouvrière doit reconnaître que sa lutte est une lutte pour l'émancipation humaine, et ce n'est qu'à travers le mouvement de la classe ouvrière qu'il peut y avoir une émancipation humaine. Il doit chasser le chauvinisme de ses propres rangs pour s'unifier, et cela ne peut être remis à plus tard, car c'est inhérent à la tâche historique de notre classe. Il ne peut y avoir d'émancipation des femmes sans émancipation des travailleurs ! Il ne peut y avoir d'émancipation des travailleurs sans émancipation des femmes !

Klasbatalo
Internationalist Workers' Group
Mars 2024
Thursday, March 7, 2024

Mutiny / Mutinerie

Mutiny is the bulletin of Klasbatalo. Mutinerie est le bulletin de Klasbatalo.