La contribution allemande au génocide des Arméniens

Pour une société sans États et sans classes!

25 avril 2010, republication : avril 2015 - Traduction de l’allemand en français en tenant compte de la date de republication. Quelques coquilles ouomissions de date ont été corrigées – Ph. B.

«Qui se souvient encore aujourd’hui de l’extermination des Arméniens?» s’interrogeait Hitler quelques jours avant l’invasion allemande de la Pologne au cours d’une conférence, où il annonçait, notamment, des mesures drastiques contre la population civile à l’aide des unités SS tête de mort. Une citation remarquable, qui montre que le génocide arménien était largement connu à l’époque et pour des nationalistes fanatiques comme Hitler il a servi de modèle.

Néanmoins, les événements d’il y a un siècle se voient parfois niés, ou au moins discutés de façon très controversée. Les faits historiques sur le sujet continuent toujours à être l’objet de dénégations en Turquie, les livres d’histoire continuent à être falsifiés et quiconque, un journaliste par exemple, se contente de juste mentionner le génocide encourt de sévères représailles. Très souvent, rien même n’est évoqué, parce que la presse libérale bétonne chaque jour le déni de l’histoire.

En Allemagne, pourtant, il n’y a pas de négation en soi du génocide arménien, mais un silence bien partagé sur le rôle des militaires allemands – pour de bonnes raisons, comme nous le verrons. De façon générale, domine ici une tendance à faire du génocide arménien comme de la Shoah un ‘épisode déplorable de l’histoire’.

C’est Stéphane Courtois qui a fortement popularisé ce détournement des faits, en alignant, délibérément «au petit bonheur», les souffrances humaines, et cela dès l’introduction du Livre noir du communisme :

L’Empire ottoman se livra en effet au génocide des Arméniens et l’Allemagne à celui des Juifs et des Tsiganes. L’Italie de Mussolini massacra les Éthiopiens. Les Tchèques ont du mal à admettre que leur comportement à l’égard des Allemands des Sudètes en 1945-1946 ne fut pas au-dessus de tout soupçon... (1).

Au lieu de souligner l’interconnexion entre le génocide des Juifs et celui des Arméniens ou même de parler de la participation allemande au génocide, on peut sur cette base continuer à placer le «signe égal» sur «toutes les catastrophes de l’humanité».

L’Allemagne et le génocide de 1915 2 En janvier 1916, Karl Liebknecht interpellait le Reichstag : «Dans l’Empire turc allié, la population arménienne a été chassée par centaines de milliers de ses maisons et massacrée», et demandait à être informé sur les conséquences de cette situation.

Et voici la réponse du Dr. Von Stumm, responsable de la Section politique du Ministère des affaires étrangères et Envoyé plénipotentiaire du Kaiser :

Le Chancelier du Reich a eu connaissance que la Sublime Porte, confrontée il y a quelque temps à des tentatives d’insurrection suscitées par nos ennemis, a évacué la population arménienne de certaines contrées de l’Empire turc et lui a assigné d’autres lieux d’habitation. En raison de certaines répercussions de telles mesures, un échange de vues a eu lieu entre les gouvernements allemand et turc. De plus amples détails ne peuvent être divulgués (2).

Au cours de la première guerre mondiale, la Turquie et l’Allemagne étaient alliées. Au moment du génocide, beaucoup d’Allemands séjournaient en Turquie; ils furent témoins oculaires ou rapportèrent les déclarations de témoins. Ils en furent aussi les acteurs. En voici quelques exemples. Les plans d’expulsion pour les Arméniens provenaient du baron Colmar von der Goltz, qui travaillait depuis 1883 comme instructeur et organisateur militaire dans l’Empire ottoman, où il avait rang de maréchal turc seulement connu sous le nom de «Golz Pacha».

Le journaliste allemand Paul Rohrbach avait dès 1913 suggéré la déportation des Arméniens pour trouver une «solution» à la «question arménienne».

En 1913, sous le commandement du général Liman, débarquèrent à Istanbul quelque 800 officiers allemands pour mettre militairement à niveau leur futur allié. Certains d’entre eux ont participé à la planification et à la réalisation des déportations.

Le général allemand Fritz Bronsart von Schelldorf, chef d’état-major général de l’armée de terre ottomane à Istanbul, a justifié, même après la guerre, son activité criminelle contre les Arméniens, écrivant en 1919 :

L’Arménien est comme le Juif, hors de son pays c’est un parasite : il ‘suce’ la santé de son pays de résidence. D’où cette haine quasi médiévale contre eux, peuple indésirable. Elle s’est achevée par leur assassinat.

Les Jeunes-Turcs La révolution jeune-turque de 1908 entraîna l’abdication d’Abdulhamid II et restreignit fortement les droits et pouvoirs du sultanat, sans l’abolir formellement. Sous Abdulhamid, la population arménienne avait enduré les pires pogroms. Des milliers d’Arméniens avaient été assassinés entre 1894 et 1896. À cette époque, l’Empire ottoman reposait en grande partie sur la paysannerie et une énorme armée. Le prolétariat était très réduit, mais il mena, à la faveur de la «révolution», ses premières grandes grèves. La «révolution» était, cependant,

largement portée par des groupes d’officiers. Sur le plan politique, le «Comité Union et Progrès» (CUP) (Itihat ve Terakki cemiyet), fondé dans les années 1890, y avait participé. Le mécontentement et l’opposition des Jeunes-Turcs à Abdulhamid découlaient surtout des défaites militaires, des pertes territoriales, notamment dans les Balkans, mais aussi face à la Russie. L’Empire ottoman avait fait faillite en 1875. La guerre russo-turque de 1877 et 1878 entraîna des pertes territoriales en Arménie et dans les Balkans. Avec la désintégration de l’Empire et l’effondrement économique, la dépendance extérieure, notamment avec l’Allemagne, avait augmenté. En janvier 1909, le CUP l’emporta sur les autres partis de l’opposition à la suite de lourdes défaites dans la guerre des Balkans (3) . Par la vertu du coup d’état, le CUP s’empara de tout le pouvoir [le 23 janvier 1913]. Talaat (4) devint ministre de l’Intérieur, Enver ministre de la Guerre, et Djemal (5) ministre de la Marine. Tous trois formèrent un triumvirat et se maintinrent jusqu’en 1918 au plus haut sommet de l’État.

L’entrée en guerre au côté de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie fut pratiquement l’œuvre du triumvirat, car la base de sa domination sur une population, qui de toute façon lui était à peine acquise, continuait à se rétrécir en raison de famines. La population chrétienne de l’Empire ottoman n’avait de toute façon rien à gagner, si ce n’est persécutions et massacres.

Les espoirs initiaux qu’ils avaient placés dans la révolution jeune-turque s’étaient rapidement évanouis avec les pogroms qui s’étaient déchaînés bien avant 1915 (6).

Le panturquisme s’imposa toujours plus dans le Comité Union et Progrès face à l’osmanlisme traditionnel, qui faisait de l’islam la religion dominante de l’Empire ottoman, tandis que les autres religions subissaient des représailles comme par exemple un impôt extraordinaire. Les non-musulmans furent dispensés du service militaire peu de temps avant le génocide de 1915 et écartés des postes clés de l’appareil d’État. Ainsi, ils restèrent très isolés et dans la mesure où ils n’avaient ni armes ni d’organisation pour se défendre, ils furent livrés sans défense aux pogroms.

Le panturquisme différait de l’osmanlisme en ce qu’il liait hégémonie de l’islam et nation. Le mal, toute la misère et la défaite, c’était la faute des chrétiens : les Grecs, les Arméniens, les Araméens ou Assyro-Chaldéens. La ‘turquicité’ devrait se perpétuer aussi loin que la Chine.

Enver Pacha faisait remarquer en juillet 1915 au chef de la Mission allemande d’Orient, le Dr Lepsius (7) :

Songez que les Turcs sont au nombre de 40 millions. Une fois qu’ils auront été rassemblés dans un unique empire, nous compterons en Asie autant que l’Allemagne en Europe (8).

Dans l’Empire ottoman, vivaient alors environ 15 millions de Turcs ou musulmans (9). Pour unifier cet empire, il fallait «extirper» la souche arménienne, parce qu’ils constituaient un obstacle stratégique à ce projet d’expansion nationaliste. Certes, les pogroms contre les chrétiens dans l’Empire ottoman n’étaient pas rares, mais l’année 1915 dépassa tout ce qu’on avait vu auparavant : dès 1914, en Anatolie occidentale, les premiers pogroms se déchainaient, surtout contre les Grecs. Ces pogroms furent en grande partie l’œuvre des unités spéciales rattachées au ministère de la guerre, les Teskalit i Mahsusa. En 1916, rien que dans cette région, 500.000 personnes environ furent assassinées, des dizaines de milliers expulsées. Le «succès» remporté en Anatolie occidentale encouragea les tueurs de la classe dirigeante à perpétrer également un génocide sur les Arméniens. L’entrée en guerre signifiait que l’on pouvait «tranquillement» tuer des êtres humains. Enfin, on ne devait épargner personne et toutes les victimes devaient être considérées comme des victimes de guerre.

En premier lieu, Enver Pacha (10) donna le 25 février 1915 l’ordre de désarmer les soldats arméniens qui furent regroupés en bataillons de travail. Dans ces bataillons de travail beaucoup périrent ou subirent des exécutions de masse. Le 24 avril, ce sont 600 intellectuels arméniens d’Istanbul qui sont déportés et assassinés. Alors pouvait débuter la «déportation» proprement dite. Tout d’abord, ce sont les hommes provenant de villages qui ont été emmenés, puis ce fut le tour des femmes et des enfants. En général ils ne pouvaient rien emporter. Ils furent regroupés en longues colonnes pour des marches sans fin, au terme desquelles presque toujours c’est la mort qui était au rendez-vous. Turcs, Kurdes, Circassiens, tous ceux qui les croisaient lors de ce périple, les attaquaient, violaient et tuaient. D’autres ont essayé de leur porter secours, ce qui pouvait se traduire pour eux par l’application de la peine de mort. Ces «longues marches» ont pris fin dans le désert syrien ou irakien, où la maladie, la faim et la soif anéantissaient tout être humain.

Dans la gorge de Kemach, près de la ville d’Erzerum, où l’Euphrate entaille profondément les montagnes, les hommes ont été attachés ensemble par groupes de cinq et précipités vers le bas (11). Au printemps, la débâcle a charrié leurs cadavres dans la plaine où ils furent la proie des pitoyables mâtins de village, toujours affamés.

À Trébizonde, seule une partie des Arméniens fut déportée. Le reste a été noyé, en même temps que quelques Grecs. Ils ont été chargés sur des bateaux et emmenés au large. Là, les bateaux ont tout simplement été coulés (12). Les terres, les animaux, les maisons, les boutiques et les biens restants passèrent dans les mains des voisins et des notables musulmans» (13).

Le nombre de victimes du génocide s’élève probablement à 1,5, peut-être même à 2 millions de personnes. Les assassins s’éclipsèrent lors des procès d’Istanbul immédiatement après la guerre. Le montage des procès s’était fait «sous la pression» britannique.

Dans ce contexte, l’Allemagne s’est distinguée en accueillant les meurtriers recherchés. Par exemple, Talaat Pacha, qui vivait en 1921 à Berlin, en citoyen estimé. Il fut plus tard abattu par l’étudiant arménien Salomon Teilirian dont la famille avait été victime du génocide.

Mythes kémalistes et intérêts impérialistes

Mais les Puissances de l’Entente n’avaient aucun véritable intérêt à instruire le génocide. Pour les impérialistes britanniques, il s’agissait juste de prendre la plus grande part du gâteau à l’occasion de l’effondrement de l’Empire ottoman. Pour cela, ils avaient besoin de légitimation. Il en fut de même avec les autres États impérialistes. Leurs intérêts impérialistes délestaient les possédants turcs du fardeau du génocide. Plus tard, avec la proclamation de la République turque en 1923, il ne fut plus question de génocide. Les puissances victorieuses étaient surtout intéressées par une Turquie forte, «rempart contre le communisme». Mais la «lutte de libération» après la guerre mondiale contre les forces d’occupation, menées sous la direction d’Atatürk, s’appuyait précisément sur une fraction importante des unités Teskilat-i Mahusa qui avait co-organisé de manière décisive le génocide. Atatürk lui-même prit soin de les sortir de prison (à supposer qu’ils y soient détenus). Beaucoup de ceux qui s’étaient emparés des possessions arméniennes, appréhendaient le retour des survivants. Voilà pourquoi ils soutinrent avec la plus grande véhémence Atatürk et sa «lutte de libération».

La classe dirigeante turque est extrêmement sensible aux accusations se rapportant au génocide, parce qu’elle fait précisément reposer sa domination sur le mythe de la «lutte de libération». Pour résoudre le génocide appelé Atatürk et sa République, qui est basé sur l’expulsion et l’extermination des autres groupes ethniques, à la question et le kémalisme, la lutte prévaut dans une grande partie de la gauche turque. Comme il a déjà été mentionné, l’historiographie turque ne reconnaît pas le génocide arménien. Écrivains et publicistes turcs recourent dans leur écrasante majorité à différentes «ficelles» argumentaires.

L’argument courant est le suivant : c’était la guerre et il y a eu des morts des deux côtés.

D’autres prétendent que les Arméniens ont été déportés parce qu’ils avaient collaboré pendant la guerre avec la Russie. D’autres encore font le calcul du nombre de Turcs tués sur différents fronts tués et comparent les chiffres. La fable la plus largement usitée est celle qui transforme les victimes en coupables.

Ces dernières années, sur la scène diplomatique, lors des débats qui ont surgi sur le génocide arménien il s’est agi moins de reconnaissance du génocide que de l’obtention de gains politiques territoriaux pour chacun des États nationaux concurrents. Dans ce jeu de cynique de puissance, les représentants des classes dominantes cherchent à interpréter et à exploiter les événements d’il y a un siècle à l’aune de leurs propres intérêts impérialistes.

Le génocide arménien est le résultat de la montée en puissance du nationalisme, une caractéristique de l’époque de l’impérialisme. C’est seulement lorsque la domination de l’impérialisme mondial aura été brisée, que la dictature du capital aura finalement été abolie, que droit et justice seront rendus aux victimes de ce meurtre de masse.

Groupe des Socialistes Internationalistes (Berlin )
Gruppe Internationaler SozialistInnen

(1) Stéphane Courtois et alii, Le Livre Noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Laffont, Paris, 1997, p. 11.

(2) Alsan, F., Bozay, K., u.a.: Die Grauen Wölfe heulen wieder, Münster, 1997, p. 30.

(3) Il y eut cependant en avril 1909 une «contre-révolution» orchestrée par les religieux et des partisans de l’ancien sultan Habdulhamid. Le CUP ne réussit à se maintenir au pouvoir qu’en faisant appel à l’armée de Salonique, alors turque. Les principaux responsables contre-révolutionnaires furent pendus sur les places publiques. L’opposition fut éliminée. [Note éditeur, Ph. B.]

(4) Mehmet Talaat Pacha (1874-1921). Leader du mouvement Jeunes-Turcs il fut aussi le premier Grand-Maître de la franc-maçonnerie turque. En 1915, il donna l’ordre de «tuer tous les hommes, femmes et enfants arméniens sans exception». Les Arméniens l’appellent aujourd’hui le «Hitler turc». Condamné à mort par un tribunal d’Istanbul, il s’était réfugié à Berlin. Le 15 mars 1921, il fut révolvérisé dans la rue par Soghomon Tehlirian, rescapé arménien du génocide, membre de l’opération Némésis («Vengeance»), qui jugé sera acquitté. Les cendres de Talaat, enterré à Berlin, furent transférées en 1943 à Istanbul. L’État turc l’a complètement «blanchi», allant jusqu’à publier ses Mémoires de guerre posthumes, et lui a dédié un mausolée à Istanbul. Un des principaux boulevards d’Ankara, un boulevard d’İzmir et une avenue à Edirne portent toujours son nom. [Note éditeur, Ph. B.]

(5) Ahmed Djemal Pacha (1878-1922) reçut le surnom de Djemal Pacha le Boucher (en arabe : Al Saffâh) dans l’ensemble du Proche et Moyen-Orient arabe, pour sa cruauté et son rôle dans les génocides arménien, araméen et grec-pontique. Il fut assassiné à Tbilissi (Géorgie) en juillet 1922. [Note éditeur, Ph. B.]

(6) Du 14 au 27 avril 1909, pendant la période de Pâques, se déroulèrent les massacres de la Cilicie arménienne, principalement dans le vilayet d’Adana, qui firent près de trente mille victimes. On compte plus de cent mille Arméniens sans-abris et 7 903 orphelins recensés. Les bandes de miliciens turcs, dignes émules des Cent-Noirs tsaristes, furent appuyées militairement par des troupes venues d’Istanbul [Note du traducteur-éditeur (Ph. B.)]

(7) Johannes Lepsius (1858-1926), théologien protestant, orientaliste et humaniste allemand, publia un important travail historique sur le génocide arménien qui l’amena à témoigner en 1921 au procès de Soghomon Tehlirian (cf. infra). Voir aussi (en français), le Rapport secret du Dr Johannes Lepsius sur les massacres d’Arménie : imprescriptible.fr [note éditeur, Ph. B.]

(8) Eberhard Seidel-Pielen, Unsere Türken, Berlin, 1995, p. 51.

(9) Selon les statistiques de 1914, la population totale de l’Empire ottoman s’élevait alors à 18.520.016 habitants. Parmi eux, environ 1,5 million d’Arméniens (chiffre sous-évalué) et 1,8 million de Grecs. [Note éditeur]

(10) Ismaïl Enver Pacha (1881-1922) vivait à Berlin depuis l’automne 1918. En 1908, il fut l’un de trois chefs du prétendu mouvement des Jeunes-Turcs qui se rebella contre le sultan Abdul Hamid et marcha sur Constantinople. Gouverneur de Benghazi (Libye) en 1912, il dirigea le coup d’État du 23 janvier 1913 organisé par le Comité Union et Progrès, qui donnait tout le pouvoir aux Jeunes-Turcs. La défaite ottomane – et par conséquent la chute de l’administration des Jeunes-Turcs en octobre 1918 – provoqua quelques semaines plus tard l’exil d’Enver à Berlin, accusé d’être l’un des principaux responsables du génocide arménien. À Berlin, il rencontra Karl Radek. Le «camarade Thomas», un agent kominternien de Radek, fournit à Enver un avion qui le transporta à la fin de 1919 de Berlin à Moscou, dans le but de renverser Mustafa Kemal installé à la tête du gouvernement provisoire d’Ankara. Les bolcheviks russes en fin de compte choisirent ce qui leur semblait le « bon cheval » : Mustafa Kemal. Enver, qui n’avait jamais été inquiété par l’État russe pour ses prouesses génocidaires, dut s’enfuir en Asie centrale où il contracta des alliances avec les Blancs. Ce qui lui couta la vie prématurément. (Note éditeur, Ph. B.)

(11) L’ambassadeur des USA en Turquie, Henry Morgenthau, déclara qu’à la Gorge de Kemach «des centaines d’enfants furent passés à la baïonnette par les Turcs et jetés dans l’Euphrate» (note éditeur, Ph. B.).

(12) La «technique» de Trébizonde fut réactualisée par Mustafa Kemal, en 1921, lorsqu’il eut décidé de liquider les chefs communistes turcs. Le chef du PCT Mustafa Suphi et d’autres militants du Parti à Bakou avaient décidé de revenir en Turquie, qui était encore alliée de la Russie bolchevique. Mustafa Kemal n’avait aucune intention de permettre l’arrivée de communistes, liés à une Russie, proche de l’Arménie. C’est dans le même port de Trébizonde que Mustafa Suphi et les 14 militants qui l’accompagnaient furent massacrés le 28 janvier pour être ensuite jetés dans la mer Noire. Voir l’étude de Loren Goldner : “Socialism in One Country” Before Stalin, and the Origins of Reactionary “Anti-Imperialism”: The case of Turkey 1917-1925 : left- dis.nl/uk/turkcom.pdf [Note éditeur]

(13) Aslan, F., Bozay K. u.a.: Die Grauen Wölfe heulen wieder, Münster 1997, p. 32.

Tuesday, May 5, 2015