Vers une nouvelle Internationale

Introduction

En mai 1999, les membres de Notes Internationalistes / Internationalist Notes (Canada) ont décidé de voter et de faire connaître une motion exprimant notre solidarité politique avec le Bureau International pour le Parti Révolutionnaire (BIPR).

Cette décision était motivé par la proximité de nos positions avec celles de cette tendance existant déjà au sein du champ politique prolétarien.

Elle se basait aussi sur notre conception internationaliste du travail révolutionnaire. Contrairement aux falsifications sociaux-démocrates, staliniennes ou maoistes, les communistes internationalistes ne soutiennent pas l'absurde théorie chauvine du "socialisme dans un seul pays". Nous faisons nôtre la position d'Engels qui, dès 1847, écrivait dans les "Principes du communisme":

La révolution communiste (...) ne sera pas une révolution purement nationale.

Cette position a été reprise par la suite dans les Statuts de la l'Association Internationale des Travailleurs (la 1ère Internationale) où Marx écrira dès 1864:

l'émancipation du travail est un problème qui n'est ni local, ni national, mais social, embrassant tous les pays dans lesquels existent la société moderne...

À problème international donc, une solution et des outils internationaux.

Or, après une première année de correspondance et de travail conjoint, nous sommes à même de rendre compte, comme nous l'avions promis dans notre numéro précédent, des résultats de nos efforts.

Au printemps 2000, une première Conférence nord-américaine de groupes sympathisants du BIPR s'est tenue à Montréal. Elle a réuni pendant quelques jours, des délégations du Los Angeles Workers Voice, d'Internationalist Notes (USA) et de Notes Internationalistes (Canada) ainsi qu'une délégation du BIPR composée de camarades de la Communist Workers Organisation de Grande-Bretagne et du Partito Comunista Internazionalista (Battaglia Comunista) d'Italie. Cette rencontre a été fructueuse. Durant la même période, des rencontres bilatérales positives ont eu lieu entre le BIPR et le Circolo Comunista Internationalista de Colombie ainsi que Payke Anternasionalisty de la diaspora iranienne.

De plus, un noyau de camarades français en solidarité politique avec le BIPR a aussi été constitué depuis.

Nous publions donc ci-dessous, un communiqué du BIPR témoignant de ces développements heureux. De plus, nous republions le contenu intégral de la déclaration du 1er Mai du BIPR et de ses groupes associés (texte que nous avons déjà diffusé à plus de mille exemplaires au Canada) dans le but de faire connaître dans leurs grandes lignes les bases politiques de notre regroupement.

À travers le monde, quelque chose s'est mis à bouger

Un renforcement du BIPR en Amérique du Nord Le naufrage du stalinisme et la tempête engendrée par la crise du capitalisme créent de nouvelles forces révolutionnaires. En Amérique du Nord et ailleurs cela a permis l'émergence de noyaux solides soutenant le Bureau International.

D'un point de vue "superstructurel" ou subjectif, une nouvelle situation mondiale apparaît déjà. Elle est de toute évidence le produit d'une transformation objective, matérielle du monde qui se résume à deux grands phénomènes:

  1. L'implosion de l'Empire soviétique, présentée par la bourgeoisie et ses larbins, tant de gauche comme de droite, comme la "fin du communisme".
  2. La réponse du capitalisme à la crise qui l'agrippe depuis plus de 25 ans. Il s'ensuivit une révolution technologique et organisationnelle et une altération conséquente de la composition de classe ainsi qu'une "financièrisation" de l'économie.

Ces phénomènes ont rendu caduques les modèles staliniens, trotskistes et sociaux-démocrates qui prétendaient qu'en URSS existait le "socialisme réel" ou qu'une pratique capitaliste d'État constituait un pas vers le "socialisme". La confusion et la désorganisation caractérisent maintenant ceux et celles qui ont emprunté les vieux modèles gauchistes.

Aujourd'hui les ex-staliniens sont devenus des démocrates et les sociaux-démocrates, indiscernables des conservateurs. Et à mesure que la social-démocratie se range à droite, les trotskistes se sont enfoncés davantage dans le territoire réformiste que cette dernière a abandonné.

Même si les trotskistes conservent parfois le mot "révolutionnaire", ce n'est qu'une couverture pour masquer leur programme capitaliste d'État.

Près de 80 années après l'échec de la vague révolutionnaire qui suivit la Première Guerre mondiale, la Gauche communiste qui joua un rôle si important dans ce mouvement de classe, reste marginale. La raison en est que nous ne nous sommes pas départis des principes du marxisme révolutionnaire au nom de tel ou tel expédient. Mais aujourd'hui, cette marginalisation commence à s'atténuer. Plusieurs nouvelles forces politiques surgissent. Certaines, dans le but de s'accrocher aux derniers vestiges de leur ancien capitalisme d'État, nous paient le compliment équivoque de voler des parties du programme que nous avons défendu à travers la longue période de contre-révolution. D'autres arrivent cependant sur la scène, en reconnaissant que seule une rupture complète avec leur passé gauchiste, peut leur permettre de réellement prendre part à la lutte pour l'émancipation prolétarienne. Certaines de ces forces se tournent maintenant vers le Bureau International pour le Parti Révolutionnaire.

Le Bureau International fut fondé il y a seize ans, par la Communist Workers Organisation (G.B.) et le Parti communiste internationaliste (Battaglia Comunista) d'Italie. Il fut le résultat d'un processus de décantation effectué au travers les Conférences internationales organisées par Battaglia Comunista de 1977 à 1980. Nous devons souligner que le BIPR ne prétend pas être le parti, mais que nous travaillons à sa création future. Si elle veut se libérer du joug du capitalisme, la classe ouvrière a autant besoin de ses organisations de classe unitaires (les conseils), que du regroupement centralisé de ses éléments les plus conscients à l'échelle internationale (le parti). Ce parti international ne sera pas que le résultat d'une simple volonté, mais surgira de la combativité croissante du prolétariat au niveau mondial. Cela dit, nous reconnaissons que le Parti international du prolétariat ne peut pas être un produit de dernière minute. Le Bureau existe donc dans le but de fournir un point de ralliement international à tous les éléments qui s'assemblent pour combattre le capitalisme. Il ne s'agit pas ici de créer des clones d'organisations existantes, ni même d'encourager une simple adhésion formelle à une plate-forme politique. Nous voulons promouvoir le développement d'organisations enracinées dans la vie de notre classe et fournir une structure et une plate-forme avec lesquelles elles pourront entreprendre le processus de centralisation internationale. Aux forces nouvelles qui émergeront inévitablement de la lutte des classes, nous offrons l'héritage de la Gauche communiste du point de vue de la compréhension programmatique et la méthode marxiste révolutionnaire. Nous ne fermons pas artificiellement le processus de développement du parti international, en nous auto-proclamant le seul vrai parti à la manière des bordiguistes, mais restons ouvert aux diverses situations que le futur nous réserve.

Le Bureau a depuis quelques années des éléments sympathisants en Amérique du Nord. Dans une conférence tenue le printemps dernier au Canada, nous avons formellement reconnu Notes Internationalistes / Internationalist Notes du Canada et Internationalist Notes des États-Unis, comme publications sympathisantes du Bureau. La même conférence a amendé les statuts du Bureau et a établi un plan de travail pour l'Amérique du Nord, la Grande-Bretagne et l'Italie. Celui-ci comprend, outre des déclarations conjointes sur des questions d'intérêt international, des projets de publication, de traduction et d'éducation. L'objectif, est d'établir un fonctionnement par lequel les adhérents du Bureau travailleront plus étroitement autant théoriquement que pratiquement. On espère de plus transformer les actuels noyaux nord-américains en organisations vivantes et agissantes dans les luttes de classes de cette zone. La conférence a aussi approuvé la plate-forme du Bureau et a élu un camarade nord-américain au comité de rédaction de notre organe centrale: "Internationalist Communist" Depuis ce temps, d'autres noyaux comme Payke Anternasionalisty (de la diaspora iranienne) et le Circolo Comunista Internacionalista de Colombie ont annoncé leur accord avec la plate-forme du Bureau et ont signé notre déclaration du 1er mai 2000. Sans tomber dans des fanfaronnades ridicules exagérant l'importance des forces appuyant présentement le Bureau, il est clair que cette nouvelle croissance du BIPR reflète qu'il se passe quelque chose dans la classe ouvrière, tant au niveau matériel qu'idéologique.

Cela démontre que malgré des notices nécrologiques prématurées, la seule classe internationale qui soit réellement "anti-capitaliste" n'a pas disparu. Le but principal du BIPR est de contribuer à restaurer au sein de la classe ouvrière internationale la perspective que le seul anti-capitalisme véritable est le communisme international.

BIPR Mai 2000