Nouvelle-Écosse: une amère leçon pour les infirmières

Le 4 avril dernier, les 2400 infirmières de la Nouvelle-Écosse devaient rentrer au travail après une grève de 30 heures sous la pression d'une loi spéciale sur les services essentielles. Une autre loi spéciale, une autre défaite pour le prolétariat canadien.

Pourtant ce scénario nous l'avons vu mille fois. Les lois spéciales n'ont de spéciales que le nom, à tel point elles pleuvent pour écraser tous mouvement de contestation de la part des exploitéEs. Pourquoi aucune ne riposte n'a-t-elle été envisagée ? Cela fait près de trente ans que tout le mouvement de lutte de la classe ouvrière au Canada se heurtent à ce type de lois et aux injonctions ; avec les mêmes résultats désastreux pour nos conditions de vie et notre capacité à lutter. Pourquoi ne sommes-nous pas capable de d'organiser une riposte efficace ?

Si nous n'osons pas défier les lois spéciales et les injonctions c'est, il faut le dire, parce que nos méthodes d'organisation sont inappropriées. En effet, nous restons enlisés dans de syndicats qui nous divisent usines par usines, métiers par métiers, secteurs par secteurs. Comment la centaine d'ouvriers de Mapei pouvaient-ils espérer défier seuls avec succès leurs injonctions si la police et les autres forces étatiques peuvent briser leur rage en quelque heures. Comment les travailleurs et travailleuses de la santé peuvent-ils et elles espérer aller en grève illégale avec le fardeau de l'expérience traumatisante de 1999 toujours présent à l’esprit ?

Tant que nous ne serons pas capables de nous doter de structures communes, d'assemblées générales larges, ouvertes, regroupant les travailleuses et les travailleurs du plus de secteurs possibles, syndiquéEs et non-syndiquéEs, d'organes de luttes qui ne sont pas encadrés par les lois ; tant que l'extension de nos luttes à d'autre secteurs ne sera pas notre priorité, nous serons systématiquement écraséEs.

Les syndicats ne peuvent faire ce travail, partout dans les pays centraux, ils ont été incapables de remporter une lutte d'envergure. Se baser uniquement sur un renouvellement de la combativité syndicale n'est que la meilleure manière de s'assurer de nouveau échecs. La combativité exemplaire des mineurs de charbon britanniques ou asturiens n'a pas suffi, comme elle n'a pas sauvé les travailleurs de l'automobile en France ou les infirmières au Québec. Tant que la classe ouvrière ne se donnera pas des formes d'organisations autonomes, des organes qui lui sont propres, regroupant toutes ses composantes ; tant qu'elle ne se dotera pas de son propre programme politique en opposition à tous les programmes capitalistes (autant celui du PLQ, du PQ que de Québec solidaire), elle ne connaitra que d'amères défaites ou des victoires partielles à l'arrachée qui lui couteront fort chères.

Maximilien
Sunday, May 11, 2014