Taux de chomage

Plus grand est le mensonge...

L’État capitaliste et ses sbires n’ont de cesse de nous rappeler ses prétendus succès réalisés dans la lutte au chômage. “De moins en moins de chômage! Vers le plein emploi...” Matraqués par de constantes révélations sur de “bonnes nouvelles économiques”, les prolétaires se demandent souvent où diable se terrent ces heureux bénéficiaires de la manne si souvent annoncée. Comment l’économie peut-elle aller si bien alors que l’on voit la pauvreté croître partout dans nos quartiers? Comment le taux de chômage peut-il être aussi peu élevé lorsque l’ouvrage se fait si rare? Des statistiques rapportés il n’y a pas si longtemps pour une région du Nord du Québec, l’Abitibi-Témiscamingue (région dont l’économie est principalement basée sur l’extraction et la transformation primaire de ressources naturelles), nous donne une bonne idée de la crédibilité des prétentions bourgeoises en matière de statistiques.

L’Abitibi-Témiscamingue compte 153 905 personnes selon Statistique-Canada et 157 966 selon le gouvernement québécois. Or, dans une entrevue accordée à un hebdomadaire régional (1), un parole-parole de la Société canadienne d’hypothèque et de logement prétend que de septembre 1997 à septembre 1998, près de 4 800 emplois ont été perdus dans la région.

Ce chiffre est grosso modo confirmé par les données de Statistique-Canada pour sensiblement la même période.

De 79 100 qu’elle était en novembre 1997, la “population active” (2) avait reculé à 74 000 en novembre 1998; ce qui est un chiffre énorme pour un territoire où resident moins de 160 000 habitants.

Abracadabra!

Mais, par la magie de la prestidigitation bourgeoise, l’État annonçait que pendant la dite période et pour la même région, le nombre de chômeurs et de chômeuses avait diminué! Comment une région peut-elle perdre tant d’emplois tout en gardant le même niveau de population et se targuer d’avoir moins de sans-emploi? Intervention divine ou merveille de la science bourgeoise? On trouve la réponse dans la méthode “scientifique” utilisée par la plupart des États (dont le Canada) pour déterminer le taux de chômage. En effet, le Canada exclut des rangs des chômeurs et chômeuses tous les sans-emploi “désirant travailler mais ne cherchant pas d’emploi parce qu’ils sont convaincus qu’ils n’en trouveront pas.” Grâce à de tels méthodes la bourgeoisie arrive à exclure artificiellement, par centaines de milliers, des hommes et de femmes des rôles du chômage. Ainsi, selon une étude du Bureau of Labor Statistics des États-Unis cité dans un article du Monde diplomatique de décembre 1993, le Japon pouvait prétendre que son taux de chômage était de 2,2% en 1989 alors qu’il était réellement de 7,2%! Ce n’était pas là un cas isolé puisqu’avec une telle méthode tronquée et pour la même année, l’Italie prétendait souffrir d’un taux de chômage de 7,8% plutôt que le chiffre réel de 15,8% et les États-Unis un taux de 5,3% plutôt que 7,9%...

Les prétendus progrès du capitalisme dans sa lutte au chômage ne sont que poudre lancé aux yeux du prolétariat pour continuer de nous aveugler. De plus en plus, le capitalisme s’avère incapable d’utiliser correctement les forces productives modernes, en particulier la principale force productive: la classe ouvrière. Reste-à-nous de signifier son congé à cette classe inutile et parasitaire.

(1) La Frontière, 23 décembre 1998.

(2) La définition de Statistique-Canada exclut de la “population active” les chômeurs et les chômeuses découragé-e-s. Avec de pareilles pertes d’emplois, on peut légitimement présumer qu’ils devaient y en avoir plusieurs!