Travailleurs italiens et immigrants: Même classe, même combat!

Tract distribué lors de la manifestation antiraciste du 1er mars, 2011 à Parme

Nous traversons une crise inexorable qui entraîne un malaise social profond, marqué par des salaires toujours plus bas et la précarité, laissant tout le monde face à un avenir incertain. C’est là un terrain fertile pour les forces réactionnaires, largement stipendiées par le capital, qui s’activent à propager dans la classe ouvrière l’idée que l’ennemi qu’elle doit combattre est le travailleur immigrant, si elle veut survivre à la crise et à l’agonie sociale qu’elle suscite. L’immigrant, comme le travailleur précaire «blanc», est le premier licencié - ou s’il reste c’est pour être pressé comme un citron ou relégué à la cassa integrazione (1) -et de ce fait, les effets immédiats de la crise l’accablent.

C’est ce climat qui a donné naissance aux lois et aux diverses mesures anti-immigrés votées par les gouvernements de toutes tendances.

La Lega Nord (Ligue du Nord) joue naturellement un rôle important dans ces eaux usées idéologiques. Même si elle reçoit un bon nombre de votes ouvriers, la Lega reste l’expression politique de secteurs de la petite et médiocre bourgeoisie du Nord, qui dans plusieurs petites et moyennes entreprises exploite des milliers de travailleurs immigrants sous-payés ou travaillant au noir, et où ils peuvent être intimidés par la menace de révocation de leurs visas.

Durant la dernière année, Maroni (2) et ses acolytes gouvernementaux ont régurgité des lois avec la férocité de ceux qui craignent de perdre leurs privilèges acquis grâce à l’exploitation et l’oppression. Se cacher est devenu un crime (même pour les bébés naissants), les peines purgées dans les centres de détention ont été augmentées, les dénonciations de masse sont encouragées et l’obtention de permis de séjour est rendue toujours plus difficile. Un emploi «régulier», le seul qui puisse permettre aux travailleurs immigrés d’obtenir un peu de liberté (c'est-à-dire qui leur permet de mieux s’en sortir comparés aux conditions d’esclavage des dizaines de milliers de leurs camarades qui, incertains de leurs statuts, sont réduits à la clandestinité et à l’incertitude), leur est inaccessible.

La recette est bien connue. Obtenir que les moins bien nantis s’identifient, non pas avec leur classe, mais avec le territoire qu’ils habitent. Quelle meilleure mystification peuvent-ils offrir à cette frange du prolétariat qui - après l’effondrement du capitalisme d’État en URSS - n’a plus de foi en une alternative? Ils voient dans le capitalisme la seule réalité «naturelle», et au premier signe de la crise, sont poussés dans les bras de ceux qui murmurent : «Abdul vole ton emploi». Aujourd’hui, très peu d’entre eux conçoivent la «sécurité» comme étant un revenu garanti, un toit et la porte des écoles ouverts à leurs enfants. Et personne n’organise des campagnes de haine aveugle et des patrouilles d’autodéfense contre les patrons, qui pourtant sont quotidiennement responsables de la mortalité au travail de plusieurs prolétaires, y inclus des non Italiens. Et pourtant,aussitôt qu’un immigrant est accusé de quelque chose dans les médias, la colère éclate - jamais contre la classe dominante, mais toujours contre ceux et celles qui triment à la base et qui sont de la même classe sociale.

La crise de l’insécurité sociale provient d’une seule source, le capitalisme. C’est à cause du capitalisme que des millions d’êtres humains, spoliés et appauvris dans leurs pays, prennent la décision d’émigrer et de «bénéficier» d’au moins un peu plus que les miettes et les restes (qui se font de plus en plus rares) du système. C’est la crise mondiale du capitalisme qui a soulevé la tempête de révoltes qui secouent actuellement le Maghreb et le Moyen-Orient. Mais la bourgeoisie nous pousse à jeter un regard rempli de crainte et d’hostilité ouverte sur ceux et celles qui fuient cette situation de pauvreté et d’insécurité sociale profonde. Plutôt que de les mordre comme des chiens, nous, prolétaires italiens, devrions au moins commencer à rager contre les patrons qui nous ont tous enchaîné au même sort.

Toute division entre les travailleurs immigrants et Italiens est dommageable et c’est une erreur de laisser de côté la fraction la plus opprimée de la classe ouvrière. La lutte doit être unifiée, tout comme la classe à laquelle nous appartenons. Mais ne comptons pas sur les syndicats pour la mener…

Pour réaliser cette unité, nous devrons donner vie à une organisation politique de tous les travailleurs et les travailleuses, regroupant les salariés permanents comme les précaires, immigrants et Italiens, qui sont consciemment anticapitalistes. La seule autre alternative est la barbarie.

(1) Mis à pied, mais toujours sur les listes des entreprises avec un «salaire de maintien».

(2) Roberto Maroni, député de la Lega et ministre de l’Intérieur.