Élections du 8 décembre - Une arme de distraction massive

Éditorial

Moins de deux mois après avoir été conviés à participer aux élections fédérales le 14 octobre dernier, les québécois se retrouvent convoqués encore une fois au même exercice, cette fois sur la scène provinciale. Ces deux élections précipitées, avant terme, des gouvernements en exercice, démontrent toute la nervosité des dirigeants quant au sérieux de la crise qui ébranle aujourd’hui le mode de production capitaliste mondial et jusqu’à quel point ils en appréhendent les effets.

En effet, la crise financière dont tout le monde commence à ressentir les contrecoups s’attaque maintenant à l’économie dans toutes les sphères. Cette crise n’est pas que conjoncturelle, elle s’attaque à tout le mécanisme de direction du processus d’accumulation du capital à l’échelle mondiale. Elle ouvre une période encore plus dangereuse que jamais en terme de développement de nouvelles guerres, car à l’époque de l’impérialisme, la seule façon pour le capitalisme de relancer son cycle d’accumulation est de se tourner vers de nouveaux conflits, vers de nouveaux massacres.

Et comme d’habitude, ce sont les travailleurs et les travailleuses qui devront assumer les frais de la crise, par des mises à pied, un coût de vie plus élevé, des conditions de travail plus difficiles, des baisses de salaire, la réduction des retraites et des attaques aux programmes sociaux. Ce sont par centaines que les entreprises canadiennes prévoient réduire leurs budgets pour les salaires lors de l’année 2009. Les mises à pied ont déjà commencé à frapper à l’usine AbitibiBowater de Donnacona, chez ArcellorMittal à Contrecoeur, chez Temcell au Témiscamingue et à Matane, chez Tembec en Abitibi, chez Nortel, chez Magna International et chez GM et la liste ne fait que s’allonger. Les retraités ressentent déjà des pertes d’économies importantes. Et les campagnes contre les personnes assistées sociales et pour diverses privatisations recommencent de plus belle.

Pourtant, tout le long de cette campagne, où le vote nous sera présenté comme un devoir incontournable, le choix qui ne sera pas présenté par aucun des partis en liste (y compris Québec Solidaire) est le choix de se débarrasser enfin du système d’exploitation affameur, menaçant et sanglant qu’est le capitalisme. Pas un seul parti ne parlera de la seule vraie alternative à la situation actuelle et son pourrissement : un monde sans classes sociales, sans argent, sans frontières, sans États, sans armées et sans guerres; un monde où la production sera déterminée par l’usage social nécessaire et non par le quête de profits d’une petite minorité d’exploiteurs, qui mettent en cause la survie même de notre espèce. Ce monde, où les décisions seront prises directement par les travailleurs et les travailleuses, nous l’appelons le communisme. Il n’a rien à voir avec les diverses dictatures capitalistes d’États, staliniennes ou maoïstes, qui ont abusé ou qui abusent encore son nom et son espoir.

En invitant les travailleurs et les travailleuses à prendre leur responsabilité de «citoyens», de prendre le chemin de l’isoloir, c’est-à-dire de l’isolement et des faux choix individuels, la classe dominante est tout à fait consciente des enjeux. Elle sait toute l’importance de conférer la plus grande légitimité possible à son crétinisme parlementaire. Elle espère encore tromper notre classe.

Ce n’est pas le chemin de l’isoloir que la classe ouvrière doit reprendre, mais celui de la reprise des luttes, de plus en plus frontales avec le capitalisme lui-même. Aux élections de mars 2007, le taux de participation aux élections provinciales a été de 71,3% alors qu’une dizaine d’années auparavant, il se situait plutôt autour de 80%. Le 14 octobre dernier, la participation chutait à un creux historique de 59,1%. Cette abstention reflète un réel ressentiment et un manque de confiance en relation avec une des institutions principales du capitalisme. Le nôtre est plus qu’un seul et simple appel à l’abstention le 8 décembre. C’est un appel à étendre et approfondir la rupture de plus en plus consciente avec le système d’exploitation à tous les niveaux et avec toutes ses institutions. C’est là tout le sens de notre intervention très active pendant la campagne actuelle. Notre message aux travailleurs et aux travailleuses est clair : Pas un seul des partis en liste ne mérite notre appui! Pas un seul vote pour le capitalisme! Ne nous laissons pas tromper. Face à l’offensive de la bourgeoisie, contre-offensive prolétarienne! Il faut que la classe ouvrière se dote de ses propres organisations le plus rapidement possible, notamment le parti de classe qui nous fait si cruellement défaut.

Le Groupe Internationaliste Ouvrier