Ils ont raison d’avoir peur de nous

En faisant donner sa police au petit matin pour arrêter des militants ouvriers et syndicaux comme des mafieux et en en donnant la plus grande publicité médiatique, le gouvernement espère avoir fait une démonstration de force et décourager toute velléité de résistances aux attaques anti-ouvrières.

Bien au contraire, il ne fait ainsi que montrer la peur qu’il a, au fond, que tous les mécontentements, la rage et les frustrations accumulées ne lui explosent au visage. Si quelqu’un avait encore des doutes sur le fait que ce gouvernement ne fait que défendre les intérêts du capital, il trouvera dans l’attitude de Valls de quoi les effacer.

Alors que tous les gouvernements européens prennent des mesures drastiques pour mener à bien ce qu’ils appellent des « réformes » pour faire payer au prolétariat la remise en cause de la hiérarchie mondiale des nations bourgeoises du fait de la montée en puissance de nouveaux concurrents (et qui revient à accroître l’exploitation de la classe ouvrière) le gouvernement français opère, lui, de façon sournoise et détournée.

La classe ouvrière allemande a eu droit au programme Hartz4 du social-démocrate Schröder dès le début des années 2000 ; l’anglaise a subi les attaques de Blair dont Cameron est le digne rejeton, qui, encore tout récemment a inscrit des limites au droit de grève ; l’italien Renzi, social-démocrate a imposé le job acts et les conservateurs grecs et espagnols ont imposé des cures d’austérité draconiennes poursuivies aujourd’hui par Syriza en Grèce et demain par Podemos en Espagne. Partout, en plus des mesures économiques, une répression féroce s’abat sur les travailleurs et des lois liberticides restreignent le droit de manifestation, le droit de grève, tous ces éléments conquis de haute lutte par le mouvement ouvrier international et toujours plus rognés et remis en cause

Alors pourquoi le gouvernement Hollande-Valls est-il obligé de louvoyer, de créer des lois fleuves incompréhensibles (la loi Macron) pour y enclore précieusement des éléments clés visant à détruire le code du travail ? pourquoi ne remet-il pas en cause frontalement les 35 heures et les lois sur le temps de travail, préférant les grignoter à coup d’autorisations de travail du dimanche ou en donnant plus de latitude aux entreprises pour négocier le temps de travail et les salaires (volet flexibilité de loi ANI) ?

La réponse, c’est… Nicolas Sarkozy qui l’avait donné dans une interview au Monde en 2009 "la France n'est pas le pays le plus simple à gouverner du monde". Il rappelle que "les Français ont guillotiné le roi", qu'"au nom d'une mesure symbolique, ils peuvent renverser le pays". Il parle de la France comme d'un "pays régicide". La tradition révolutionnaire de la France, de la révolution française à mai 68 (dernier phénomène dont ont été contemporains tous les plus anciens du personnel politique et qui les a traumatisés) voilà ce qui fait peur à la bourgeoisie.

Oui, tous ces dirigeants, les patrons et leurs fidèles commis de l’Etat, tous partis confondus ont une trouille bleue de la colère ouvrière. Qu’une bousculade à la sortie d’un CCE occasionne les réactions que l’on a vues en dit long sur le degré d’inquiétude du pouvoir.

Or, depuis 20 ans, notre classe a accumulé défaite sur défaite, parce qu’elle ne connait pas assez sa force, ni sa capacité à se mobiliser. De manifestations promenades à l’immobilisme des intersyndicales (retraites 2010), en passant par les « journées d’action » bidon, c’est un immense découragement, un sentiment de résignation qui a frappé la classe ouvrière. C’est en reprenant confiance dans nos capacités d’organisation, à la base, dans des comités de lutte, des assemblées générales souveraines, et surtout en élargissant les luttes à toutes les catégories d’une même entreprise, aux sous-traitants, aux entreprises du même secteur et des autres secteurs que l’on arrivera à une mobilisation capable de faire reculer le pouvoir, sur ses intentions de « réforme » et sur la répression comme celle qui frappe les 5 d’Air France après de nombreux autres exemples (Continental, Goodyear…)

Seule une mobilisation massive, interprofessionnelle, inter-boites, avec des manifestations communes, une organisation qui nous soit propre, des réseaux de discussion et de communications entre boites en grèves, comités de luttes, initiatives dans les quartiers nous rendra forts.

Non à la répression contre le mouvement ouvrier ! Arrêt immédiat de toutes poursuites et sanctions contre les 5 d’Air France et tous les travailleurs poursuivis pour avoir lutté ! Réintégration de tous les travailleurs licenciés pour faits de grève ou de révolte ouvrière !

Comité interprofessionnel Paris-Est, 2 décembre 2015
Monday, November 9, 2015