2010. Pire que 1929!

La crise économique du capitalisme s’approfondit. Le prolétariat va, une nouvelle fois, en payer les conséquences.

Comme jamais la bourgeoisie n’a joué de tous ses pouvoirs idéologiques, des médias ainsi que de toutes ses officines «scientifiques» et surtout sans aucune discordance entre ses différentes fractions. C’est ainsi que nous avons été matraqués par ses «informations» à sensation et ses «gadgets» futiles mais drôlement utiles pour occuper le terrain et pour masquer la réalité et l’ampleur de la crise économique. Et en cela on se demande si elle n’est pas arrivée à s’auto mystifier en nous racontant, ces derniers mois, que la crise était «derrière nous».

L’affolement qui a suivi la crise de liquidité de Dubaï en est le signe et l’exemple le plus tangible que tout cela est faux et de la réalité de la crise économique historique qui secoue le capitalisme tout entier. Au contraire, la crise s’aggrave.

En effet, la dette de Dubaï World s'élevait à 59 milliards de dollars (39 milliards d'euros) en août dernier, ce qui représente la majeure partie des 80 milliards de dette de l'émirat. Une misère par rapport aux sommes déjà avancées par les Etats capitalistes pour soutenir leurs banques.

D’autant plus que l'exposition des banques internationales pour Dubaï World s'élèverait uniquement à 12 milliards de dollars au titre de prêts selon les sources bancaires de Thomson Reuters LPC.

Mais la réalité est plus dure pour le capitalisme car ces chiffres sont à comparer aux 2.800 milliards de dollars de dépréciations que les banques européennes et américaines vont devoir encore passer entre 2007 et 2010 au titre de la crise financière, selon les calculs du Fonds monétaire international.

Les événements à Dubaï ces derniers jours sont l'un de ces soubresauts, l'un de ces problèmes, qui confirme que nous avions raison d'insister sur les incertitudes qui nous attendent et sur le fait que la route risque d'être cahoteuse

a déclaré Athanasios Orphanides, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne. Or, l’on sait maintenant que des Etats importants en Europe risquent aussi de se retrouver en faillite: la Grèce et peut être l’Espagne, le Portugal, etc… On nous avait dit les Etats du Golfe étaient solide du fait du pétrole. Qu’en est-il de toutes ces fanfaronnades? A la différence des établissements bancaires européens et asiatiques, les banques de la région du Golfe sont nombreuses à s'être impliquées dans le développement de Dubaï World. Abu Dhabi Commercial Bank est ainsi exposée à hauteur d'au moins huit à neuf milliards de dirhams (entre 1,45 et 1,64 milliard d'euros) à Dubaï World ou à ses branches, ce qui obligera la banque à passer de nouvelles provisions, a déclaré vendredi un de ses responsables. First Gulf Bank est exposée à hauteur d'au moins cinq milliards de dirhams.

Mais tout cela se paie cash parmi ses milieux affairistes et peu amicaux ou «frères» quand il s’agit de gros sous.

C’est ainsi que sur le marché des dérivés de crédit, le coût de la garantie de la dette du Golfe a encore bondi vendredi.

Les credit default swaps (CDS) de Dubaï ont progressé de plus de 100 points de base, tout en restant très en deçà des records touchés au coeur de la crise fin 2008-début 2009.

Quand on a plus confiance dans une action, les intérêts bondissent (ne nous a-t-on pas rappelé, ces derniers temps, que le taux usuraire n’existait pas dans la «finance et la banque islamique»?) et les remboursements sont plus lourds.

Les médias des émirats ont très peu parlé vendredi de cet événement ou alors en choisissant un angle positif. Le journal financier Alrroya Aleqtissadiya titrait en "une":

les marchés européens sur-réagissent à l'annonce de Dubaï sur la dette.

Que ces choses là sont bien dites quand l’on veut nous mystifier ou se mystifier soi-même? Oui, la crise historique du capitalisme est bien là, elle s’aggrave et toutes les circonvolutions des médias n’y changeront rien. Le prolétariat va d’ailleurs être celui qui sera le plus touché en 2010

Mais tous les stratagèmes pour chloroformer la conscience des ouvriers n’y feront rien

Les grandes peurs millénaristes et obscurantistes du Moyen age seraient-elles de retour? Dans ce domaine la bourgeoisie a en magasin plusieurs instruments: la grippe, la crise écologique et le réchauffement de la planète après le terrorisme… Nous vivons une époque extraordinaire, où la méthode Coué a été instaurée comme, comme outil de gouvernance international (en matière économique) et la grippe H1N1 est-elle le dernier rempart pour sauvegarder la paix sociale pendant la tempête économique? Ainsi la grippe H1N1 tombe-t-elle à pic? Les grandes peurs - de la technologie, de l’étranger, du terroriste, de la maladie... - se multiplient, parfois attisées par qui y trouve son compte. Car, des services de sécurité à l’industrie pharmaceutique, l’anxiété est un marché. Au fond, la panique suscitée par la grippe tend une perche aux Etats capitalistes où s’agitent les intérêts et les fantasmes d’une régression obscurantisto-religieuse.

Il ne s’agit pas de nier la réalité des problèmes qui assaillent la société après le sida a tué vingt-cinq millions de personnes depuis 1983 (dont les deux tiers en Afrique subsaharienne) de nouveaux fléaux frappent la société capitaliste. Mais en regard à ce dernier fléau, deux cent quatorze morts depuis 1996 de la variante humaine de l’ESB (1) (dont cent soixante-huit au Royaume-Uni). Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a fait, lui, neuf cent seize victimes entre 2003 et 2009 (la quasi-totalité en Asie du Sud-Est) et la grippe aviaire (H5N1) ne comptait, fin 2008, que deux cent quarante-huit cas fatals, dont 80% en Asie du Sud-Est.

Quant à la grippe A, désormais répandue sur la planète - issue de «médiation» porcine, comme toutes les grippes pandémiques du passé - , on ne lui attribue «que» mille deux cent cinquante décès (sans certitude) au bout de huit mois (fin novembre 2009), soit nettement moins que le taux moyen d’une grippe saisonnière (trois cent mille décès annuels dans le monde).

De même, avec les questions écologiques la bourgeoisie tente de faire croire à la classe ouvrière que tout le monde est dans le même bateau et que sur ces questions nous devons être tous unis. C’est un véritable problème mais qui ne peut se résoudre qu’après la transformation de la société capitaliste et de ses lois économiques.

Janvier 2010

(1) Proche de la maladie de Creutzfeldt Jacob.