FIAT: Manifestation contre les syndicats à Turin

Au cours des manifestations du samedi 16 mai des travailleurs de FIAT pour la défense de leurs emplois et de leur avenir, la colère des travailleurs de Pomigliano et de Nola a explosé. Après une dure lutte ignorée par les medias, ces derniers avaient été déplacés dans un «département marginal» suite à un accord signé entre FIAT et les syndicats (1). La situation a aujourd’hui empiré et l’usine entière de Pomigliano pourrait fermer, résultat de la crise dans le secteur automobile et de l’importante restructuration des opérations de Marchionne et associés. Aujourd’hui, tous les travailleurs de FIAT et ceux de leurs filiales, n’ont aucune garantie d’emploi tout comme dans le futur pour la classe ouvrière italienne et mondiale. Leur emploi à tous est incertain.

Aux cris de «Vendus» et «Les travailleurs doivent avoir le pouvoir», une foule compacte de travailleurs s’est amassée autour du camion du Slai-Cobas (2) déclarant qu’il était maintenant temps pour que les travailleurs et non les bureaucrates prennent la parole à partir de la plateforme devant cette manifestation ouvrière.

En tant qu’ouvriers de Battaglia Comunista, nous avons participé à cette manifestation étant donné sa signification et son importance. Au-delà du camarades - la lutte de classes n’est pas un dîner de gala - nous avons applaudi l’intervention des travailleurs de Nola et de Pomigliano qui nous ont justement rappelé l’internationalisme ouvrier en opposition à la guerre contre les pauvres pour des emplois ce qui sert à piéger les travailleurs d’Italie, d’Allemagne, du Canada et des USA dans une guerre fratricide. Comme le capitalisme est de plus en plus international, la réponse de la classe ouvrière doit l’être également.

Premièrement, il ne doit y avoir aucune division entre les travailleurs des différentes usines de FIAT en Italie. Nous appelons tous les travailleurs - spécialement ceux de Mirafiori - à manifester leur solidarité avec leurs camarades de Nola et de Pomigliano.

De plus, nous devons nous rappeler que ce sont les dirigeants des confédérations syndicales et leurs cousins des syndicats des travailleurs de l’automobile (FIOM) (3) qui ont signé les contrats qui ont détérioré les conditions de vie des différentes catégories d’ouvriers, qui ont négocié de façon désinvolte des contrats de travail, et qui ont divisé et gaspillé l’énergie des travailleurs dans des grèves inutiles annoncées des semaines à l’avance.

Nous devons également nous rappeler que ce sont eux qui ont accepté le vol de nos fonds de pension et qui n’ont rien fait pour éviter l’accroissement du fardeau de travail et l’accélération des cadences qui sont les véritables causes des morts dans les usines et des sacrifiés sur l’autel du profit capitaliste. En résumé, si nous voulons vraiment nous défendre contre les attaques patronales qui ne cessent d’empirer avec la crise, nous devons mettre de côté les bureaucrates syndicaux qui nous contrôlent de connivence avec les patrons parce qu’ils sont les premiers obstacles que rencontrent les travailleurs et les travailleuses en lutte. Il n’est pas important de savoir si l’expulsion des bureaucrates de la scène en face du Lingotto (4) était spontanée ou pas - c’était exactement ce dont nous avions besoin!

Maintenant cependant, les travailleurs de Turin à Pomigliano doivent aller au-delà des syndicats, que ce soit les larges confédérations déjà vendues ou les syndicats de base qui ne sont en fait que des scissions des grosses centrales. Les travailleurs doivent prendre la parole dans les réunions de masse. Ils doivent être les protagonistes de leurs propres luttes. Ils doivent s’unir au-delà des différences syndicales régionales et sectorielles pour combattre les licenciements et les mises à pied. Les travailleurs les moins résignés et les plus combatifs doivent tenter de rejeter le poids mort des syndicats, et par-dessus tout d’unifier ces différentes expériences si de véritables luttes à la base éclatent.

S’il est déjà difficile d’aller en grève à cause des bas salaires, il est également temps pour les travailleurs et les travailleuses de commencer à se poser la question du pouvoir. Les patrons sont inutiles et la production pour satisfaire les véritables besoins de l’humanité se porterait mieux sans eux. Les syndicats sont inutiles puisque les luttes véritables se mènent sans eux. Les travailleurs d’INNSE (5) à Milan ont dirigé l’entreprise qui a fermé ses portes pendant trois mois sans le soutien de leur syndicat (FIOM) et ils ont continué à occuper l’usine contre les attaques patronales et policières; ces travailleurs nous ont montré l’exemple à petite échelle mais héroïquement par leur détermination, celle dont nous avons besoin.

Nous devons également aller plus loin pour se débarrasser de ce système social et économique pourri qui n’a rien à offrir que la faim, la pauvreté et la guerre ici comme partout ailleurs. Mais nous avons besoin d’un parti révolutionnaire pour unir politiquement cet élan des différents secteurs de la classe ouvrière afin d’accomplir cette tâche gigantesque. Un parti qui s’est toujours démarqué du stalinisme et du soi-disant «socialisme réel», peut constituer le guide politique indispensable vers cette société qui sera, enfin, humaine.

Battaglia Comunista, Mai 2009

(1) «Département marginal» est une sorte d’étape vers la mise à pied. Pour l’histoire de cette lutte, consultez Revolutionary Perspectives nos 46 et 47.

(2) Slai-Cobas est un des soi-disant syndicats de base qui ont surgi en Italie dans les années 80. D’abord formés de travailleurs mécontents des syndicats existants, ils ont également succombé au même petit jeu syndical.

(3) La Fédération italienne des ouvriers métallurgistes, à laquelle appartient la plupart des travailleurs de l’auto.

(4) Centre de congrès où était situé un des principaux centres industriels de FIAT. Le Centre directionnel de FIAT y est toujours situé.

(5) INNSE PRESSE est une fabrique de machines à Milan.