Mapei, Kronos - La guerre aux patrons est déclarée!

Il faudra se rappeler de la journée du 22 juillet 2013. Pourquoi? Des membres du Groupe internationaliste ouvrier, des organisations de la gauche radicale, des assemblées autonomes et des individus ont, pour une rare fois, remis en question l’incapacité légale de la classe ouvrière de faire réellement grève. C’est quoi une grève? C’est le fait d’arrêter de travailler, d’arrêter les machines et les services pour protester et revendiquer de meilleures conditions de travail ou, à tout le moins, de les protéger.

Il faudra se rappeler ce 22 juillet 2013, alors que la production s’arrête à l’usine Mapei à Laval. C’est juste ça la grève. La grève, c’est un combat, un affrontement entre la classe ouvrière et les patrons. Qu’est-ce qui empêche les travailleurs et les travailleuses d’arrêter la production ou les services? La loi anti-scabs qui est en fait une législation pro-scabs, les injonctions, les cadres, la menace de la délocalisation, le chantage, les fausses promesses, la police, les arrestations, la négation du droit d’expression et manifestation, les lock-out qui n’arrêtent en rien la production, un syndicalisme complètement intégré et complice du système d’argent, - la liste des armes de la bourgeoisie est impressionnante.

Quelle est notre situation à nous? 90 des 115 travailleurs qu’on crisse dehors à Mapei, 50 décès au Lac Mégantic, 320 travailleurs de Kronos qu’on crisse dehors aussi, une loi spéciale forçant les travailleurs et travailleuses de la construction à retourner au travail, des étudiantEs dont on trahit les revendications, des compressions à l’aide sociale et dans les services de garde… Des morts, des blessés physiquement et psychologiquement, des familles aux prises avec de graves problèmes financiers…et tout cela pourquoi? Il n’y a pas besoin de beaucoup d’explications. La classe capitaliste, avec l’aide de l’État, a tellement besoin de travailleurs et de travailleuses dociles pour maintenir ses profits, qu’elle est en offensive permanente et elle n’hésite même plus à mettre notre vie en danger.

La lutte de Mapei, comme celle de Kronos à Varennes, des travailleurs et travailleuses des concessionnaires automobiles au Saguenay, des marchés d'alimentation en Abitibi, c'est celle de toute la classe ouvrière. Chaque défaite d'une lutte ajoute notre nom sur la liste des futurs sans-emploi, annonce notre prochaine baisse de salaire, assure des cadences de travail infernale et de la précarité. Ces luttes ne doivent pas être isolées. Le reste du prolétariat doit se solidariser activement avec tous ces combats, il faut rejoindre les lignes de piquetages et propager la grève sur nos propres lieux de travail. N’est-il pas le temps de s’organiser autrement? Autrement qu’avec nos syndicats, qui eux non plus n’hésitent plus du tout à rabrouer leurs membres récalcitrantEs; à les trahir? Autrement qu’avec les partis politiques actuels, qui tous veulent maintenir ce système qui nous affame, qui nous exploite de plus en plus et qui nous tue?

Il faut faire respecter nos grèves. Il faut reconquérir le droit d’arrêter l’entreprise de fonctionner. Qu’est-ce qu’on a besoin pour ça? On a besoin de s’organiser pour qu’on nous respecte. On a besoin de comités autonomes de grève indépendants des syndicats, des assemblées générales vraiment souveraines, mais aussi d’une organisation révolutionnaire de la classe ouvrière. Les travailleurs de Kronos, de Mapei et d’ailleurs, s’ils s’entraident dans leurs luttes, s’ils l’étendent, feront un pas véritable dans le sens de gagner!

Voilà ce qu’on doit retenir du 22 juillet 2013.

Daniel Leduc et Maximilien
Monday, October 7, 2013